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15 mai journée des Non-Parents à Paris.

Publié le 30 avril 2010 par Evangeline
J'ai découvert - grâce à une personne qui m'en a parlé aujourd'hui -  l'existence de la "Fête des non-parents" qui se tiendra le 15 mai prochain à Paris. (Tout ceci s'intercalant joliment entre la fête des mères et la fête des pères). J'avoue qu'au premier abord, j'ai pris ça pour une vaste blague, un pied-de-nez à ces acharnés de la natalité et de la démographie, à ceux qui se demandent anxieusement "qui-va-payer-nos-retraites-si-l'on-n'atteint-pas-le-seuil-fatidique-des-2.1enfants-par-femmes"...Premier réflexe, je me suis dit "j'y vais à cette soirée" !!  Pourquoi ? parce que même si ça ne m'a jamais, mais alors vraiment jamais travaillé cette question, j'ai tout de même après réflexion revécu tous ces moments de ma vie où j'ai dû plus ou moins justifier de mon non-désir d'enfant.
Tout à coup, je me suis dit que quand même des femmes de mon âge, sans enfant et par choix, je n'en connais pas des masses et l'idée de me retrouver avec des personnes qui me trouveront normale et qui ne rechercheront ni sens caché, ni je ne sais quelle culpabilité non avouée m'a soudain semblée rassurante, agréable et...irrésistible.
Les groupes "child-free" voire les anti-natalistes, sincèrement, je n'en avais jamais entendu parler. Pour dire à quel point la question ne m'a jamais tracassée, je ne me suis jamais penchée sur le problème.
Depuis aussi longtemps que je me souviens, je n'ai jamais voulu avoir d'enfant. C'était comme ça et cette certitude était si bien ancrée en moi qu'elle me semblait aussi naturelle que de respirer.
Je suis issue d'une famille non seulement ouverte et tolérante, mais aussi d'une lignée féminine qui n'a pas "eu le choix"et pour qui avoir des enfants faisait partie du parcours obligé, la question ne se posait pas non plus. 
Je suis plutôt du type à affirmer mes convictions et à assumer mes choix. Mes goûts en matière d'hommes m'ont naturellement portée vers des partenaires qui ne désiraient pas avoir d'enfants...J'ignore s'il s'agit de coups de chances à répétition ou de la reconnaissance instinctive que ces hommes là ne poseraient pas de problème. Toujours est-il que dans mes divers couples, la question n'a jamais fait débat. 
J'ai en revanche été confrontée au "problème" lorsque j'ai démarré une carrière professionnelle. En effet, je me suis retrouvée à n'avoir pas le choix que donne l'amitié et à me retrouver obligée de partager une bonne partie de mon temps avec des femmes "intégrées"...j'entends par intégrées, celles qui ont tendance à suivre un parcours "classique" mari, enfants, maison, carrière.
 
Ce parcours, je n'ai instinctivement jamais voulu suivre, je n'ai jamais désiré me marier même si je l'ai fait brièvement, je n'ai jamais souhaité devenir propriétaire de mes murs, je suis une adepte de ma vision de la liberté. 
Quelle est donc cette toute première question qu'une femme vous pose quand vous êtes nouvelle dans une entreprise et que l'on désire engager la conversation ? "Es-tu mariée ?" suivie de très près - sinon précédée par-  "as-tu des enfants ?". 
Bizarrement, si on ne demande jamais pourquoi une femme a eu 3 enfants, on demande invariablement à une femme "en âge de procréer" pourquoi elle n'en a pas eu. Souvent d'ailleurs tout d'abord sur la pointe des pieds des fois qu'un problème de stérilité et donc un traumatisme serait l'orginine du problème.
  
