Magazine Journal intime

Dégueulasseries

Par Pierre-Léon Lalonde
Ah le doux temps de l'année de la course aux cadeaux, des partys de bureau, des coups de froid dans le dos... J'ignore si j'ai chopée la souche qui provenait de Lachine, de Mascouche-sud ou encore celle de East-Brossard mais cette satanée grippe m'a passé dessus comme un dix-huit roues! Le genre de grippe qui ravale l'homme au rang de la larve et j'exagère à peine...

Tout ça pour dire que le taximan a été sur la brèche ces derniers jours. Et il se voit bien désolé de ne rien pouvoir vous offrir de nouveau à vous mettre sous l'oeil. Mais vous le connaissez, il a bon coeur et c'est avec mansuétude qu'il tentera de décrocher le votre avec cet inédit tiré du livre. Bonne continuation... ;-)
Probablement une des pires courses que j'ai eu à faire. Ça se passe à la fermeture des bars en plein hiver, il fait très froid dehors et les gens se bousculent pour essayer de trouver un taxi encore libre. J'embarque ces trois jeunes filles devant l'ancien Peel Pub sur de Maisonneuve. Les trois montent derrière et m'annoncent qu'elles veulent aller à Pierrefonds dans le nord-ouest de l'île. Quand c'est occupé comme ce soir, ça me fait un peu chier de sortir de mon territoire, mais ça reste une bonne course. Je me mets donc en route.
Je n'ai pas deux coins de rues de fait que la fille assise entre les deux autres se mets à vomir sa soirée. En général quelqu'un sur le point d’être malade a le temps de demander de tasser le taxi, y'a des signes avant-coureurs. Dans ce cas-ci, l'éruption est autant inattendue que violente. La fille dégueule sur les dossiers de mes banquettes avant. Elle m'en fout même sur l'épaule. Je freine l'auto, mais c'est trop tard. La fille continue de se vomir dessus et sur ses comparses. C'est le chaos! Tout le monde crie, moi le premier.
Ma nuit est tout simplement foutue. Tant qu'à faire, aussi bien compléter cette course jusqu'au bout. Au moins je n'aurai pas tout perdu. Évidemment l'atmosphère devient vite irrespirable. L'odeur de bile envahit l'habitacle et j'ai beau rouler à plus de cent sur l'autoroute, j'ouvre tout grand ma vitre question de ne pas être malade à mon tour. Pas nécessaire de dire que je n'ai pas eu à l'ouvrir trop pour créer un froid. Les filles se gueulent entre elles dans un mélange d'anglais, de créole et de québécois. En d'autre temps j'aurais trouvé ce charabia fort ça sympa, mais pour l'instant ce n'est pas le cas.
Le trajet sera un vrai calvaire chargé de miasmes de vomi, de hurlement divers et je ne suis pas au bout de ma peine car avant qu'on arrive à destination, l'une des filles m'annonce qu'il faut arrêter dans un guichet pour aller chercher de l'argent. Grrrr. J'arrête dans une station service, la machine ne marche pas. Un second arrêt, puis un troisième, toujours pas de résultat. Je passe proche de sauter les plombs quand l'une des aspergées me demande pourquoi je n'arrête pas le compteur. La face que je fais lui enlève tout velléités de poursuivre le débat. Celle qui a fait le vide au début de la course annonce enfin que sa mère va payer pour la course.
Chez la mère les hurlements reprennent de plus belle. Évidemment les trois filles sont souillées de vomi et l'emprunt de 50$ pour payer le taxi qui attend à la porte n'a pas l'air de ravir la matriarche outre-mesure. Pendant que l'engueulade fait rage à l'intérieur je regarde dépité l'étendu des dégâts dans le taxi. Je m'empare d'un journal pour à enlever le plus gros. Je passe près de dégueuler à mon tour et je dois quitter le véhicule pour respirer un bon coup. Une des filles revient enfin avec l'argent. Évidemment le compteur dépasse maintenant ce qu'elle me donne mais ce délire a assez duré. Va falloir que je revienne vite en ville dans cette voiture qui donne envie de vomir. Je n'aurai pas droit à d'extra, encore moins à des excuses.
Heureusement ça ne se passe pas toujours comme ça. Je me souviendrai toujours de cet homme sortant de l’Intercontinental. Il a tout juste le temps de me donner son adresse avant de se pencher et de se vider entre ses pieds. La course n’a pas été des plus cordiales. J’ai fait le trajet en maugréant, faisant tout pour entretenir la honte qui animait déjà mon passager. A destination ce dernier m’a réglé la course et c’est tout penaud qu’il m’a filé un 50$ d’extra. J’ai empoché sans remercier et suis reparti aussi sec. Quelques coins plus loin, j’ai arrêté le taxi pour faire un constat des dégâts somme toute limités sur le plancher du taxi. J’ai mis mes mitaines et couvert le tout de neige pour redescendre vers le garage pour laver le tout. À mon arrivée, le dernier souper de mon client s’était agglutiné à la neige et j’ai pu finir ma nuit comme si de rien n’était.
Y’a aussi cette fois mémorable où une cliente est redescendue de son appartement avec un seau, ses produits et ses gants pour nettoyer le dégât que sa copine venait de faire.Comme quoi y’a toujours une exception qui confirme la règle.

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