Et voilà, depuis des mois que le gouvernement cherche son ennemi intérieur, l’amende mise à une conductrice nantaise pour « circulation dans des conditions non aisées » du fait de son voile intégral (qu’elle portait au volant donc) sert à montrer du doigt ces « méchants islamistes qui gangrènent la république .
Le souci, c’est que la complexité du climat installé depuis des mois par la droite au pouvoir (et l’extrême droite pas loin d’y être), la haine attisée contre les musulmans, le mépris affiché pour une part importante de la population, tout cela concours à voir s’affronter les extrémistes.
Et c’est ce que nous voyons aujourd’hui : d’un côté un extrémisme catholique vieille France qui aime le passé glorieux de l’empire et ses colonies et de l’autre des prédicateurs politique de l’islam qui ne rêvent que de charia. Minoritaires, mais actifs.
Il n’a pas fallu longtemps d’ailleurs pour voir sortir du bois les experts : Boutin, Hortefeux, Le Pen, Besson, Zemmour…. Et en face, les prédicateurs (dont le mari de la conductrice), Ramadan (Tariq de son prénom, qui se fait appeler « islamologue » c’est plus classe que « théologien »). Tout ce beau monde est de sortie, profitant d’une gauche atone (comme elle a abdiqué trop tôt devant les formes de radicalisme de l’islam, la voilà bien emmerdée aujourd’hui pour réagir sur ce dossier). Je ferais deux exceptions : la réaction de Mélenchon et celle de Badinter (monsieur) étaient plutôt intéressantes et vont dans le bon sens sur ce sujet. Mais comme le soulignait très bien Caroline Fourest dans son livre (« La tentation obscurantiste ») la route est longue pour que la gauche revienne à des réelles valeurs fortes face aux dérives de toutes les religions.
Mais passons, et observons : les armes sont toujours les mêmes. La droite (et en particulier Sarkozy) étant dans le marasme en ce moment, incapable de relever le défi de la crise économique, climatique et sociale qui est là, il lui faut trouver un hochet à agiter pour la presse de masse. Comme l’histoire des coucheries supposées de Sarkozy et son épouse ne marche plus, que le Front National progresse de nouveau (en piquant des électeurs), il fallait un réel virage à droite. Et très à droite si possible, dans la fange.
Voilà qui est fait avec l’affaire (d’une banalité affligeante pourtant). Hortefeux et Sarkozy en font des tonnes, allant même jusqu’à dire que le mari de la personne verbalisée serait polygame et qu’il devrait donc être… déchu de sa nationalité française ! Et bien, rien que cela ! Alors que la France a une tradition d’universalisme qui est au contraire d’aider et d’accompagner le changement, voilà qu’aujourd’hui cela se traduirait par la destitution de la nationalité ! On croit rêver…
Mais en face, sentant le (bon) coup vernir, les extrémistes sortent aussi du bois. Tariq Ramadan, l’UOIF y vont de leurs couplets sur la stigmatisation à outrance des musulmans.
Si on ne peut nier que c’est le cas de la part du gouvernement, cela dérape lorsqu’on laisse entendre que tous les français cèderaient (d’ailleurs tous les français autres que musulmans du coup…) à cette dérive. Moyen de rassembler le peuple autour de leurs idées de merde… Comme tout bon fanatique qui se respect.
L’affaire commence sur une chose pourtant banale : un contrôle de police, une amende justifiée du point de vue du policier (et de la loi), contestable légalement sans en faire un foin. Mais c’est bien la jeune femme qui convoque la presse pour lancer toute cette polémique. Afin de lancer le feu et de servir les intégrismes (avec un air de ne pas y toucher). C’est bien une guerre politique, des deux côtés, à laquelle nous assistons. Une envie de voir triompher une des deux visions rétrogrades.
Seule la réaffirmation d’une voie laïque, de respect des femmes, de solidarité, d’humanisme (d’un certain point de vue) et pourquoi pas d’anticléricalisme à gauche permettra de sortir de ce marasme dans lequel on cherche à nous noyer. Mais pour cela, il faut abandonner la « gauche des valeurs » pour revenir à une gauche de combat, anti classes, forte de ses idées égalitaires, devançant l’appel pour un vivre ensemble libre de tous les courroux de la haine sociale, abolitionniste de classes.…
En attendant, les jeux continuent entre les extrêmes… Il serait peut être temps que les progressistes sifflent la fin de la partie non ?