Les causes du refus d'accouplement chez les lapines

Par Selectionsavicoles

  

Le refus d'accouplement des lapines, confondu souvent avec la frigidité, peut avoir de très nombreuses origines.

En premier lieu, il faut citer la baisse sai­sonnière du taux d'acceptation du mâle par la femelle, qui s'étend du mois de septem­bre au mois de février inclus, cette baisse saisonnière étant due à la diminution de la longueur du jour, et à l'incidence des condi­tions climatiques naturelles sur la physiolo­gie des sujets.

C'est un phénomène normal, qui peut être plus ou moins accentué selon l'état des animaux et des conditions dans lesquelles ils vivent. L'excès d'engraissement entraî­nant un dysfonctionnement endocrinien, a également des répercussions sur l'accepta­tion de l'accouplement.

Les carences alimentaires en vitamines, sels minéraux, acides aminés, etc... qui sont l'opposé de l'excès d'engraissement, ont cependant un effet similaire en dimi­nuant l'activité endocrinienne. Les mala­dies parasitaires ou infectieuses, microbien­nes ou virales, influent également d'une manière négative sur l'accouplement, et diminuent très nettement le taux d'accepta­tion des femelles.

Enfin, les conditions de vie, constituées par : le confort des cages et des locaux, la température et l'hygrométrie ambiantes, l'isolation, la propreté des locaux, la pré­sence d'odeurs fortes dues à l'accumulation des litières ou à des produits désinfectants ou insecticides, les frayeurs dues à la pré­sence de rats, de souris, de chiens, de chats ou même d'enfants s'amusant près des cages, ou de visiteurs trop nombreux, sont autant de facteurs qui peuvent contri­buer à diminuer le taux d'acceptation d'ac­couplement des femelles.

En général, toutes contraintes à des con­ditions de vie ne convenant pas aux ani­maux, agit d'une manière défavorable sur l'accouplement. La trop grande proximité de mâles et de femelles dans un élevage, peut maintenir ces dernières en état de chaleur permanente, épuisant l'animal, et gênant les résultats de l'accouplement.

Il est donc conseillé de maintenir aussi loin que possible, les mâles reproducteurs des femelles. Il faut même éviter de laisser des femelles pubères en­semble trop longtemps, principalement au printemps et en été, afin d'éviter qu'elles se chevauchent, ce qui aurait pour résultat, des refus d'accouplement et des simulacres de nidation comme si la femelle avait été saillie (nymphomanie).

Les carences et les déséquilibres nutri­tionnels en vitamines, acides aminés et sels minéraux, seront combattus très aisément à l'aide de produits appropriés, distribués ré­gulièrement aux femelles, quel que soit leur état physiologique : gestation, allaitement ou repos, à raison d'une distribution hebdo­madaire, de manière à pallier les carences ou déséquilibres susceptibles d'apparaître pour des raisons ayant pu échapper à l'éle­veur.

Ce dernier dispose d'un arsenal préventif ou curatif des refus d'accouplement, lui per­mettant de les éviter, de les traiter le cas échéant d'une manière aussi complète que possible, compte tenu bien sûr, du fait que l'éle­veur évite au maximum toutes les causes de refus pouvant provenir de l'irrespect des normes d'élevage.

EVITER L'EXCES D'EMBONPOINT

Lorsqu'on visite un clapier, on éprouve toujours un réel plaisir quand on voit les animaux dans un état de santé montrant de prime abord que la nourriture ne leur a ja­mais manqué. Et puis, au premier coup d'oeil aussi, on s'aperçoit facilement qu'il n'y a pas eu la quantité, mais la qualité égale­ment.

La belle apparence des sujets bien entre­tenus parle toujours en faveur de l'éleveur, et on ne saurait que féliciter celui qui pos­sède de tels animaux. C'est sûr qu'il n'a ménagé ni son temps, ni sa peine, pour que ses élèves soient beaux et bons.

Malgré la satisfaction que doit tout natu­rellement éprouver l'éleveur qui peut pré­senter de si beaux sujets quant à leur état d'entretien, ou quant à leur embonpoint, si l'on veut, il n'est pas de trop, nous semble­t‑il, de lui rappeler la prudence nécessaire, surtout vis‑à‑vis des lapines reproductrices. Il y a un danger certain à ce que ces der­nières soient, non pas trop grasses, mais simplement grasses.

Pendant tout le temps de la croissance rapide des sujets (jusqu'à 4 et 5 mois pour les petites races, et 6 ou 7 mois pour les grandes), il est tout naturel de satisfaire complètement et au mieux leur bon appétit. Mais ce temps‑là passé, il convient de les habituer petit à petit à un régime qui, tout en les maintenant en force et en vigueur, les empêche de s'engraisser. Point n'est besoin de dire ici qu'on agit de la sorte seu­lement avec les femelles destinées à repro­duire, et qu'on procède en sens inverse pour tout sujet de boucherie.

Il faut que l'éleveur se rappelle qu'une femelle trop grasse est absolument stérile ; si elle est grasse, ne fût‑ce qu'à un degré assez peu avancé, elle ne produit que des nichées très réduites, et le peu de petits qu'elle doit allaiter n'ont pas même assez de lait pour croître et prospérer normale­ment.

Nous avons eu maintes fois l'occasion de comparer deux lapines, deux soeurs du même âge, dont l'une était un peu grasse comparativement à l'autre, les mises bas étaient toujours plus nombreuses et plus belles avec la moins grasse, et par la suite également, la plus maigre était meilleure laitière, et, les petits ayant du lait à satiét, furent également plus beaux.

Aux lecteurs d'en tirer les conclusions, mais en se souvenant que dans la nature, il faut un juste milieu, et que, trop ou trop peu gâtent tous les jeux.