Magazine Finances

Tempête financière sur les emprunts d'Etat

Publié le 28 avril 2010 par Denis_castel

Je ne résiste pas à la tentation de me faire un petit plaisir et de livrer ici un extrait de « Ras-le-Bol » (ce titre choisi par l’éditeur m’horripile toujours autant, Grrrr), qui décrivait dès 2005 en l’appliquant à la France, l’engrenage infernal et la tempête financière que connaît la Grèce et que subira peut-être demain le Portugal : défiance des investisseurs face à la dégradation des finances publiques et au risque de faillite des Etats, forte tension sur les taux d’intérêt à servir sur les nouveaux emprunts à émettre, dégradation du rating par les agences de notation etc. Pour connaître la suite, lisez le roman.

« La première réplique du séisme n’a d’abord touché que le microcosme des salles de marchés des établissements financiers. Dès le lendemain de la parution de l’interview dans Paris-Match, la rumeur s’est rapidement répandue chez les différents intervenants du marché obligataire français que la note AAA de l’État français avait fait l’objet d’une controverse au sein d’une des trois agences de notation financière. Tous les gros détenteurs d’obligations du Trésor, SICAV, compagnies d’assurance, fonds de pension anglo-saxons, ont commencé à alléger leurs positions en emprunts d’État. Cela n’avait rien d’étonnant de la part de ces investisseurs sur les marchés financiers qui, tels des moutons de Panurge, ont la mauvaise habitude de surréagir à la moindre rumeur de mauvaise nouvelle. Mais cela n’était pas sans conséquence pour l’État français. Les ordres de ventes massives d’obligations d’État ont provoqué une baisse brutale des cours. Le taux de rendement des emprunts d’État, qui correspond à la fois à la rémunération exigée par les investisseurs pour acheter des obligations du Trésor et au taux d’intérêt que doit verser l’État pour emprunter sur une durée de 10 ans, évolue strictement à l’inverse des cours des obligations. Alors qu’il naviguait entre 4 et 4,5 % depuis plusieurs années, il a brutalement augmenté, passant en quelques jours de 4,4 % à presque 6 %, traduisant ainsi les craintes des investisseurs à l’égard d’une détérioration de la qualité de signature de l’État français.
Le jeudi suivant avait lieu l’adjudication hebdomadaire des emprunts d’État. Chaque semaine, l’État procède à de nouvelles émissions d’OAT, les obligations assimilables du Trésor, qui lui permettront de procéder au remboursement des lignes arrivées à échéance. Le placement de ces nouvelles obligations auprès des investisseurs est assuré par un petit nombre de banques à qui l’État a conféré le statut de Spécialiste en Valeurs du Trésor, SVT en jargon financier. Alors qu’en temps normal, la demande excédait l’offre, permettant à l’État d’emprunter à un taux qui rendait supportable un endettement de plus en plus lourd, ce jeudi-là, la demande de papier était tellement faible que les nouvelles émissions n’ont pu être placées auprès des investisseurs qu’en proposant un rendement de 6,6 %. L’État français devait maintenant emprunter à un taux 50 % plus élevé, ce qui alourdirait d’autant la charge de la dette, donc les dépenses publiques et rendait désormais vain tout espoir de retour à l’équilibre des finances publiques dans un avenir proche.
»

Original post blogged on b2evolution.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Denis_castel 11 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines