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A bien regardé, l'architecture vit une crise. Il n'est pas question de s'en émouvoir en comparaison des crises financiéres et environnementales qui nous assaillent. Mais s'agissant du cadre
construit qui abrite une grande partie de nos activités sociales, il semble tout de même crutial de comprendre cette crise de sens. A grand renfort de figures de mode, l'architecture mondiale se
renouvelle constamment, passant par exemple du dogme du blub à celui du porte-à-faux, mais le mouvement semble ronronner, pour ne pas dire qu'il tourne à vide. De plus, ce qui nous est presenté
dans nos revues ne représente qu'une infime partie de la production et nos architectes stars se répendent dans les magazines grand public comme les dernières rockstars. Pourtant nous faisons face à
des changements majeurs de société. D'un côté, les télécommunications ont radicalement changé notre rapport au monde, et d'un autre, l'explosion urbaine des pays en émergence bouleverse notre
manière de considérer la ville. A partir de ce constat je crois qu'il existe une place pour la critique architecturale et urbaine, dégagée des contingences de la pratique, qui contribue à batir une
pensée théorique apte à donner des solutions pour sortir de la crise qui nous afflige. Pour cette critique en architecture, l'enseignement à tirer de notre époque est certainement celui d'une
interdisciplinarité raisonnée, intégrant le lieu d'où on parle, mais ouverte à l'économie, aux sciences humaines et au droit. Profitons donc de la période, de ses errements et de ses trouvailles,
pour fonder une pensée agissante. Pour cela, il faut dépasser le débat étriqué sur les formes et s'ouvrir au contexte spatial, social et historique de l'œuvre (cette dernière étant prise à la fois
au sens de l'ouvrage et de la création). Tournons donc dorénavant nos efforts vers la critique architecturale et urbaine ! JR