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Quand des mères de larmes envahissent mon âme d'une sourde langueur nostalgique avec des fesses dedans

Publié le 22 avril 2010 par Francisbf

Pute vierge, la vie est une salope. Non seulement vous vieillissez, mais les autres aussi. Et des fois, ça vous prend là.

Je me souviens de la folie de mes jeunes années, lorsque, sémillant et enthousiaste, je fréquentais avec assiduité les bancs du labo de langues de mon école d'ingénieur, accompagné de mon fidèle faire-valoir toujours prêt à passer pour un pornographe nazi aux yeux de l'administration, ou pour une course de scooter sans scooter (1).

Par une belle après-midi d'été, alors que, les casques sur les oreilles, nous écoutions les aventures trépidantes de Brian in the kitchen ou d'un des ses petits camarades, nous voyîmes arriver la chair rose et fraîche des premières années, qui viennent s'installer devant nous.

Quel plus doux plaisir que celui de se remplir alors les mirettes, en faisant des commentaires à son collègue par le casque commun ?

Je me souviens...

« Téma, tavu la ptite potelée, là, elle est pas mal hein ?

-Oué, grave, enfin bon, un peu ronde quand même hein, pas mon genre. Vazy, tavu celle-là là-bas, avec le chapeau !

-Oué,grave, elle est bonne, tavu, on dirait Julia Roberts en jeune.

-Grave, t'as raison. Puis elle a un plus joli cul aussi.

-Oué, grave. Gragragra.

-Gragragra.

Ha, douces, douces réminiscences !

Et combien lointaine est la honte du souvenir de la réalisation qu'en fait, quand on porte un casque, on parle vachement plus fort que ce qu'on croit !

C'était l'bon temps.

Et puis passe le temps, s'envolent les années tandis qu'en accéléré, les aiguilles d'un réveil tournent comme l'hélice d'un ventilateur, devant un rideau qui se gonfle sous le vent, laissant apercevoir un paysage champêtre qui se couvre de neige puis reverdit, puis se peuple d'enfants jouant au ralenti dans une piscine gonflable au son d'une valse de Chostakovitch.

Et puis BAM.

Evidemment. Julia Roberts annonce à la cantonade, toute guillerette, qu'elle est en cloque. Comme ça. Oué.

C'est pas de jeu. Les filles dont on lorgnait les fesses alors qu'on ne connaissait pas leur nom devraient être interdites de procréation. C'est trop dur.

Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est ensuite au détour d'une anodine conversation MSN avec un camarade en fin de thèse que vous apprenez que le type de votre promo, celui dont vous vous moquiez parce qu'il aimait Cloclo, mais que vous étiez bien content d'avoir pour vous prêter un sol de chambre à Montréal, va lui aussi avoir une progéniture, avec une de vos camarades de promotion.

Le processus est enclenché. La pente se raidit, la route se savonne, les premières victimes de l'horloge biologique tombent, et les suivantes ne sauraient tarder.

Le début de la fin se profile, l'horizon se rapproche, bientôt nous serons tous morts.

Félicitations quand même à Natch et Fanf, pis à Frosties et au Chartier. Bande de salauds sans coeur qui pensez pas aux amis.

(1) de son point de vue, c'était peut-être moi le faire-valoir, mais c'est mon blog, ici.

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