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Adieu Cornettes et Soumission !

Publié le 23 avril 2010 par Melanieinfirmiere
Je ne voudrais pas froisser certains esprits mais, le temps des infirmières à cornette soumises au grand docteur est bel et bien révolu!    D'où émerge notre profession ? Du Moyen Age messieurs dames !!! Le premier ordre religieux exclusivement soignant fût celui des Augustines de l'Hôtel Dieu. A cette époque les soins – qui n'étaient que des soins du corps et des actes de la vie quotidienne- n'étaient prodigués EXCLUSIVEMENT par des femmes car selon les us et coutumes de l'époque, ils relevaient uniquement de la compétence féminine.   Le terme d' »Infirmière » ne fait son apparition qu'en 1398, l'adjectif « infirme » étant quant à lui apparu bien plus tôt vers 1288.   En 1633, Saint Vincent de Paul se rend compte que l'acte de charité ne suffit plus et que les soins requièrent une certaine compétence et une forme d'organisation. Il créé dès lors la compagnie des Filles de la Charité dite « Sœurs de Saint Vincent de Paul ». Ces jeunes filles sont recrutées selon des critères d'ordre moral à savoir : « Jeune fille de moins de 28 ans, jouissant d'une réputation irréprochable et d'une santé robuste, issue d'une famille respectable et n'ayant jamais occupé un emploi servile » L'acte de soigner est totalement BENEVOLE, il procède de la rédemption !   En 1789, la Révolution Française modifie le statut des hôpitaux : il devient laïc et nationalisé. Les infirmières perçoivent leur premier salaire…une misère pour des heures de travail longues et épuisantes ! Le célibat leur est IMPOSE. L'infirmière n'a AUCUNE vie personnelle et de détente   Soucieux de l'instruction des infirmières, Saint Vincent de Paul est le premier à penser à préparer ces filles sans instruction et ébauche la formation professionnelle. Il est suivi du Pasteur Antoine Verneuil qui organise des cours et des stages pratiques dès 1842. Mais ce n'est qu'en 1878, le 20 mai plus exactement, que deux écoles de formation infirmière ouvrent leurs portes : il s'agit de la Salpêtrière et de Bicêtre. L'enseignement dure 1 an et se reparti en 7 cours théoriques (administration, comptabilité hospitalière, anatomie, physiologie, pansements et petite chirurgie, hygiène, soins aux femmes en couche, aux nouveaux nés, cours sur les crèches, pharmacie). L'enseignement pratique se fait auprès des malades avec une « maîtresse de l'enseignement pratique » choisie parmi le personnel. Le premier diplôme d'infirmière apparaît en 1883 : il est un diplôme d'école acquis par l'assiduité aux cours et après avoir obtenu la moyenne à l'une des 2 ou 3 compositions obligatoires sur chacun des cours dispensés.   En 1864, La croix Rouge s'organise elle aussi pour assurer la formation. Les médecins hospitaliers prennent en charge l'enseignement et les écoles des Peupliers et de La Jonquière (1908 et 1909) connaissent leur première directrice.   En 1902, le Dr Anna Hamilton présente une thèse en doctorat sur les soins infirmiers. Elle est nommée directeur de la maison de santé protestante de Bordeaux et ouvre la célèbre école Florence Nightingale de Bagatelle.   Après la Première Guerre Mondiale, l'action sanitaire se modifie et la fonction infirmière s'affirme. La formation devient plus adaptée, plus en rapport avec les besoins de santé de la société Française. La Croix Rouge introduit la diététique et les maladies infectieuses dans son programme de formation.   En 1920, le rôle infirmier se définie ainsi : « Le rôle de l'infirmière hospitalière est de servir le malade en veillant constamment sur lui et tout ce qui l'entoure, et principalement en secondant assidûment et docilement le médecin…Son rôle auprès des malades est celui d'une sœur ou d'une mère »   Le premier décret de compétence fait son apparition le 27 juin 1922 puis est  publié au journal officiel le 1er juillet de la même année. Il donne à la profession une véritable reconnaissance à travers un diplôme national : le brevet de capacité d'infirmière professionnelle permet de porter le titre d'infirmière diplômée de l'Etat Français. Dès 1924, la formation a lieue sur 22 mois. 43 écoles reçoivent un agrément.   Après de multiples écrits et la création d'associations infirmières, la Loi du 8 avril 1946 donne une nouvelle définition de la profession : « Est considérée comme exerçant la profession d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui donne habituellement, soit à domicile, soit dans les services publiques ou privés d'hospitalisation ou de consultation, des soins prescrits ou conseillées par un médecin »   Puis l'arrêté du 17 juillet  1961 situe les infirmières en tant que personnes qui assurent « la responsabilité des soins d'hygiène et de confort […] Elles ont en outre  à effectuer avec technicité précise les soins et examens parfois complexes nécessités par l'état du malade ». C'est le début de l'image de l'infirmière technicienne ! L'infirmière doit « comprendre la valeur et les raisons de ses gestes […], participer intelligemment  à la surveillance du malade pour dépister des complication […] décider d'effectuer certains soins d'urgence avant l'arrivé du médecin » On relève la notion de collaboration et d'aptitude à décider : c'est, pour la première fois, une reconnaissance de compétence. C'est aussi l'amorce d'une certaine autonomie.   En 1972, soit une décennie plus tard, le programme de formation inclus la connaissance de l'être humain et présente les soins infirmiers sur le plan psychologique, éducatif et technique. Cela annonce l'arrivée de la nouvelle définition de l'infirmière selon la loi du 31 mai 1978 : « Est considérée comme exerçant la profession d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui, en fonction des diplômes qui l'y habilitent, donne habituellement des soins infirmiers sur prescription médicale ou conseil médical, ou bien en application du rôle propre qui lui est dévolu. En outre, l'infirmière participe à différentes actions notamment en matière de prévention, d'éducation de la santé et de formation ou d'encadrement »   Suivent ensuite les décrets du 17 juillet 1984, puis du 15 mars 1993 (que j'ai connu pendant mes études) et enfin du 11 février 2002. Dans ce derniers, les soins infirmiers sont définis sur la base de la qualité et dans le respect des droits de la personne, faisant référence à la « Chartre du patient hospitalisé » et la « Chartre des droits et libertés de la personne âgée dépendante »   Alors, doit-on encore se plier aux exigences personnelles de Monsieur le Docteur ? Perso, suis pas là pour ranger les dossiers laissés en plan sur le bureau infirmier, ni pour décrocher les radios laissées sécher sur le négatoscope, ni pour aller faire des photocopies pour le Dr…et j'en passe et j'en passe ! Quand quelque chose ne me plait pas, je le dit ! Aussi, il m'est arrivée de gentiment dire au Dr qu'il savait aussi bien se servir de la photocopieuse que moi, ou encore que les radios, c'est comme le linge, on les étend sur le négato puis on les détend ! Généralement, ça passe bien… Au boulot, j'ai juste ma tunique-pantalon et mes sabots mais pas les cornettes de bonne sœur soumise !! Source : Le métier d'infirmière en France - Catherine Duboys Fresney / Georgette Perrin

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