Précipitez-vous place d'Iena : les oeuvres des musées pakistanais envoyées pour l'exposition sur l'art du Gandhâra ne sortent que très peu et elles modifient profondément la perception que l'on peut avoir de cette fertile civilisation.
Au fond, l'art du Gandhâra ne nous est connu que par des poncifs sur la prétendue synthèse entre culture grecque et culture indienne. Mais les choses sont beaucoup plus complexes : l'apport perse est important ; chaque ville de ce vaste espace, aujourd'hui partagé entre Pakistan et Afghanistan, développait son propre syncrétisme religieux et iconographique et, surtout, la chronologie n'est pas celle que l'on croit.
Ainsi, les premières représentations du Bouddha sont apparues au Gandhâra et non en Inde et l'influence de la statuaire grecque, par ce truchement, sur le développement de l'expression artistique extrême-orientale apparaît déterminante. Quelle plus belle démonstration de la fluidité et de la mixité des processus de production culturels ?
En tout cas, aucune hésitation : c'est une chance de pouvoir admirer ces chefs-d'oeuvre à Paris. Nous vous recommandons chaudement l'"apothéose bouddhique", magnifique sculpture due au ciseau d'un grand maître dont le nom est perdu à jamais.