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Abbaye royale de CHAALIS : une épopée romantique

Publié le 06 mai 2010 par Mpbernet

06 mai 2010

Abbaye royale de CHAALIS : une épopée romantique

P1140556Fondée en 1136 par Louis VI Le Gros, l'abbaye cistercienne de Chaâlis fut l'une des plus grandes et les plus prospères du domaine royal....Une immense abbatiale gothique (82m sur 40m) y fut construite de 1202 à 1219....dont il ne subsiste que quelques ruines, sauvées au XIXème siècle de la destruction totale grâce à la mode romantique de ruines authentiques..

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Pourtant, le 9ème abbé, Louis de Bourbon-Condé ( petit-fils du "grand") avait eu de grandes ambitions pour reconstruire les bâtiments conventuels selon l'architecture du temps. Il en avait confié la direction à Jean Aubert (qui édifia les grandes écuries de Chantilly et le Palais Bourbon). Faute de moyens, le chantier se résuma à un bâtiment sur trois, la ruine financière entraîna la fermeture de l'abbaye et la dispersion des moines, la Révolution vendit le domaine comme Bien National et l'abbatiale fut transformée en carrière de pierres.

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Le bâtiment conventuel central, avec ses arcades de cloître en façade et sa grande galerie desservant les cellules des moines au premier étage furent aménagés en résidence de chasse. Le château eut ainsi pour propriétaires le baron de Vatry puis le prince Murat.

Madame de Vatry n'avait pas d'enfant et s'occupait beaucoup de Cornélie Jacquemart, la ravissante fille du régisseur. Elle l'initia aux bonnes manières et ne tarda pas à révéler ses talents de portraitiste. Ainsi "Nélie" Jacquemart gagna - elle sa vie comme peintre mondain, non sans un certain talent.

Nélie fut amenée à brosser le portrait d'Edouard André, riche banquier célibataire et , dix ans plus tard, il l'épouse. Richissime et sans enfants, il décède et laisse l'intégralité de sa fortune à son épouse. Celle-ci voyage beaucoup et achète une fabuleuse collection d'objets d'art, en particulier de la renaissance italienne.

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Elle est en tournée en Inde lorsqu'elle apprend en 1902 que le château où elle a passé sa jeunesse, est en vente. Elle fait rapidement demi-tour et acquiert le château qui deviendra l'écrin de ses collections de meubles et tableaux, tout comme son hôtel particulier du Boulevard Haussmann. A sa mort, Nélie Jacquemart-AndréJacquemart-André lègue toute sa fortune à l'Institut de France. Le couple n'a pas eu d'enfants !

La visite du château et des collections répond au voeu de la mécène : ne pas disperser les oeuvres patiemment accumulées, les laisser voir dans l'état où elles ont été transmises...et c'est un peu dommage. Il manque un fil conducteur, une mise en valeur car certains meubles et tableaux de grands maîtres sont superbes. Chaque cellule - en réalité une alcôve, un salon-bureausalon-bureau et un cabinet de toilette fort confortable - est meublé avec beaucoup d'harmonie de meubles des XVIIIèmeXVIIIème et XIXème siècle. La partie la plus intéressante est l'appartement privé de Nélie, qui se visite sous la houlette d'un guide, à 11h30. Sa chambre, sa salle de bains....son immense couloir-garde-robecouloir-garde-robe...

En ce moment, la chapelle Renaissance décorée des fresques du Primatice ne se visite pas. Cela aussi est dommage...le tout est sans doute tellement lourd à entretenir. Mais, à 40km de Paris, la visite vaut la peine pour les amoureux du luxe du temps passé....et l'histoire de Nélie, fille de domestique devenue richissime, si romanesque !

Un peu plus d'images sur le diaporama !


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