Je reçois un courriel d'un brillant esprit qui vit de subventions européennes mais crache sur "l'addiction à la dépense publique dont font preuve les sociétés européennes qui y consacrent plus de la moitié de leur richesse".
Ce cerveau fertile prolonge cette tirade bravache d'un truisme qui mériterait de figurer dans un nouveau dictionnaires des idées reçues : "un petit européen qui nait aujourd'hui doit déjà 21 585 euro."
Combien de fois n'a-t-on pas lu cette complainte au bébé endetté, rhétorique infâme, de bas niveau ?
Une remarque à ce bon européen qui a appris ses leçons de novlangue :
21 585 euros c'est à peine plus que le coût annuel de fonctionnement d'une place de crèche (cf. note du CEPREMAP). Pourquoi faudrait-il s'étonner de voir l'Etat s'endetter à hauteur d'une année de crèche lors de la naissance d'un bébé ? Avec une production annuelle par habitant d'une vingtaine de milliers d'euros, le cher bébé en question aura bien le temps de rembourser...
Il ne s'agit pas de nier l'importance de la bonne gestion publique. Juste de souhaiter que les débats au sujet des déficits ne soient pas rythmés par les seules exigences, fort volatiles, des agences de notation.