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Edito : Le second souffle de l’intelligence économique

Publié le 02 mai 2010 par Infoguerre

Le 11 mai prochain sera lancé à l’hôtel de Sully le portail de l’Intelligence économique. Cet évènement couronne un travail de trois ans mené par des membres de l’Association des Anciens Etudiants de l’Ecole de Guerre Economique (AEGE). Il est aussi le fruit d’une réflexion menée de concert depuis plusieurs mois par Bernard Carayon, Christian Harbulot et Jean Allard-Mateus. Les trois cofondateurs del’Institut de l’Intelligence Economique font le constat qu’il est urgent de doter la communauté française de l’IE d’un think tank sur les questions du management de l’information afin d’aider les entreprises à mieux cerner les nouvelles problématiques de confrontation économique sur le marché mondial.

Initiée depuis une vingtaine d’années, la dynamique française d’intelligence économique a besoin d’un second souffle qui est rendu possible par les retombées de la crise financière : insolvabilité de la Grèce, déstabilisation des bourses, affaiblissement de l’euro, parasitage informationnel des agences de notation, retour des protectionnismes.

La sortie récente des ouvrages d’Ali Laïdi (Les Etats en guerre économique, Editions du Seuil) et de Philippe Cohen et Luc Richard (Le vampire du Milieu, comment la Chine nous dicte sa loi, Editions des Mille et une nuits) soulignent l’importance prise par les affrontements économiques dans la nouvelle mondialisation des échanges. Ali Laïdi revient sur les grandes étapes historiques et le rôle de l’arme économique dans les politiques de puissance qui légitiment de facto la réalité de la guerre économique en temps de paix. Philippe Cohen et Luc Richard démontrent le côté prédateur du capitalisme d’Etat chinois à l’égard des économies occidentales. Ces deux ouvrages relancent le débat sur la finalité d’une politique d’intelligence économique en France. Mais comme le précise le député Bernard Carayon, celle-ci n’est pas encore une cause nationale et c’est bien là que le bât blesse car il faut désormais sauver l’économie de territoire.

Les idées ne manquent pas, encore faut-il les mettre en œuvre. Les actions les plus urgentes consistent à faire circuler l’information utile. A titre d’exemple, il n’existe toujours pas de site Internet identifiant et centralisant les cas de relance économique réussie dans les zones géographiques touchées par le chômage. De nombreux exemples existent. Les recettes sont à transmettre à un maximum d’acteurs économiques capables d’en tirer profit. Il en est de même pour les leçons à tirer de nos partenaires lorsqu’ils sont plus performants que nous. Les méthodes d’attaque des marchés étrangers par les Petites et Moyennes Entreprises italiennes restent un cas d’école méconnu alors que des enseignements pourraient en être tirés et adaptés à notre propre contexte.

Pour sortir des éternels constats, l’Ecole de Guerre Economique a décidé de poursuivre ses efforts sur le dossier hautement symbolique de la défense des terroirs. L’objectif est de réaliser une cartographie des terroirs pillés, de rendre public des démarches de lobbying et d’influence au niveau européen qui ont porté atteinte à nos intérêts, de mener des actions continues de guerre de l’information pour soutenir des Très Petites Entreprises et des PME menacées par des opérations de distorsion de concurrence. Cette campagne est rendue possible par le soutien d’entreprises qui considèrent qu’il faut se battre pour exister sur le marché mondial.

La lecture du rapport de Lilas Demmou sur la désindustrialisation de la France (document de travail de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique, février 2010) indique que 63% des destructions d’emploi en France sont dues à la mondialisation. Il est évident qu’il faut passer à l’action sur un maximum de fronts pour stopper cette hémorragie. L’économie de territoire n’est pas un pis aller, elle doit être le passage obligé d’une reconquête de positions en termes de marché, comme le démontre le dynamisme des régions de l’Italie du Nord ou des Länder ouest-allemands. Contrairement aux épisodes précédents qui ont marqué les grandes étapes de développement de l’économie française, l’appareil d’Etat n’a plus l’élan offensif pour servir de guide car il est coincé entre les contraintes européennes et les inerties administratives qui ne veulent pas se responsabiliser et prendre les risques adéquats. L’avenir de ce pays repose désormais sur la marge de manœuvre que les réseaux de décideurs locaux sauront impulser parce qu’ils ont compris la nécessité absolue de mailler leur potentiel. L’intelligence économique est à ce titre un très bon fil conducteur.  

Christian Harbulot 


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