Véritable portail de blogo-coaching, les Bad Camels te proposent de connaître certains risques auxquels un jeune loup s'expose dans le monde professionnel. Bonjour Bonjour !
"In the world of today, you have two choices: either networking or not working". Cette phrase (dégoûtante) est révélatrice de la mono-culture globale qui s'est établie dans le monde du travail. Networker, ou réseauter comme il se dit chez les faux-amis de la langue de Molière, consiste à étendre autant que faire se peut la liste des personnes pouvant vous situer sur la carte sociale et professionnelle. Ce que je reproche à cette tendance : nous rendre calculateurs, conformistes et pire que tout ennuyeux.
La pratique est enseignée dans toutes les grandes entreprises, qui vont appâter les juniors à grand renfort de cocktails, de week-ends d'intégration et autres parrainages d'entreprises. Au départ, l'idée est alléchante – se faire des amis et être heureux sur son lieu de travail; et le jeu est plutôt facile – le jeune est en général enclin à rencontrer de nouvelles personnes et à être plaisant en société. Cependant, l'enjeu est différent. Car on "networke" pour soi-même, et ainsi on crée des liens qui ne se fondent pas sur le partage de valeurs, de goûts, d'humour, mais sur la recherche de l'unique intérêt personnel.
Pour cela, et puisque chacun peut être un contact, il est préférable de plaire à tout le monde. Il est en tout cas nécessaire de ne déplaire à personne. Le portrait robot du suspect indique une personnalité lisse, celle d'une personne ne faisant pas d'esclandres, fumant un peu mais pas trop (pour socialiser), buvant un peu mais pas trop (pour socialiser), faisant la fête (pour socialiser) mais pouvant toujours repartir à l'assaut de son carnet d'adresses le lendemain matin. Cette personne cherchera aussi à s'impliquer le moins possible dans son relationnel Outlook Express, afin que chaque copain de "cocktail" puisse être rayé de la liste avec autant de scrupules qu'un "Remove as friend" sur Facebook.
Cet être qui n'a pas de vices, peu d'émotions et par conséquent d'intérêt s'appelle Adrien Deume. Et comme lui, quiconque souhaite "networker" joindra à son répertoire des fiches sur ses relations, en organisant proprement les catégories (Prioritaire, à inviter, rendre le dîner du mois dernier, ne plus jamais ré-inviter, etc.) à l'aide de gomettes rouges, vertes, oranges et jaunes; aujourd'hui, l'informatique serait une grande alliée pour Deume. Son arme favorite restera cependant la carte de visite, qu'il faudra toujours avoir en quantité suffisante avant de partir à un dîner, en vacances ou à la boulangerie.
Cher lecteur, chère lectrice, ne t'attarde donc pas sur ces personnages fades et creux. Certes, ils seront sûrement de bonne conversation, puisqu'une relative culture générale et quelques références opportunes font partie de la panoplie. Mais l'ennui t’attend au tournant, et n’espère pas de soudain discours enflammé, de Kerdefferie ou finalement de souvenir marquant de l'échange. Mon conseil est donc de rapidement dire que tu es pédiatre, cela devrait suffire afin de te débarrasser au plus vite de l'individu, qui se concentre le plus souvent sur ses semblables cadres supérieurs.
Un article proposé par Sylvain Téquel.