En rebond au billet où l'on a pas mal causé de la main (cliquer ici), un éclairage déniché dans le supplément Livres de Libération. Il s'agit d'un article de Robert Maggiori sur le bouquin du sociologue américain Richard Sennett. "Ce que sait la main, la culture de l'artisanat". Quelques morceaux choisis :
- l'artisanat est le coeur, la source et le moteur d'une société où primeraient l'intérêt général et la coopération.
- Le capitalisme, en fixant le cap sur le seul profit, a élargi à l'extrême l'arc des inégalités et dégradé tout le système de production, multipliant les formes de misère. Le travail de la politique s'en est lui aussi trouvé dégradé. Ne pouvant ni prévenir ni guérir les maux sociaux, il ne fait que les panser, parfois avec de la poudre de perlimpinpin.
- Il est impossible de mettre d'un côté les êtres humains qui seraient proches de la bête de somme, abrutis, condamnés à la routine et, de l'autre, ceux qui exercent une autre "espèce" d'activité, plus créative, qui se font juges "du travail matériel et de la pratique, voire font naître la vie en commun". - Cette division méconnaît l'homme concret au travail, oublie que le producteur "discute" avec les matériaux, ne voit ni "ce que la fabrication des choses concrètes nous révèle de nous-mêmes", ni la part de pensée et de sensibilité qu'il y a toujours dans le faire. Bref, ignore le lien intime entre la tête et la main.- Le métier est une façon de s'instruire soi-même et de participer à l'élaboration d'une culture matérielle qui ne vaut pas moins que la haute culture.- L'artisanat se caractérise par l'attachement à l'excellence du travail en soi. Le métier de l'artisan désigne un élan humain élémentaire et durable, le désir de bien faire son travail en soi.