Vous m’avez vue en 2008 dans un très sympathique film d’horreur espagnol, [.REC] premier du nom. J’étais la présentatrice d’une émission de télé appelée Mientras usted duerme, qui cette nuit-là suivait le travail d’une équipe de pompiers appelée dans un immeuble pour une raison mystérieuse. Très vite, on s’est rendus compte qu’on était entourés de possédés qui nous attaquaient et transformaient ainsi les autres en zombies ! Il nous arrivait diverses péripéties, l’immeuble mis en quarantaine, impossible de sortir, pendant que le casting était décimé petit à petit… En cherchant à se réfugier pour fuir ces abominations, mon cameraman et moi découvrions cette pièce surréaliste remplie de fioles, d’articles de journaux et de machins religieux. Un endroit franchement glauque ou j’ai rencontré l’origine du mal, ce qui, dans le passé, avait été une petite fille innocente, transformé en monstre hideux et dangereux… Et c’est là que ça se terminait, j’étais tirée en arrière par cette espèce de truc moche. Et bien la suite vient juste de sortir ! Pour une fois, je vais changer de capuche pour faire un peu de critique cinéma avec l’auteur de ce blog. Je ne sais pas s’il va être tendre, Lux, vous m’avez l’air un peu… déçu ?
C’est le moins qu’on puisse dire Angela, bonsoir. Oh, pas la peine de faire cette tête ! J’ai beaucoup aimé le premier film. Vu en avant-première à Montpellier, assis au milieu de la salle, pile en face de l’écran, des conditions parfaites pour bien en profiter. On ressentait un vrai stress, car on ne savait pas d’où pouvait venir la menace, quelle en était l’origine et qui serait le prochain sur la liste. La caméra embarquée servait à quelque chose : ça bougeait, ça coupait, ça allait dans tous les sens, c’était quelque chose qui était encore original à l’époque. Les personnages fonctionnaient et on se souciait un minimum de leur sort, et puis, quand même, Angela, quelle poigne ! Quand vous criez, vous y allez fort ! Bref, le huit-clos rajoutait aussi quelque chose à l’ensemble, l’impression de tourner en rond dans cet immeuble avec la mort aux trousses rendait fou. Même si [.REC] n’était peut-être pas le chef d’oeuvre vanté par certains, il restait très efficace dans son rôle : un ride d’1H20 qui va à l’essentiel sans se la jouer, et qui se permet en plus d’exploser à la fin. Quand j’ai appris l’existence d’une suite, j’ai en premier lieu été assez méfiant, car au vu de la fin, je ne voyais pas trop comment continuer et j’avais peur que le concept ne s’affaiblisse en étant répété. Puis, en visitant le site officiel et en voyant des trailers, j’ai été remotivé : on sentait clairement un parti-pris action à venir avec gros SWAT suréquipés, et je me suis dit, pourquoi pas ! Sauf qu’au final… c’est moyen.
Ca commençait pourtant pas si mal. On suit donc une équipe d’intervention spéciale qu’on imagine bien armée et entraînée, qui pénètre dans le bâtiment toujours en quarantaine pour aller voir une bonne fois pour toutes ce qui a bien pu se passer. Retrouver le rez-de-chaussée et sa grosse tache de sang rappelle des souvenirs émus du premier volet. La montée des escaliers couverts de sang également. C’est après que c’est le bordel. Pendant une bonne partie du film, j’ai ressenti un étrange sentiment de désintérêt pour ce qui se passait sur l’écran. C’est quand vous avez décidé de jouer la revenante que j’ai compris : sans vous, c’était un grand vide ! Et je ne dis pas ça pour vous flatter, hein. Vous manquiez, et les autres aussi, le pompier, le policier, les habitants de l’immeuble… Je ne parlerais peut-être pas d’attachement, quand même, mais je me sentais un minimum concerné par la survie des personnages. Ici, on s’en fout. Les swat sont tellement cons qu’on n’en a rien à foutre, et je ne parle même pas du groupe d’ados qu’on a plus envie de voir crever qu’autre chose. De ce fait, il n’y a plus aucune tension. Si ça nous est égal qu’ils y passent, les attaques de zombies tombent également à plat. Ils ne font pas peur, ou très peu, et on perd beaucoup de l’efficacité du premier qui tenait au fait que ces infectés étaient les braves habitants un peu perdus qu’on avait connus quelques minutes plus tôt. Ici, on a juste l’impression d’attaques random. Et surtout, surtout : la technique n’est plus efficace.
En effet, ce que je redoutais est arrivé : les divers effets de caméra laissent désormais complètement froid. A chaque ruée de zombie, ça saute, ça part dans tous les sens, le son vrombit, on ne comprend plus rien… Et on s’ennuie. Les scènes d’action n’ont pas la force du premier, la caméra embarquée n’a plus aucun intérêt, sachant que la justification pour filmer est ici bien plus contestable. Seul élément fun, les mini-caméras permettent de multiplier les points de vue et transforment le film en First-Person Shooter assumé. A part ça, on sent vite que l’intérêt sera à chercher ailleurs que dans la technique. Visuellement, par contre, c’est toujours aussi glauque, rien à redire de ce côté-là. Bref, une fois qu’on a oublié les infectés et la caméra qui bouge, qu’est-ce qui reste ? Et bien, une partie du film développe le délire religieux qu’on découvrait à la fin du premier, à travers le personnage du prêtre, infiltré dans l’immeuble après avoir prétendu appartenir au ministère de la Santé… Il est vite forcé à tout expliqué aux swat pas contents : l’immeuble hébergeait la petite Medeiros, fillette possédée qu’un religieux essayait de sauver en trouvant l’antidote à son mal. Malheureusement, elle a échappé à son maître et le virus est sorti de l’appartement. Si on ne l’arrête pas, il pourrait sortir, et là, ce serait le bordel. Pour régler le problème, il faut trouver le sang originel pour l’exorciser. Cela donne lieu à quelques passages parmi ceux que j’ai appréciés dans le film, en général quand le prêtre a sa croix à la main pour affronter les horreurs possédées. En sentant un homme envoyé de Dieu en lutte contre Satan lui-même parlant à travers la bouche de pauvres gens infectés, j’ai retrouvé de l’intérêt dans le film.
