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Vers un changement de mode de scrutin en Grande Bretagne ?

Publié le 25 avril 2010 par Vonric Vonric

*Réflexion*Encore une dizaine de jours et les britanniques voteront. Combien seront-ils ? Peut être plus nombreux que d'habitude pour une élection qui s'annonce des plus indécises. Il faut dire que lorsqu'on parle d'une forte mobilisation aux élections sur Albion, cela veut dire que l'on dépasse 60% de participation (et 30%... de participation, pas d'abstention, aux élections locales !) Il faut aussi dire que les élections nationales pour renouveler le parlement et les élections locales sont cette fois ci couplées, ce qui devrait encore augmenter le nombre de votants. Peut être frôlera-t'on les 70% ?

Ballot box - comme en France il y a 50 ans !
J'ai déjà parlé il y a quelques années de la nécessité de reformer le mode de scrutin: la méthode actuelle, First Pass The Post (scrutin nominatif et majoritaire à un tour - pas de liste, pas de 2e choix, pas de second tour) et l'organisation un jour de la semaine (toujours le jeudi) semble encourager l'abstention.

Mais le désintérêt semble aussi s'expliquer (au plan national tout au moins) par le résultat découlant des votes. Un sondage de mi-avril donnait 34% pour les Conservateurs, 29% pour le Labour et 27% pour les Libdems. Les projections en sièges donnent pourtant 257 députés pour les Conservateurs, 282 pour les Travaillistes et seulement 74 pour les Libéraux Démocrates. Oui, vous lisez bien: bien qu'arrivés en tête de 5 points, les Conservateurs auraient 25 députés de moins que le parti arrive 2e. Et alors que 2 points séparent seulement le Labour des Libdems ces derniers se retrouvent avec 208 députés de moins ! (La majorité est à 326 ; il y aurait 32 autres députés de "petits" partis).

Cinq autres sondages, après le débat télévisé de la 3e semaine d'avril, montraient même les Libéraux Démocrates en 2e position devant les Travaillistes (33 - 30 - 28 ; pour ICM c'est la première fois depuis les débuts de l'institut de sondage en 1984). Mais même avec un tel score, le parti de Nick Clegg récolterait à peine plus d'une centaine de députés et les travaillistes, bien que bon derniers, auraient même peut être toujours le plus grand nombre de "représentants" ! Voila ce que peut produire le système FPTP: une représentation non représentative des expressions de vote. Les britanniques se rappelleront aussi les résultats de l'élection de 1983 où le Labour avait recueillit 27.6% qui lui donnèrent 209 députés, alors que les Libdems, avec 25.4% des voix n'obtenaient que 23 sièges.

Je ne me souviens pas d'un tel décalage entre les votes et les résultats en France. Il me semble que ce soit même l'inverse, puisque par exemple on peut observer que le PS arrive 5 points en tête aux régionales récupère la grande majorité des sièges. Idem pour les députés ou le scrutin à 2 tours garanti une représentation proportionnée (au moins au 2e tour après le jeu des alliances).

Il parait que cela est du à la plus grand difficulté de renverser un député que d'être réélu... En fait, avec le système FPTP un parti arrivant toujours 2e n'obtiendrait aucun député. Pour que l'opposition deviennent majoritaire, les sondeurs estiment donc qu'il faut un énorme changement, qu'il lui faut gagner de près de 10 points dans les urnes (le Labour étant souvent ancré dans des circonscriptions faiblement peuplées, votant peu, alors que les supporters des Libdems sont plus équitablement représentés sur tout le territoire). Est-ce encore un système représentatif tel que les démocraties modernes le comprenne ? Si quelqu'un a un explication plus claire, je suis preneur.

Vous pouvez jouer avec l'outil de simulation de la BBC ici. On peut voir par exemple que le système avantage outrageusement le Labour: si les 3 grands partis obtiennent chacun 30% des voix, cela veut dire 314 députés pour le Labour, 208 pour les Conservateurs et 99 seulement pour les Libéraux Démocrates. Pour que ceux ci deviennent majoritaires d'une voix, il leur faut 42.4% et 27% pour les 2 autres (si le Labour fait 27.1% les Libdems ne sont plus majoritaires !). Et même avec un Labour arrivant dernier en pourcentage il peut encore gagner en nombre de sièges !

En tout cas on peut comprendre que les électeurs se sentent peu concernés. Il est urgent de réformer le mode de scrutin, une demande des Libéraux Démocrates (on comprend pourquoi) mais aussi une promesse du New Labour de Tony Blair en 1997 qui s'est bien gardé de s'en rappeler une fois élu...!

Autre chose pour finir. Vous pouvez voir ici qu'il n'y a pas que Tony Blair à parler français. Nick Clegg, le leader du parti Libéral Démocrate, parle très bien la langue de Molière (minutes 7-12 de la vidéo) ainsi que Sarah Lutton, député européen Libdems (minutes 14-17).

 


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