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Les héritiers

Publié le 22 avril 2010 par Malesherbes

Je parais quitter le domaine des impôts que j’abordais il y a quelques jours mais c’est en fait pour mieux y revenir. On voit parfois des affichettes avec cette injonction que ces auteurs considèrent sans doute comme tout à fait naturelle : « si vous n’aimez pas la France, quittez- la ! ». Soit ? Mais qu’est-ce donc qu’aimer la France ? Est-ce lui porter l'amour destiné à une mère nourricière ou bien la chérir comme un enfant, pour lequel la plupart d’entre nous sont prêts à faire le sacrifice de leur vie?

En fait, on rencontre chez certains de ceux que M. Longuet qualifie de Français traditionnels l'idée que ce pays a été construit par leurs ancêtres et qu'il n'y a donc aucune raison de le partager avec de nouveaux venus. Je pense que l'arbre généalogique de la plupart d'entre nous recèle, que ce soit récent ou éloigné dans le temps, des ancêtres non autochtones. Quoi qu'il en soit, il est plusieurs sortes d'héritiers, certains font fructifier leur patrimoine, d'autres le dilapident.

Comment nos prédécesseurs ont-ils su développer la France et en faire ce pays dont nous sommes si fiers ? Eh bien, à force de sacrifices. Des millions d'entre eux, et certains au siècle dernier, sont allés jusqu'à lui donner leur vie. Les autres l’ont façonné par leur travail. Ils ont entretenu un Etat, des communes, qui ont doté le pays d’infrastructures (routes, canaux, voies ferrées, ports, gares), de bâtiments (écoles, lieux de culte, tribunaux, casernes, prisons, stades, piscines, musées, monuments) et de nombreux autres équipements qu’il serait trop long d’énumérer.

Il a fallu bien sûr financer tous ces investissements. Dans une collectivité nationale, il n’y a pour le faire guère d’autre moyen que l’impôt. Certains de nos aïeux ont dû donner leur sang. De nos jours,  celui-ci a été remplacé par de ll'argent mais c’est une des formes que revêt l’amour de la France. Certes, pour que l’impôt soit acceptable, il convient que la charge en soit judicieusement répartie. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, où, tandis que le bouclier fiscal protège les plus fortunés, on n’hésite pas à frapper les plus faibles en allant jusqu’à taxer de cinquante centimes d’euro chaque boîte de médicaments. Mais le retour à la démocratie est possible, il suffit de ne pas se laisser prendre aux mensonges du bateleur frappé de psittacisme et encore pour deux ans à la tête de cette pauvre France.

Les banques et officines qui appâtent le chaland avec le mot magique de défiscalisation entretiennent des mirages. Si elles permettent de diminuer l’impôt, elles génèrent rarement des économies. Mais elles contribuent à forger l’idée que l’impôt est un mal et que chercher à l’éviter autant que possible est une démarche saine. En réalité, il s’agit d’une manœuvre égoïste qui retranche ceux qui la mettent en œuvre de la collectivité nationale, qui en font des héritiers charognards.


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