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(UK) Doctor Who, series 5, episode 5 : Flesh and Stone (2)

Publié le 02 mai 2010 par Myteleisrich @myteleisrich
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Cette deuxième partie du double épisode nous confrontant de nouveau aux Weeping Angels aura finalement pris un tournant beaucoup plus mythologique qu'attendu, réunissant cette intrigue au grand fil rouge de la saison qui est désormais posé explicitement au grand jour. Assez dense, plongeant le téléspectateur dans les paradoxes des courbes temporelles qui se croisent et se re-écrivent, ce double épisode aura constitué tout autant une grande aventure, cocktail détonant d'action et de frisson, assaisoné d'une pointe d'humour, qu'une étape décisive dans l'installation de la mythologie de la saison.

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En guise d'entré en matière, le Docteur propose une superbe petite astuce très Whonesque afin de se sortir d'une situation bien difficile, en s'amusant avec les lois de la gravité. Non dépourvue d'originalité et de cette petite touche de folie indispensable à tout twist de la série, c'est une résolution expéditive, mais adéquate, dans la tradition de Doctor Who, qui permet de clôre le cliffhanger et d'enchaîner sans temps mort sur la suite des aventures. Depuis le début de l'année, les médias britanniques ont souvent évoqué les coupes budgétaires imposées par la BBC ; on pouvait se demander ce que cela donnerait pour la nouvelle saison de Doctor Who. Sur un plan visuel, il faut constater, devant un tel épisode, que l'on ne ressent aucun changement notable dans le cadre proposé pour cette aventure. Le décor et les effets spéciaux ne sont pas ostentatoires, mais ils ne dépareillent pas et sont à la hauteur.

Réussir à réintégrer le vaisseau n'était, pour le Docteur et ses compagnons, qu'un moyen de retarder l'inévitable assaut des Anges. Si ces derniers vont se retrouver plus en retrait au fil que cet épisode progresse, laissant place à un autre mystère, plus grand et plus important encore, Steven Moffat va cependant réussir à exploiter ce potentiel de frayeur inhérent à ces créatures, incontournable et nécessaire pour des téléspectateurs qui n'ont jamais pleinement dépassé le traumatisme engendré par Blink.

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La tension va ainsi aller crescendo dans le premier tiers de l'épisode, au cours duquel la course-poursuite avec les Anges se transforme en un bref huis-clos qui les conduit finalement dans une improbable forêt à bord du vaisseau. C'est d'ailleurs très intéressant de voir l'utilisation habile qui est faite du changement d'environnement. Si le fait d'être cerné, à bord du vaisseau, avait un caractère particulièrement oppressant, huis-clos un peu étouffant, la fuite dans les bois offre un changement de perspective et ouvre de nouvelles possibilités pour jouer avec les peurs du téléspectateur. A nouveau, c'est Amy qui va nous faire partager ses frayeurs. Il était déjà établi que le fait qu'elle ait regardé un Ange droit dans les yeux allait avoir des conséquences importantes. Un peu de la même façon qu'avec la reproduction par l'enregistrement vidéo, un Ange se développe dans son esprit. On a ici une déclinaison intéressante de l'aspect mystique attaché à ces créatures : l'Ange a en quelque sorte capturé son âme, et son corps par la même occasion.

Amy va assurément nous offrir les scènes les plus inquiétantes de l'épisode : cette traversée de la forêt, portée par un petit thème musical sobre comme il faut, les yeux fermés, avec une faille spatio-temporelle qui grignote la réalité et des Anges tout autour d'elle, restera dans les mémoires. Plus que les jeux de lumières auxquels l'épisode s'était essayé plus tôt pour illustrer l'assaut des Weeping Angels, c'est cette marche qui va occasionner les moments les plus glaçants de l'épisode. Il faut à ce titre saluer l'imagination des scénaristes, car le cadre y joue pour beaucoup : cette ambiance particulière, entourée d'arbres, on pourrait une nouvelle fois l'associer aux images d'Epinal renvoyées par les passages les plus sombres des contes de fées de notre enfance. C'est la forêt inhospitalière où le héros s'égare et fait des rencontres inquiétantes. La traverser les yeux fermés est une action chargée d'une symbolique particulière. Et au cours de ces scènes, il faut saluer la prestation de Karen Gillan. Elle correspond parfaitement à ce qu'on attend d'elle : fraîche, apeurée, authentique.

