Axel Kahn : un type bien

Axel Kahn, comme son frère Jean-François, a le rire aisé et la parole passionnée et grave. Sa vie se construit autour de deux injonctions paternelles : "un garçon bien ne dit pas ça" la première, lui fut énoncée à l'âge de sept ans, après qu’il ait interpellé un camarade avec des accents racistes et la seconde, il la lit dans la lettre que son père écrivit avant de se jeter d'un train à pleine vitesse, "il faut faire durement les choses nécessaires… sois raisonnable et humain". Il n’a eu de cesse que de faire coller sa vie à ces préceptes « Déchiffrer ces messages a été l'un des fils rouges de mon itinéraire intellectuel et de ma vie d'homme. Je ne suis pas certain d'y être parvenu dans le sens exact que Jean Kahn donnait à ses propos, mais j'ai élaboré moi-même un corpus de valeurs que je suis capable d'expliciter, de fonder en logique, de telle sorte que mes interlocuteurs et lecteurs puissent s'en saisir pour les contredire ou se les approprier." Quatrième de couverture de son dernier livre "Un type bien ne fait pas ça".

De l’humain, il a exploré toutes les facettes, physiologique, intellectuelle et son niveau de réflexion en fait un sage dont les avis sont toujours empreints d’une grande humanité.

Une fois de plus le célèbre généticien confie dans son dernier ouvrage, la part de réflexion et de conviction qu’il porte pour éclairer et transmettre une pensée creusée dans le vif de la vie. L’homme est flamboyant, le scientifique est brillant, ses ouvrages en témoignent. Son introspection a valeur d’exemple en ce sens qu’elle explique la morale qui soutend ses prises de position et montre comment s’élabore une réflexion approfondie autour de problématiques infiniment complexes que les progrès scientifiques et l’évolution de la société font surgir : procréation pour autrui, l'homoparentalité, l'euthanasie... tout en mettant en garde contre les " icônes corruptrices " (dévalorisation de l'Autre, utopie scientiste, passion, argent...) qui peuvent fausser le jugement des médecins ou des scientifiques, même les plus éminents.

 Avec une grande honnêteté, il explique sa démarche. A la question du journaliste du Point : « Pourquoi ce besoin de vous raconter ? Doit-on, dès lors que l'on s'exprime dans le domaine de l'éthique, forcément expliquer d'où l'on vient ? »

Axel Kahn répond « Oui, car à mes yeux d'agnostique l'éthique ne consiste pas à interpréter une loi morale révélée, mais à donner un point de vue. Or le point de vue dépend évidemment d'où l'observateur se place. Je crois donc fondamental de préciser quelles sont les bases culturelles et éducatives, quels sont les expériences et les présupposés qui ont façonné ma personnalité morale. C'est une clé de lecture essentielle et l'exercice vaudrait d'ailleurs pour tous les individus qui usent de la parole publique. Vous-mêmes, journalistes, il serait parfois bien utile de comprendre ce qui a façonné votre subjectivité. »

Une réflexion ouverte, jamais figée qui évolue en permanence, une honnêteté intellectuelle, qui rend précieuse voire même indispensable la lecture de ses livres.

Quant à savoir s’il est un « type bien », Axel Kahn qui s’avance vers ses 66 ans prétend qu’il ne sait toujours pas ce qui en fait l'essence  mais affirme qu’il a toujours essayé d’en être un.

Axel Kahn

Un type bien ne fait pas ça

Editions NIL