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J’ai laissé les paroles s’enfoncer en la terre qui leur tendait les bras.
Ephémère apparition, les anges assistaient à cet enterrement.
Ils savaient que la symphonie des mots, lentement composée en mets avenants, laisserait place à quelques rêves échappés en fumerolles de bonté.
Les feux follets de l’esprit s’agitent dans la pénombre des âmes.
Ils abondent au long cortège des lamentations et des joies.
On glane ici, comme on glane les blés mûrs. La moisson de vocabulaire se pose sur la page.
Il faut alors, laisser retomber la poussière et attendre que l’or se réveille entre les grains.
On ajuste les notes comme les phrases.
Chacune frémit entre les lèvres du jour.
Un écho se répand qui martèle les murs, en infinies litanies.
Le compositeur rassemble son troupeau. La portée s’ouvre à tous les agencements.
Parfois, d’un geste délicat, il bouscule l’ordre établi.
Ce qui jaillit prend la forme d’un concerto, ou d’une symphonie qui laisse le géniteur coi.
Savante alchimie qui s’opère et porte sa voix vers ces apparitions divines qui battant au rythme de l’amour.
Rien de définitif au creuset où s’accordent les instruments du pauvre.
Il faut si peu pour écrire : juste une corde sensible, un accord vibrant vers le monde, un soupçon de connivence avec les forces indicibles.
Un peu d’attention. Trois doigts d’écoute. Une oreille attentive.
L’accord majeur sonne, triomphant dans l’aurore radieuse.
Un goût mineur se prélasse dans l’ombre d’une aube délicate.
Parfois, une demi-cadence veille qui laisse les yeux dans une attente vaine.
Mais toujours on y revient, cherchant entre les lignes précédentes la force d’un destin qui s’ignore.
On demeure, palpitant, sur des ailes déployées pour l’envol sublime.
Manosque, 26 mars 2010
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