La gauche la plus archaïque d'Europe (1)

« Nous devons conduire avec les Français une offensive de civilisation ». Pierre Moscovici déposait mercredi dernier le « modèle alternatif de société » que présentera le parti socialiste pour gagner les prochaines élections. Le concept même de « modèle de société » ou de « projet de civilisation » n'a plus de sens pour deux raisons :

D'un point de vue idéologique, qu'est ce qu'un projet de civilisation ? C'est une bande de mec qui s'enferme plus ou moins dans un salon pour penser les nouveaux modes de vies de demain. Nous, pauvres moutons, serions aveuglément à la recherche de bergers pour nous guider. Je dis « plus ou moins » enfermée volontairement. Il existe des parodies de consultations démocratiques , plus connus sous le nom de « colloques », où ne se déplacent que les gens qui partagent votre opinion et qui n'ont que ça à faire .

D'un point de vue pragmatique, ce genre de plan est au mieux inconséquent, au pire dangereux. C'est nier le cours de l'histoire. Nier le fait qu'avec l'Union Européenne et surtout la mondialisation, les hommes politiques n'ont plus ce pouvoir qui les fait tant fantasmer. C'est aussi nier le rejet en 2005 du traité constitutionnel et de la bureaucratie administrative. Ce « Non » au référendum traduisit surtout un rejet de l'éloignement technocratique de Bruxelles. C'était un désir de reconnexion entres les politiciens et la réalité du terrain. Le refus d'une nouvelle perte de souveraineté dans un pays déjà hyper centralisé.

Face à cette double exigence, on peut adopter trois postures :

Soit on prend le train de l'histoire en marche. On adopte une posture de réalisme. On accepte désormais que la France ne sera pas la locomotive du monde. Pour cela il faudra arrêter cette arrogance qui consiste par exemple à aller expliquer aux américains à quel point ils n'ont pas encore compris le 21ème siècle.

Soit on attend que la grève soit fini. On adopte une posture de déni. Il ne faudra pas s'étonner d'être légèrement en retard au rendez-vous de l'histoire. Peut-être qu'en adoptant cette attitude, un dirigeant viendra nous expliquer un jour à quel point la France n'est pas assez rentrée dans l'histoire.

Soit on sabote directement le train. On adopte un principe de précaution. On pose un bombe et on explique aux voyageurs que ces trains roulent beaucoup trop vite, qu'ils sont décidément trop dangereux.

Essayons donc de désamorcer cette bombe posée par les bergers du Parti Socialiste. Abordons les thèmes de ce « modèle alternatif de société » : libre échange et inégalités, la tyrannie de la finance, la révolution fiscale, le soutien à l'industrie, la dette et les salaires des patrons.

Article repris avec l'aimable autorisation de l'auteur. Cette série d'article se poursuivra sur une semaine.