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Etat chronique de poésie 869

Publié le 23 avril 2010 par Xavierlaine081

869

C’est folle colère qui me prend au détour du matin.

Excusez m’en, Madame, mais…

*

Mais comment supporter encore l’ignominie et le crime ?

Qu’ici d’ignobles qui prétendent à nous gouverner proclament haut et fort paroles d’injustice et de mépris ;

Que ceux ainsi ravalés au rang de supplétif d’une minorité acceptent sans sourciller l’opprobre ;

Que nulle voix ne s’élève pour rappeler qu’un discours raciste ne relève d’aucune idée bienséante mais d’un délit ;

Que personne dans l’échiquier de la pensée ne vienne interrompre le cours sournois d’une mise au pas, sous la baguette d’un général usurpateur ;

Que nul ne conteste la légitimité de décrets quiabaissent l’Homme au rang inférieur, au dessous des machines qui sont sa dernière raison d’être et d’espérer ;

Qu’on déménage nuitamment les ateliers où se forgent les destinées d’un peuple, pour faire trimer ailleurs, peuple plus avili encore que celui-ci, acceptant le fouet pour toute récompense ;

Que des hommes et des femmes, entrés par la porte de discrétion en tel pays, puisse travailler en des lieux officiels, sans que nul papier ne leur soit ni octroyé, ni demandé, mais refusé lorsque l’envie leur prend de revendiquer d’être de ce peuple qu’ils contribuent à enrichir ;

Que, dans des camps entourés de barbelés et de miradors, d’autres attendent le verdict qui les conduira, sur le sol où ils sont nés, à la condamnation sans appel d’une mort assurée ;

Comment supporter l’ignominie et le crime ?

*

Et vous venez, Madame, un matin qui pourtant me portait, allègre et serein, vers un labeur choisi, bien que…

Vous venez et m’assénez qu’il faudrait se soumettre et plier, accepter le joug de lois iniques et inefficaces ;

Vous venez m’indiquer qu’il n’est pas d’autre devoir que celui de ramper sur cette terre que nos aïeux arrosèrent de leur sang pour conquérir le peu de liberté qu’il nous reste…

Vous venez, Madame, sauf le respect que je vous dois, exiger de moi un comportement d’esclave, de prostitué soumis aux règles arbitraires des proxénètes du pouvoir…

*

Vous vous étonnez de ma révolte

De ma sourde colère

De mon propos au vitriol

De mon insoumission

.

Le peuple que je connais

Même en petit nombre

Savait se tenir debout devant la tempête

Il savait

Ce que je n’approuve guère

Porter des têtes de suffisance

De cynisme et de corruption

Au bout de piques vengeresses

.

Ce que mes yeux voient

Ce que mes oreilles entendent

Est une insulte à tous ceux

Fusillés pour l’exemple

Déportés pour s’être opposé

Qui ont façonné

Madame

Votre petite liberté de rentrer chez vous dîner

Devant votre petite télévision

En maugréant contre vos voisins du Maghreb

.

Sans le dire

Madame

Vous êtes de cette engeance honteuse

Comme un caméléon calamiteux

Vous faites semblant d’applaudir aux idées de liberté

Dans l’isoloir

Vous maintiendrez en place les bourreaux

.

Il me restera ma sourde colère

Ma douce révolte

Ma tendre utopie

.

Il me restera deux bras ballants

Devant le crime répété

Et le silence complice

Des plumitifs médiatiques

.

Il me restera l’honneur d’être un révolté

Et de le demeurer

Jusqu’à mon dernier souffle

.

Manosque, 12 mars 2010

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