Il y a quelques temps se terminait en apothéose médiatique le Grenelle de l’environnement où Jean-Louis Borloo, le ministre au grand cœur clamait à tous ceux qui voulaient l’entendre sur toutes les chaînes de télévision que rien ne serait plus comme avant !
Tout allait être revisité : le transport urbain avec un fort soutien au tramway (plus de 1500 km), l’efficacité énergétique de l’habitat, la carotte et le bâton pour développer la vente de véhicules peu émetteurs de CO2, le fret marchandise ….
Concernant le fret, la mise en service de l’autoroute ferroviaire reliant le Luxembourg à l’Espagne par l’Est de la France est une bonne chose qui ne permet toutefois pas d’apporter une réelle diminution de la quantité de camions en transit du fait du faible flux supporté par cette infrastructure.
Le projet d’une seconde autoroute ferroviaire reliant le Nord de la France à l’Espagne par l’Ouest permettant de soulager l’autoroute A10 qui est saturée par des « trains de camions » est également une bonne chose. Il faut toutefois faire en sorte que cette autoroute ne soit pas inaugurée dans 20 ans et qu’elle permette d’assurer un flux supprimant tous les camions en transit sur ce parcours.
Ces deux bons points étant donnés, il faut maintenant évaluer la globalité de l’activité fret en France et là, le constat est amer et beaucoup plus nuancé. En effet, la suppression du fret isolé va jeter de nombreux camions sur les routes et le bilan global de la restructuration du fret risque d’être très négatif.
En Indre-et-Loire, la conséquence de la politique fret de la SNCF va conduire à la fermeture de seize gares (Château-la-Vallière, Château-Renault, La Haye-Descartes, Joué-lès-Tours, Monnaie, Neuillé-Pont-Pierre, Notre-Dames-d’Oé, Reignac, Sainte-Maure, Tournon-Saint-Martin, Trogues, Villeperdue et Saint-Pierre-des-Corps) jetant ainsi des centaines de camions sur les routes.
A l’heure où les impacts de l’activité humaines sur l’environnement deviennent de plus en plus préoccupantes, on voit que l’économie à court terme a encore pris le pas sur le long terme.
On oublie simplement que les coûts de la réparation des dégâts écologiques – si cette réparation est encore possible – vont impacter de plusieurs points le PIB dans quelques années.
J’espère que les décideurs n’ont pas le cynisme de penser que ce sera le problème de nos enfants et qu’après nous point de salut !
Dominique Lemoine