Magazine Humeur

Primaires à droite

Publié le 25 avril 2010 par Jlhuss

aurevoir.1272190979.jpgEt pourquoi pas ? Pourquoi le PS aurait-il l’exclusivité de mettre en compétition chevaux et pouliches de course pour le Grand prix 2012 du Président de la République ? L’UMP non plus, du vieil étalon au fringant yearling, ne compte pas ses bêtes à concours. La Grille du coq en dresse ici une liste non exhaustive, par rang d’âge décroissant pour ne vexer personne.

Avec ses 84 ans, Giscard d’Estaing a le prestige et l’expérience des grands aînés, une santé sans histoire et toujours sa revanche à prendre. Homme de rupture, qui transforma la Marseillaise en adagio, l’Anne-Aymone en Marie Leszczynska, et la Simone Weil en Blandine ; homme partout à sa place, dînant chez les Dubois  de Bondy aussi à l’aise que chez les Dupont de Nemours ; homme de gravité s’il le faut, dont l’« Au revoir » télévisé est dans toutes les mémoires, plus sombre que si le Puy de Dôme venait de rentrer en éruption ;  homme enfin rayonnant à l’international, jusqu’à nous avoir concocté une Constitution pour l’Europe plus haut de gamme qu’une chasse à Rambouillet. Ce serait dommage de laisser un tel homme finir en Casanova d’opérette.

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On ne disputera pas à Jacques Chirac l’art d’avoir peu à peu fait mentir sa réputation en transmuant, jusqu’au quai Voltaire, l’ « agité du bocal »  en père de la patrie, et, jusqu’au quai Branly, le « plouc inculte » en arbitre des élégances. Les Français, éternels ados, pourraient-ils, de rage contre le papa fouettard, refaire les doux yeux au papy bénin ? En plébiscitant -crac crac- à 78 ans l’ex-rapace du Bébête show, nos compatriotes se prennent-ils à rêver d’une pause de cinq annnées dans les réformes ?

Alain Juppé, fils spirituel du précédent, de petite pique en grande réserve devant la politique gouvernementale, semble caresser ces temps-ci -si jamais, des fois que, qui peut dire ?-  la tentation de l’Elysée à 65 ans après celle de Venise, de Bordeaux et de Montréal. Comment se résoudre à finir voûté dans ses pantoufles  quand on a su rester droit dans ses bottes avec le succès fracassant dont les cheminots se souviennent ? Ne jamais désespérer d’un Normalien.

Avec huit ans de moins, Dominique de Villepin se dit qu’il n’est pas trop tard pour chérir le peuple, aller à la rencontre des Français, embrasser des porcelets, boire des canons, faire le Jacques. Paris vaut bien une messe , cinq ans de faubourg saint-Honoré une promiscuité de campagne. M. de Villepin se plonge dans la France profonde comme Poppée dans le lait d’ânesse, mais il piaffe comme Néron de voir le petit Pétrone s’ouvrir les veines. Les Français, ces shakespeariens rentrés, voudront-ils assouvir avec le Galouzeau l’envie du vent des drames fuligineux ?

Certes  François Fillon est daté. Moins par ses 56 ans que par le style, mais la mode est au vintage. L’actuel engouement pour cet homme traduit la nostalgie du savoir-vivre, des mots comptés et de la mesure en toute chose. Comme  Corneille à côté de Racine, Fillon nous renvoie l’image non pas de ce que nous sommes devenus mais de ce que nous devrions être, ou rêvons d’être encore, parfois, les soirs d’été sous la tonnelle : « Vous permettez, Monsieur, que j’emprunte votre fille ? »

Meaux s’honore d’avoir eu au dix-septième siècle un évêque bien en Cour, un « aigle » d’éloquence. Pourquoi pas, au vingt-et-unième, un Président du franc parler ? Car vraiment, vous étonneriez François Copé en le soupçonnant de pratiquer la langue de bois mieux que personne, non pas certes la basique, mais celle, tellement plus subtile et désarmante, de répéter sans cesse qu’on parle vrai. M.Copé porte la franchise dans le sac à dos, ça finit par tirer sur les lombaires. Problème annexe  : une calvitie avancée en ces temps de l’image.

Voilà. Vous voyez bien qu’à droite aussi on n’a que l’embarras du choix… Comment ? J’ai oublié quelqu’un ? Le principal ? Ah bon  sang, mais c’est bien sûr ! J’y reviendrai une prochaine fois, avant de tourner à gauche.

Arion


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