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Jour 8 Porte de Lynda, 8h30. Longo et Fignon donnent le premier...

Publié le 27 avril 2010 par Fabrice @poirpom
Jour 8

Porte de Lynda, 8h30. Longo et Fignon donnent le premier...

Jour 8

Porte de Lynda, 8h30. Longo et Fignon donnent le premier coup de pédale. Coup de gaz en douceur sur la grosse départementale vers Ambert avant de bifurquer sur la D40, serpentin qui se faufile entre les monts du Forez, à la frontière entre le Puy-de-Dôme et la Loire. Motard et monture sont raides. Décrochage de roue arrière sur quelques rétrogradages un peu trop audacieux. Arrivée au col du Béal. 1390 mètres d’altitude. Photo souvenir puis descente côté Loire, réchauffé par l’altitude et l’entrainement côté Puy-de-Dôme.

Loire puis Allier pour le reste de la journée. Alternance de grosses routes qui déchirent les champs et de chemins de traverse qui s’y faufilent. Chaque croisement se joue au pifomètre. Droite. Gauche. Droite encore. Tout droit. Seul manque une boussole pour garantir le maintien du cap.

Égaré dans une petite vallée de l’Allier, au sortir d’une chicane hilarante, une maison apparaît.

C’est une maison de poupée.

Il y a un édredon par lit. Un traversin et un oreiller. Dans la salle de bains, il y a de la moquette au sol. De la moquette. Et quatre serviettes par personne. Des gants de toilette ou des fleurs de douche, au choix.

‘Les objets, c’est très important pour moi. Ça vous dit une p’tite bière?’

La propriétaire fait son repassage dans le jardin. Monsieur doit planter des pommes de terre dans le potager mais rechigne un peu.

‘Ça donne jamais rien, les patates…’

Le temps d’une douche et Madame toque à la porte de la chambre. Il y a du papier peint sur ladite porte.

‘Je vous ai trouvé un endroit pour dîner…’

Cinq kilomètres de grimpette sautillante d’une colline verdoyante avant d’arriver sur une place de village, avec mini rond-point décoré et église endormie, sur laquelle rien ne passe.

Une banderole ficelée à une rambarde. ‘Au bon vieux temps’.

‘Je parie que vous êtes le Monsieur.’

Terrasse en bois, ombragée. Des tulipes par dizaines, dans des bacs à fleurs, ornent le lieu. Le soleil de fin de journée réchauffe le visage.

Il n’y a pas de carte. Marie, la patronne, détaille oralement les quelques entrées et plats disponibles. Son Raymond, le cuisinier, bricole selon ses envies, ses humeurs et la saison.

Carte des vins disséminée dans un album photos. Celui de la famille. Avec les photos de mariage de Marie et de Raymond. Des clichés des nombreux travaux effectués dans l’auberge. Douze ans qu’ils sont là. Le pain est fait maison.

Amuse bouche: bouillon de cresson sauvage.

Puis vient l’entrée: tulipe farcie à l’orge, aux fines herbes et aux petits pois. Sauce aux radis. Et des fleurs en déco. Des pensées.

Par ‘tulipe’, comprendre: la fleur, pour de vrai. Comme celles qui ornent la terrasse. C’est d’ailleurs de là que vient celle qui est dans l’assiette. ‘Toute une histoire qu’elle m’a fait pour une pôv’ dizaine de tulipes que j’ai coupés…’

Raymond et Marie bataillent gentiment.

Le plat ne se fait guère attendre: agneau farci en croûte, doré au four à bois puis cuit au four traditionnel. Gratin de pommes de terre et de carottes du jardin, cumin et gingembre frais.

Marie arrose ses tulipes en chantonnant.

Fondant au chocolat et aux framboises.

Sourire béat à la nuit tombée.

Retour dans la maison choupette. Digestif offert par les hôtes, avec reportage sur la Légion Étrangère en fond télévisuel. Le planteur de patates, dé à coudre chargé d’alcool en main, commente. ‘Y parait que, depuis qu’ça existe, dix mille mecs sont morts pour la Légion…’

Trip partiel cumulé: 2220 km.

Tentatives de suicide involontaire: pas vraiment. Plutôt de l’excès d’optimisme.


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