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Pour le chômage, c’est comme la dette : tout va mieux.

Publié le 29 avril 2010 par H16

On pourrait croire, avec le front de nouvelles économiques qui tombent actuellement, que la situation pue. Eh bien pas du tout. Grâce au Pignoufotron de la presse branché sur Turbo, il reste une belle lumière au bout du tunnel dont on sait qu’on a largement dépassé les trois quarts, et, d’ici, on entend déjà le flonflon léger d’une fanfare qui, entonnant un air de Carla B., nous donne du courage pour les quelques mètres avant la sortie.

Tralala, zing boum,

Tralala, youpi, on voit la lumière au bout du tunnel !

C’est le Figaro qui le dit ! Profitant  sournoisement de l’opération de communication Burqa Au Volant, Ministre Au Tournant, le quotidien nous a concocté une magnifique praline au goût sucré-salé intitulée « Le chômage en baisse pour la première fois depuis dix mois« .

Aaaaah, en voilà du soulagement ! Le chômage se résorbe, la crise est passée, la reprise est certes fragile mais bel et bien présente, Christine Lagarde va pouvoir nous fagoter une jolie déclaration pimpante, et …

Et quand on voit le graphique …

Pour le chômage, c’est comme la dette : tout va mieux.

Légère Baisse ? Non Mais Vous Vous Foutez De La Gueule De Qui, exactement ?

On comprend que la lumière au bout du tunnel, c’est celle d’un ICE Allemand (les TGV sont trop souvent en grève, que voulez-vous) qui nous arrive dessus. Quant aux flonflons, ils sont bien là, mais ce sont ceux d’une fanfare d’un pays communiste dictatorial avec lequel l’UMP, on s’en rappelle, fricote sans complexe.

Bien. Arrivé à ce point du constat, que dire du titre du Fig ? Malhonnêteté ? Stupidité ? Méchanceté ? Cynisme ? Bêtise ? Mélange de tout ça ?

En réalité, l’article explique rapidement ce qui se passe :

Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté dans toutes les catégories, sauf dans celle de référence, la catégorie A où il a reculé de 0,2% soit une baisse de 6.600 personnes sur un mois. Cette éclaircie reste à confirmer.

Donc en gros, il y aurait 6600 demandeurs d’emplois de moins dans une catégorie, et partout ailleurs, ça continue à grimper, et en plus, on n’en est pas totalement sûr (de la baisse, hein – pour ce qui est de « ça grimpe », je suis prêt à parier une chemise neuve dessus).

Tout le reste de l’article est un salmigondis de chiffres pour détailler quelle partie baisse quelles parties montent, qui assomme le lecteur entre le deuxième et le troisième paragraphe, sans espoir de réanimation.

Je résume : titre pourri, contenu assommant et confus, graphique pas vraiment roboratif … Pignouferie de bon calibre.

Ici, j’ai pris l’article au Fig, mais on trouve toute une panoplie de bêtises de la même chaîne de fabrication industrielle dans les autres organes. Et comme de juste, les journalistes concernés ont tous bondi sur l’occasion de bien faire leur travail : le nombre total de chômeurs, tout compris, et tenant compte aussi des estimations des personnes qui ne cherchent plus vraiment parce que découragées ou radiées, … n’est pas disponible.

A la louche, on peut estimer que, très probablement, plus de 3.000.000 de victimes sont donc concernées de près ou de loin par le chômage (les catégories A, B, C, bien sûr, et la catégorie Z, souvent oubliée mais essentielle : la personne est sans emploi, désire travailler mais ne trouve rien et préfère rester chez elle sans trop en parler à ces buses de l’administration parce que Paul Emploi est un autiste qui lui propose des stages non rémunérés pour poser du carrelage à 300 km de chez lui).

(Et puis bon, à la limite, le chiffre exact, on s’en tamponne : le chômage est maintenant à des taux records, continue de grimper, et les ministres planchent dur dur sur une interdiction de la burqua.)

Je trouve donc que le titre manque, messieurs les journalistes, d’une certaine pudeur. Dirons-nous. Bande de truffes.

A ce titre, je tiens à signaler les articles récurrents (et, par voie de conséquence, celui de ce mois-ci) de Peuples.net qui permettent de remettre en perspective les escobarderies insolentes qu’on nous présente comme des statistiques de l’emploi en France.

Pour le chômage, c’est comme la dette : tout va mieux.

D’autant que bon, ces jolis chiffres amoureusement bricolés dans une arrière-cour sombre et humide, ils ont vraiment du mal à s’accommoder avec la réalité, toujours aussi compacte, toujours aussi bêtement réelle, et qui semble nous narguer avec le taux de défaillance des entreprises, résolument à la hausse lui aussi.

Plus de défaillances d’entreprises, moins de chômage ? Allons ! Qui peut croire ça ?

Pire : qui peut le relayer dans un journal ?

La Presse Fraônçaise, pardi !


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