Je ne traiterai pas sur le fond le cas de cet homme suspecté de polygamie et de fraude aux aides sociales. Naturellement, si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, il est indispensable de le sanctionner. Mais, comme tout suspect, y compris Yvan Colonna (pas vrai, M. le bouillant ancien ministre de l’Intérieur ?), il doit, tant qu’il n’a pas été jugé coupable, être considéré comme innocent.
A quoi donc jouent nos ministres, experts en immigration, intégration et identité, MM. Hortefeux et Besson, sinon aux boutefeux ? J’ai entendu ce lundi 26 avril au Grand Journal de Canal+ Jean-François Copé défendre vigoureusement une loi d’interdiction totale de la burqa et protester tout aussi énergiquement contre toute tentative d’amalgame. Ignore-t-il donc le mode de pensée de nombre de nos concitoyens ? Ce fait divers d’un homme qui aurait des maîtresses, dont il aurait eu des enfants, grâce auxquels lui ou elles percevraient indûment des aides sociales, est inévitablement étiqueté « musulman » et ceci pour la simple raison que l’attention s’est portée sur lui parce que sa femme porte une burqa. Comme si de tels délits étaient l’exclusivité des croyants d’une seule religion !
Ce qui me surprend, dans la genèse de cet incident, devenu grande cause nationale, plus importante que le sort de la Grèce, notre dette nationale ou l’évolution de notre système de retraites, c’est son point de départ. Certes, la femme verbalisée a eu une réaction que je juge imbécile mais préméditée. Une loi d’interdiction totale de la burqa nous expose à avoir une multiplication d’épisodes de ce genre suscités par des fondamentalistes. On risque ainsi de donner à des comportements très minoritaires une valeur prosélyte. Mais ce qui m’étonne le plus, c’est l’attitude de l’agent verbalisateur.
Il me semble que celui-ci, devançant une loi non encore rédigée, ait voulu sanctionner le fait que cette femme portait une burqa ou un niqab, que sais-je. Et, sans mettre en doute les capacités de raisonnement de nos dévoués pandores, je doute qu’ils passent leurs soirées à étudier le Code de la route pour déterminer sous quel motif oblique ils pourraient bien verbaliser des femmes ainsi cagoulées. De là à penser que certains éléments sûrs aient pu se voir souffler par leur hiérarchie, et qui sait depuis quel niveau, une telle astuce, il y a un pas que bien entendu je ne franchirai pas.
Mais je livre à nos policiers et gendarmes désireux d’augmenter leur productivité en amendes, l’article R416-1 du Code de la route, dont je livre ici l’essentiel : « [ … ] En agglomération, l'usage de l'avertisseur sonore n'est autorisé qu'en cas de danger immédiat. [ … ] Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe. »
Pour sûr, ils ne vont pas chômer !