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Cependant, l'enjeu réel de l'épisode se déplace progressivement. Si l'intrigue des Weeping Angels s'étire en longueur jusqu'aux deux tiers de l'épisode, prenant le temps d'exploiter les thématiques angoissantes qui s'y rattachent, elle n'est plus l'enjeu central, laissant place, de façon assez inattendue, au fil rouge de la saison. Ce dernier s'installe ainsi sur le devant de la scène : les craquelures dans l'univers et les failles spatio-temporelles qui s'ouvrent ne sont plus cantonnées à un clin d'oeil de fin d'épisode. Doctor Who ne nous avait pas habitué à un développement aussi conséquent, de ce qui devrait occuper l'arc du season finale, aussi tôt dans une saison. Jusqu'à présent les petits indices peu subtiles, disséminés au gré des aventures, s'inscrivaient dans une certaine tradition d'introduction de fil rouge ; avec Flesh and Stone, Steven Moffat passe résolument à la vitesse supérieure... pour mieux perturber le téléspectateur en suscitant surtout de nouvelles questions, sans apporter de réelles réponses.

Cependant, la gestion de ce mystère, dont le danger est toujours plus grandissant et devient concret, se révèle assez prenante, même si certaines évidences mettent un peu de temps à être énoncées à voix haute. L'importance d'Amy, figure centrale sans que l'on en comprenne les raisons, s'impose rapidement. Il faudra quand même au Docteur tout l'épisode pour reconnaître la place spéciale de la jeune femme, au coeur du processus en marche. Le schéma ainsi choisi n'est pas sans rappeler celui de la saison 4, avec une Donna, assistante destinée à avoir un rôle déterminant dans l'Apocalypse de fin de saison à éviter. Encore une fois, ce n'est pas le hasard qui a placé Amy sur la route du Docteur. Leur rencontre, comme le fait qu'elle soit devenue son assistante, ne sont pas des coïncidences. Le sort d'Amy reste encore inconnu. Mais j'apprécie le fait que tout soit relié à des destinées plus larges qui dépassent la simple vie quotidienne de nos héros. Cela confère un sens supplémentaire à la présence d'Amy aux côtés du Docteur, qui jète une lumière nouvelle sur l'ensemble.

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Flesh and Stone est donc un épisode fondamental, mythologiquement parlant, mais qui pose surtout les bases d'une storyline/fil rouge d'une complexité presque déstabilisante. Je ne suis d'ailleurs pas certaine d'avoir pleinement compris toutes les implications de ce qui est en train de se produire, même si on devrait avoir de nouvelles précisions dans le futur. En résumé, c'est le temps, la réalité qui s'effondre, et avec cela, les évènements se re-écrivent, l'Histoire change... au fil de ces craquelures. Les êtres qui disparaissent dans ces failles voient leur vie effacée comme s'ils n'avaient jamais existé. Seules des personnes déjà arrachées à leur ligne de temps, des voyageurs temporels, ne sont pas affectés par ce phénomène auquel il est assez glaçant d'assister.

Tout se met en place pour l'explosion finale. Le moment clé est d'aileurs déjà fixé : le 26 juin 2010. Il s'avère que le Docteur aura entraîné Amy loin de son époque, la veille de ce jour qui apparaît comme une date fatidique pour l'Univers tout entier. C'est en effet le 25 juin au soir qu'il est revenu et a emmené Amy dans ses aventures, l'éloignant de la ligne temporelle qu'elle aurait dû suivre. Le 26 juin 2010, c'est le jour où est aussi prévu son mariage. La prise de conscience du Docteur, à la fin de l'épisode, sur l'importance d'Amy et sur cette date, était attendue du téléspectateur ; reste désormais à comprendre ce qui relie la jeune femme à tous ces évènements. Accessoirement, le 26 juin 2010 est également la date de diffusion du season finale de cette saison 5. Le fil rouge de la saison est désormais clairement tracé.

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Signe de sa richesse, Flesh and Stone ne se contente pas de soigner la mythologie apocalyptique en prévision de la fin de saison. Il est nécessaire de parler du personnage de River Song. Après avoir été particulièrement mis en avant au cours de la première partie, elle se retrouve plutôt en retrait dans ce second épisode, comme pour équilibrer l'impact de son personnage avec la présence d'Amy. Moins déterminante dans la résolution de la problématique des Anges, la jeune femme se voit surtout attribuer la fonction de distiller une pointe de mystère supplémentaire, à un épisode qui n'en manque déjà pas. Les craquelures temporelles achèvent d'embrouiller un téléspectateur déjà un peu égaré au milieu de tous ces paradoxes et qui en est bientôt réduit à dresser des schémas sur un brouillon, à côté de sa télévision, pour s'y retrouver dans ces différentes lignes temporelles et ces relations qui se construisent à l'envers.