Pour le coup, [.REC] 2 passe complètement de film de zombie à film de possédés. En effet, il se mettent à parler, provoquent, agressent, insultent même, et subissent les incantations du prêtre qui tente de les avoir en brandissant sa croix. Surpris au départ, j’ai bien aimé ces passages. La révélation de la fin de [.REC] devient sans surprise le sujet central de sa suite. De plus, il faut dire que notre religieux est le seul personnage qui donne un peu de consistance au film et d’importance à ses enjeux. Il le dit, d’ailleurs : Avez-vous des enfants ? Pourriez-vous leur tirer dans la tête ? Il faut impérativement arrêter la contagion pour éviter une catastrophe. Malheureusement, les invraisemblances viennent tout gâcher. Alors que le prêtre n’arrête pas de répéter qu’il faut trouver l’unique fiole de sang et autres « c’est notre dernière chance », il baisse les bras alors qu’il est toujours possible d’en récupérer. Moi qui suis plutôt bon client avec les passages douteux dans les films d’horreur (à base de mais pourquoi il fait ça ? Pourquoi il le tue pas là ? Mais VAS-Y bon sang ! ALLEZ ! pff), je n’ai pas pu m’empêcher d’être gêné ici. Il y a comme des trous dans le scénario. Heureusement que cette histoire de sang donne lieu à une des meilleurs scènes, et une des plus glauques aussi, celle du conduit. A côté de ça, c’est bancal. Et pourtant, ce n’est rien à côté de la plus grosse immondice du film : l’arrivée des ados.
Ah, Angela, heureusement que vous êtes là pour me faire oublier ce ratage ! J’avoue que je n’en reviens toujours pas. C’est simple : les trois ados ne servent à rien. Mais vraiment. Ils sont lourds et cons, et le flashback brise le rythme du film. Leur histoire de poupée gonflable volante est inutile, et quand ils décident de se faufiler pour aller voir ce qui se passe dans l’immeuble, on voudrait passer derrière l’écran pour les claquer en ajoutant que la curiosité est un vilain défaut. C’est bien ça le problème de [.REC] 2 : là où on avait un peu d’empathie pour les personnages du premier dans les situations difficiles, on est juste plié quand la pauvre ado effrayée doit manier un flingue et trucide le pompier par erreur. Certes, c’est certainement voulu, étant donné que les passages hilarants sont nombreux tout au long du film. C’est tellement énorme et exagéré qu’une bonne partie de la salle lâche des rires. Cependant, j’espérais [.REC] 2 épargné par le syndrome horreur = ados débiles… L’idée de l’intrusion aurait pu être intéressante si elle apportait quelque chose à l’histoire, notamment dans l’idée de suggérer une échappatoire, mais cette possibilité est vite balayée. Si j’ai beaucoup aimé la scène de l’interrogatoire du gamin possédé, je me dis qu’elle aurait pu être faite sur une autre personne, sans qu’on doive se taper cette longue interlude sans intérêt… Sérieusement, quelle connerie. En virant ça, le film aurait pu être plus que potable… Un brin exagéré, certes, mais potable. Malheureusement, tout tombe à plat sans qu’on comprenne quelle mouche a piqué nos chers réalisateurs. [.REC] 2, c’est aussi ça : des bonnes choses, par-ci par-là, au milieu d’un ensemble bien décevant.
Allez, pas de grimaces. Il y a quand même quelques bonnes choses dans cette suite. Par exemple, le concept de la réalité parallèle vue à l’infrarouge est sympathique. Pour le coup, on est mis face à une preuve concrète de surnaturel. Aussi, on va dire que j’en rajoute, mais votre retour m’a semblé bienvenu, Angela. Déjà, comme je l’ai dit plus haut, il permet de faire un lien avec le premier opus et tout ce qu’il avait de positif. Le traumatisme tout juste vécu est tout de suite palpable dans votre jeu. Et quelle entourloupe ! Qui aurait pu croire que le démon vous possédait ? Dans le grenier, votre peur semblait être celle que vous viviez avec votre cameraman, quand vous étiez sous la menace du monstre au marteau… Vous voir un fusil à la main au-dessus du prêtre blessé, c’était très fort. Votre personnage est dynamité en quelques secondes. Et la fin laisse planer une odeur de [.REC] 3… A ce propos, d’après une news d’Allociné, notre duo de réalisateurs aurait des idées pour aller jusqu’à six épisodes, sans être encore sûrs de s’occuper de la mise en scène du troisième à venir. Sans personnages cons et avec une Angela possédée qui terrorise les barcelonais, je demande à voir… Sachez d’ailleurs qu’à côté, Jaume Balaguero s’occupe de son prochain film, Flatmate, dont une affiche et quelques détails ont déjà filtrés…
Et bien, je crois que nous sommes allés au fond des choses avec cette critique ! Je compte vraiment faire de mon mieux dans le troisième épisode pour rattraper celui-ci. J’espère quand même que nous ne sommes pas fâchés, et je vous donne donc rendez-vous dans quelques mois, même lieu, même heure ! Merci à Lux, bonne soirée à tous, et merci de nous avoir suivis.