L'excellent article de Philippe Pons qui explique les liens entre la Corée du nord et la Chine m'amène à constater un dispositif géopolitique chinois assez original.
1/ en effet, la Chine s'occupe de ses quatre coins : le Tibet et le Xin Jiang (à l'ouest), la Corée du nord et Tai Wan (à l'est)
2/ A l'est, les deux sommets sont similaires : une population locale non sinisée, en retard de développement avec de grands espaces peu mis en valeur, malgré des richesses naturelles possibles, en sous-sol ou au sommet; dans le même temps, alors qu'on assiste à un exode rural général de la Chine d l'intérieur vers la Chine des côtes où se situe le développement, il y a là un mouvement inverse avec une migration vers ces marches, où l'on installe une population Han afin de siniser des régions supposées rétives, ou peu chinoises, même si elles obéissent à la souveraineté chinoise.
3/ A l'ouest, c'est rigoureusement l'inverse : les deux régions ne sont pas sous domination chinoise, mais constituent des sortes d'avant-postes, d'autant plus que Honk-Kong a été récupéré il y a treize ans. S'agissant de TaiWan, on connait les difficultés que l'île représente pour les autorités chinoises, même si les échanges commerciaux atteignent des sommets et ont éteint toute velléité indépendantiste à Formose. Du côté nord coréen, comme Ph. Pons l'explique très bien, Pékin recherche avant tout la stabilité, pour ne pas voir s'ouvrir un quatrième "front" : cette volonté domine les autres, tant les relations économiques que la question nucléaire.
4/ Il en ressort que le dispositif géopolitique chinois est aujourd'hui plus préoccupé de questions de proximité (aux quatre coins de la Chine) que d'une grande géopolitique mondiale. Le monde n'est pour l'instant qu'un terrain pour le commerce, même si Pékin prépare, probablement, des lignes d'action pour un jour à venir : mais il ne faut pas croire que ce jour soit si proche que le pronostiquent certains.
Car entre la masse chinoise à dominer (spatiale et humaine) et les sommets du rectangle, la Chine a pour l'heure suffisamment de soucis.
O. Kempf