Reste que River délivre un "au revoir" qui appelle des retrouvailles prochaines. Outre cette mention récurrente à Pandorica, elle révèle également un autre secret, ambivalent dans son contenu, mais assorti d'une étrange sérénité dans la tonalité avec laquelle il est présenté. Si River était en prison, c'est parce qu'elle a tué un homme. Qui ? "The best man I've ever known", répond-elle sans donner son identité. Je suppose que chaque téléspectateur peut comprendre cette phrase comme il le souhaite. Mon premier réflexe a été de me dire qu'il s'agissait tout simplement du Docteur lui-même. Même si les ecclésiastiques ne semblaient pas le connaître, le ton et le regard de River m'amènent instinctivement à cette première interprétation. Ce qui n'empêchera de toute façon pas d'autres aventures d'avoir lieu. Faut-il s'attendre à des retours récurrents de River à travers les prochaines saisons ? Le prochain rendez-vous est en tout cas pris, "when Pandorica opens" (un élément du futur du Docteur et de la saison ; mais du passé de River, donc).

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Achevant (déjà) le cinquième épisode la saison, le téléspectateur dispose désormais d'un peu plus de recul pour apprécier ces nouveaux héros quotidiens qu'il suit chaque samedi soir. Sur le plan de la caractérisation des personnages, je dois dire que je suis très satisfaite de la performance de Matt Smith, ainsi que de la façon dont Eleven voit sa personnalité s'affirmer peu à peu. Flesh and Stone s'avère être, une fois encore, un épisode où la versatilité du Docteur est mise en exergue et pleinement exploitée. Tour à tour conciliant, compréhensif, arrogant, particulièrement direct, ou même vraiment en colère, il y a quelque chose de particulièrement intense, mais aussi de très ambivalent chez Eleven, un investissement qui se mêle d'une certaine prise de distance avec les évènements  qui l'entourent : il est assez difficile de le traduire en mots, mais cela engendre un ressenti très intéressant à l'écran.

Je suis en revanche un peu plus mitigée en ce qui concerne Amy Pond. Il y a des moments où je la trouve juste parfaite, pleinement épanouie dans un rôle de Wendy sur les traces de Peter Pan qui lui sied à merveille. Ainsi, dans cet épisode, durant la traversée de la forêt, Karen Gillan était excellente. Elle ramène à la vie, de façon très naturelle, nos peurs enfantines les plus enfouies, le tout mise en scène avec une fraîcheur étonnante. Cependant, comment interpréter cette scène finale, où accompagnant une chute brutale d'adrénaline, toute la tension et la peur se relâchent pour se transformer en une "explosion hormonale" (le qualificatif restant encore à arrêter), au cours de laquelle elle poursuit sa fuite en avant par rapport à son mariage, en jetant son dévolu sur le Docteur. Il y a une part en moi qui rejète en bloc toute idéee d'intimité entre nos deux héros. Amy n'a certes pas l'infatuation pesante que pouvait manifester Martha. C'est aussi rassurant de voir que le Docteur la repousse sans y réfléchir à deux fois, tandis qu'il commence à mettre en ordre les pièces du puzzle qui prend place sous ses yeux depuis le départ et à comprendre l'importance d'Amy Pond. Mais cette scène m'a paru assez artificielle, comme si les scénaristes avaient maladroitement jouer sur un degré de comédie, sans que la tonalité prenne vraiment. Ca reste anecdotique pour le moment, mais ce sont des sujets sensibles sur lesquels Steven Moffat doit être prudent.

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Bilan : Flesh and Stone est un épisode particulièrement dense qui clôture une aventure, tout en posant des bases mythologiques déterminantes pour le reste de la saison. On y retrouve beaucoup d'ingrédients très différents, de l'exploitation de l'angoisse liée aux Anges jusqu'aux paradoxes temporels dans lesquels la série plonge sans retenue, et avec un plaisir évident, le téléspectateur. Mené à un rythme prenant, l'épisode est vraiment plaisant à suivre grâce à cette diversité et à cette richesse. Il n'évite cependant pas quelques maladresses dans la gestion de certains aspects des fils rouges qu'il pose. Mais dans l'ensemble, même s'il part dans des directions un peu inattendues après la tonalité de la première partie, il est à la hauteur des attentes des téléspectateurs.


NOTE : 8,5/10


A noter la très belle réalisation de l'épisode qui nous aura proposé une certain nombre de plans vraiment superbes, tel celui-ci :

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La bande-annonce du prochain épisode (Direction Venise... et l'exploration d'un mythe très terrien : les vampires) :


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