Cela fait plusieurs mois que je prédis la fin de la Belgique. L’agonie vient de prendre un tour plus prononcé, avec la démission, attendue, du premier ministre, Yves Leterme.
Qu’ajouter ?
1/ Que le séparatisme flamand exprime plusieurs choses : à la fois un égoïsme de nantis, ne nous y trompons pas. Mais on ne saurait le réduire simplement à cela. Il faut en effet le comparer à ce qui se passe aux Pays-Bas, où les listes radicales se portent également très bien : le refus de l’émigré qui serait une menace contre l’équilibre social fait incontestablement partie de l’équation flamande. Dès lors, comme les partis radicaux prônent simultanément une politique anti-immigrés et le séparatisme flamand, il y a une sorte de confusion des genres. Dernier point : la crispation identitaire n’est pas seulement la revanche contre une domination culturelle et linguistique des wallons pendant plus d’un siècle, elle exprime également le sentiment d’effacement d’une culture devant la mondialisation. Avez-vous noté qu’il n’y a point de rattachisme des Flandres vers les Pays-Bas, à la différence de ce qui se passe en Wallonie ? La chose est d’autant plus surprenante que les Flamands sont une population commerçante, et tournée vers le grand large, qu ce soit par ses rivages (la Wallonie est enclavée) ou par ses ports.
Il me semble donc opportun d’examiner les dessous de ce raidissement flamand, plutôt que de se contenter de la seule explication du revanchisme social, qu’on nous sert à toutes les sauces.
2/ Par myopie, je présupposais une alliance naturelle entre francophones de Bruxelles et Wallons. J’ai l’impression que cela ne correspond pas à la réalité. Bruxelles serait assez indifférente au sort des Wallons. Différence de niveau de vie, influence des institutions internationales, cette ville vit déjà dans une sorte d’extraterritorialité. Il n’est donc pas du tout évident qu’on s’achemine vers un tombolo bruxellois, comme je le pronostiquais naguère.
3/ Enfin, force est de constater que l’Europe ne protège plus. Elle a longtemps assuré cette fonction de contrepoids aux Etats nationaux, permettant justement d’équilibrer les aspirations régionales. S’étonnera-t-on que l’affaiblissement européen accompagne un raidissement régionaliste ?
O. Kempf
voir ce lien sur bruxelles 2