Avant mon divorce, ceux qui me posaient la question et à qui je répondais par la négative me prenaient parfois pour une lesbienne (cas classique, paraît-il !) 
Après mon divorce (ou durant mon mariage) on y allait donc sur la pointe des pieds "Tu ne peux pas ou tu ne veux pas  ?" avec un air concerné. Et lorsque je répondais qu'il s'agissait d'un vrai choix de ma part j'ai eu parfois droit à un regard réprobateur voire légèrement dédaigneux. D'autant que tout ceci était profondément naturel pour moi, je n'ai jamais tenté de justifier quoi que ce soit. C'était comme ça, point.
Car quelle femme est-on lorsque l'on ne désire pas se reproduire ? Une femme "douteuse" de toute évidence !
Finie les confidences près de la machine à café, on ne fait pas partie du club.
Plus jeune, on me disait sans arrêt que je changerais d'avis. C'était une certitude absolue de la part de celles qui avait eu le grand bonheur de donner la vie. J'avais beau dire que non, que j'étais sûre de moi, rien n'y faisait. Elles savaient mieux que moi qu'un jour ma fameuse horloge biologique se mettrait à faire un vacarme assourdissant et que je m'empresserais de rentrer dans la norme. Las, même si les moyens physiques sont toujours là, je n'ai jamais entendu le moindre son de cette fameuse horloge. Ceci dit, même à quarante ans dépassés certaines  soupçonnent encore que je pourrais bien craquer un jour ou l'autre...
Alors je me suis un peu renseignée sur la question, là, ce soir, parce que je me suis rendue compte qu'il s'agit non seulement d'un sujet plus ou moins tabou mais surtout qu'il fait peur à la société (entre autres, pour les raisons évoquées plus haut). Car on se rend compte que non seulement les femmes font des enfants de plus en plus tard, mais qu'en plus elles en font de moins en moins et que nous sommes de plus en plus nombreuses, nous autres, à ne pas vouloir nous servir de nos organes reproducteurs.
Si vers la trentaine j'aurais pu - allez soyons fous - envier ne serait-ce que quelques secondes certaines de mes amies qui, mariées, dans leur maison nouvellement acquise, pouponnaient amoureusement leur premier né. Il est tout à fait évident que je n'envie pas du tout, mais alors vraiment pas, mes amies d'aujourd'hui, fraîchement divorcée qui élèvent seules des ados en furie tout en bataillant avec leurs horaires de dingues, leurs salaires de misère, le ménage et la rébellion dans le fraîchement loué 2 pièces en banlieue.
Egoïste moi ? Ni plus ni moins qu'il y a trente ans quand m'est apparue comme une évidence le fait que je ne voulais pas être mère, que je n'en ressentirais jamais le besoin.
Ce qui est frappant dans cette société, c'est que j'ai pas mal d'amis hommes qui, ayant à peu près le même âge que moi, n'ont pas eu d'enfants. Je n'ai jamais entendu une seule personne leur demander pourquoi. 
Ca se fait pourtant un peu à deux ces trucs là, non ? 
D'autant que j'en vois un paquet de ces hommes qui n'ont pour ainsi dire jamais élevé leur enfant. Il râlaient contre la pension à payer (quand il le faisaient) mais vivaient loin des contingences quotidiennes de leurs ex qui bataillaient seules entre carrière et éducation de la progéniture. 
Mais cette société, comme souvent, ne culpabilisera que la femme nullipare (bonjour le thème barbare, soit dit en passant !). Celle qui pendant des milliers d'années n'a eu d'autre choix que d'être mariée et mère. Celle à qui l'on a refusé les droit les plus élémentaires - droit de vote, éducation, possession de son propre compte bancaire, avortement et même pour beaucoup accès à la contraception, voire majorité légale - va se retrouver responsable de la déchéance économique de son propre pays !!
Je me souviens de deux seuls vrais clashs lorsque j'ai abordé le sujet à différentes occasions dans ma vie. La première fois, lorsque j'ai répondu de façon naturelle et décontractée à une collègue de travail que je ne voulais pas d'enfant "tout simplement par que je n'en ressentais pas l'envie" celle-ci m'a littéralement fait une crise de nerfs. J'ignorais que celle-ci avait subi pendant des années tous les traitements possibles et imaginables pour pouvoir tomber enceinte. C'était pour elle un vrai traumatisme et le grand désespoir d'une vie.
Ceci dit, comme l'a joliment dit une autre blogueuse sur ce même sujet " j'ai un cerveau qui fonctionne, j'aurais pu aussi devenir médecin, j'ai des muscles j'aurais pu devenir transporteur"...Ben oui, tout n'est qu'une question de choix et de liberté individuelle.
Le second clash, plus récemment, a eu lieu bizarrement avec un homme qui, lorsque nous avons abordé le sujet (non pas qu'il se passait quoi que ce soit entre nous) m'a littéralement insultée, me traitant ni plus ni moins que d'erreur de la nature, de monstre d'égoïsme qui devrait avoir honte de ses "entrailles infertiles"...ou un truc dans le genre. J'avoue qu'en dehors du fou rire que les termes employés ont déclenchés chez moi, j'ai eu un vrai aperçu de ce qu'un macho primaire peut éprouver comme dégoût à l'encontre des femmes.
Pour ce genre d'hommes, je ne préconise que cette solution là : 
Ok, un peu extrême mais quand on en est réduite à n'être considérée que comme un utérus sur pattes, ça énerve un peu...
Alors pour ceux qui seraient intéressés :

Amusons-nous, amourons-nous

et ne nous reproduisons que comme des pandas,

c'est-à-dire peu, ou pas du tout !
Information et lieu de rendez-vous :
http://nonparents.skynetblogs.be/


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