Le Mouvement des entrepreneurs sociaux, entre mecs ?

En février 2010 s'est créé le Mouvement des entrepreneurs sociaux (MouvES), dont le but est de regrouper les entrepreneurs qui pensent que leur activité peut être utile à la société (pour résumer grossièrement). Cette création fait débat au sein du milieu de l'économie sociale et solidaire (ESS). Car bizarrement, tous ne pensent pas comme moi qu'il s'agit là de l'évènement le plus existant dans l'ESS depuis longtemps (à part la création de l'Atelier bien sûr !).

Un point négatif pourtant. Est-il dû à mon esprit habitué de Vert, parti où l'on cherche la parité à tous les niveaux de prise de décision ?^[1] Je n'en sais rien. Toujours est-il qu'à la vue de la composition du CA et du bureau, j'ai bondi. 3 femmes sur 19 membres du CA, 1 femme sur 6 membre du bureau et 0 vice-présidente.

La honte.

Ça nous fait 15 % de femmes dans l'instance décisionnaire, moins qu'à l'Assemblée nationale et au Sénat. Moitié moins que les 30 % de femmes créatrices d'entreprise (chiffres Insee 2006). Selon l'Atlas de l'ESS, les femmes représentent 65,5 % des effectifs salariés. Toujours selon ce même Atlas, les femmes représentent 53,8 % des "cadres, professions intellectuelles et chefs d'entreprises".

Si les recommandations du Medef et de l'Afep sont suivies d'effets, avec la loi comme lièvre de toute façon, d'ici 3 ans il y aura un minimum de 20 % de femmes dans les CA. L'entrepreneuriat social peut-il se permettre de ne pas être exemplaire sur un tel sujet et dépassé par l'économie qui tâche et qui pollue ?

Évidemment, les messieurs siégeant à ce nouveau conseil d'administration du MouvES ont des titres prestigieux, sans doute sont-ils même irremplaçables. Mais qu'on n'aille pas me faire croire qu'il n'existait aucune femme dans l'économie sociale et solidaire, ni dans l'entrepreneuriat social, pour siéger au sein de ce CA. Les chiffres que j'ai cités plus haut montrent que les compétences managériales et intellectuelles existent aussi chez les femmes, sans aller les chercher bien loin.

Je trouve tout cela bien dommage. J'ose espérer que ce manque de femmes est dû aux faibles effectifs actuels. Le congrès fondateur du mouvement se déroule le 14 octobre prochain. Une bonne occasion de réparer cette erreur et cette faute de goût politique.

Notes

[1] Oui oui, et malgré les inconvénients qu'il en résulte, je ne suis pas prêt à l'abandonner tant les réflexes machistes reviennent vite dès que ce n'est plus une règle. De plus, cela stimule les compétences en interne et permet de ne pas galérer dans la recherche de talents féminins pour des candidatures.