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La sécurité sociale en péril

Publié le 07 juin 2007 par Kesjendi

Il y a un gros péril sur la sécurité sociale, et ce n'est pas de son fameux "trou" dont je parle, mais de la façon dont le président récemment élu envisage le problème.

Oui, le déficit cumulé de la sécurité sociale atteint 100 milliards d'euros et c'est plus que préoccupant. Oui le déficit s'est accru de 10,2 milliards en 2006, dont 6,3 milliards pour la branche maladie.
C'est indéniable, il y un problème de recettes ou de dépenses, plus probablement les deux. Il faut trouver une solution rapide et pérenne à cette hémorragie.

Le candidat Sarkozy avait bien entendu évoqué le sujet et exposé son point de vue : pour lui l'assurance maladie est une assurance comme une autre, et il faut responsabiliser les clients assurés pour qu'ils ne dépensent se soignent plus inconsidérément.
Car pour Nicolas Sarkozy les français usent et abusent de l'assurance maladie alors qu'ils n'en ont pas tant besoin que ça.
Ainsi pour les responsabiliser et les faire réfléchir à deux fois avant de consommer des soins, il se propose d'instaurer des franchises annuelles comme dans tout autre assurance.
Car il "ne connais aucune assurance au monde qui ne comporte pas de franchise", et il ne voit pas pourquoi il en serait autrement pour l'assurance maladie.
Ainsi, il élude l'aspect solidaire du système de santé français et ce faisant prépare ce qu'il a en tête pour dans quelques temps : un système d'assurance privée régie par les lois du marchés.

Ce qui est choquant c'est de comparer l'assurance maladie à tout autre assurance, car notre santé n'est pas un bien quelconque qu'on voudrait pouvoir remplacer en cas de dégradation.

Une franchise sur l'assurance d'un véhicule incite le conducteur à faire attention lorsqu'il est au volant ou au guidon, peut-être même que ça le responsabilise sur son comportement routier.
Encore que, lorsque je vois comment ça roule en général, je ne suis pas franchement convaincu.
Mais bon, la franchise est là, donc dans l'ensemble on fait un peu plus attention.

Qu'en est-il en terme de santé ?
Une franchise ne vise pas à responsabiliser les comportements (ça n'a aucun sens) mais à agir sur la demande de soin. En gros les premiers euros n'étant pas remboursés je vais réfléchir avant d'aller me faire soigner. C'est supposer que je vais me faire soigner sans en avoir un réel besoin.

C'est encore une fois stigmatiser de "mauvais" comportements qui mettraient en péril ce système solidaire et qu'il faut donc sanctionner financièrement.

C'est surtout envisager le problème du seul point de vue des dépenses et donc des assurés sans se poser de question structurelles.

Ce n'est ni plus ni moins que remettre en cause le principe même de notre sécurité sociale.

Certes, pour certains les montants annoncés pour l'instant peuvent ne pas sembler choquants (4 franchises d'une dizaine d'euros chacune).

Mais c'est surtout une brèche ouverte qu'il sera ensuite aisée d'élargir pour aboutir à la finalité visée : évacuer la notion de solidarité dans l'assurance maladie et glisser vers un système d'assurance privée.

Chacun pour soi, selon ses moyens...


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