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Publié le 15 octobre 2006 par Raymond Viger

Mon conjoint a débuté ses meetings de Gamblers Anonymes. Je me disais que c’est lui qui a un problème, c’est à lui de s’y présenter. Mais il y a une différence entre arrêter de jouer et réapprendre à vivre.

Le jeu de mon conjoint a eu des effets sur ma vie; honte, problèmes d’argent, créanciers, mensonges, double vie de mon conjoint… Je n’osais pas en parler autour de moi, je gardais tout ça secret. J’étais au bout du rouleau. Gam-anon m’a accueilli à bras ouverts. C’est un regroupement de personnes affectées par le jeu de leurs proches. Ça m’a fait du bien de voir que d’autres personnes vivent la même chose que moi. J’ai pu en parler. Ça a fait WOW, je suis à ma place! J’y ai trouvé des outils pour m’aider, regagner mon estime et apprendre comment «dealer» avec le jeu de mon conjoint. J’ai trouvé ça réconfortant de faire mon premier meeting. Je me suis sentie comprise.

Face à ses problèmes de jeux, l’important pour moi a été d’arrêter de vouloir sauver l’autre. J’ai appris à lâcher prise. Je dois commencer par sauver ma peau. Si tu le fais pour l’autre, ça ne marchera pas, tu ne «tofferas» pas la «run». Tu apprends à reconnaître le problème, à comprendre les conséquences. Tu travailles sur toi. Tu n’es pas responsable de la maladie de l’autre.

Quand j’ai commencé Gam-anon, nous sommes arrivés à pouvoir parler le même langage, à nous parler. J’y ai appris qu’il ne fallait pas harceler le joueur, apprendre à vivre et laisser vivre, à rétablir une confiance mutuelle. J’ai compris que je ne peux rien faire pour empêcher un joueur compulsif de jouer. Je suis responsable de moi. J’ai travaillé mon côté impulsif, à pogner moins les nerfs et à retrouver une forme de spiritualité. Je me suis impliquée dans le mouvement pour m’aider.

Quand tu vis avec un joueur, c’est normal de s’inquiéter et de poser des questions. Mais il y a une façon de les poser. Quand je criais après, il se refermait dans sa bulle. Maintenant, pour éviter d’exploser, j’appelle ma marraine et je lui demande de m’écouter. Un parrain ou une marraine, ce sont des bénévoles d’expérience qui t’écoutent et te soutiennent. J’avais tendance à tout dramatiser. Les téléphones avec ma marraine sont un temps de répit pour éviter d’exploser. Après, c’est plus facile de parler avec mon conjoint.

J’ai touché à la culpabilité qui m’habite et à la honte qui m’envahit. En y faisant un peu de place, j’ai appris à recevoir l’amour que je méritais. Je ne vois plus les gens de la même manière et ça se reflète dans toutes les sphères de ma vie. Je peux voir la souffrance des autres et avoir de la compassion au lieu de les juger.

J’ai commencé par reprendre les finances de notre couple. Mon conjoint a dû regagner ma confiance, faire ses preuves. J’ai un compte de banque à moi et je m’assure que les besoins essentiels sont comblés. J’ai rencontré un comité d’allégement financier pour faire un budget, connaître les ententes qui peuvent être prises avec les créanciers… Ce n’est pas à moi d’avoir un deuxième travail pour payer les dettes du joueur. C’est  sa responsabilité de rencontrer ses créanciers, de payer ses dettes et de faire face aux conséquences de ses gestes.

L’écriture m’aide beaucoup à me libérer. Je fais mon inventaire quotidien de mes états d’âme, autant positifs que négatifs. Cela me permet de voir comment je vais et de pouvoir agir sur ce qui m’envahit.

J’ai été en thérapie pour moi et aussi en thérapie de couple. J’ai fait ce que j’ai pu pour sauver ma relation et me prendre en main. Il y a de l’espoir pour une vie meilleure. Je me suis donné un mode de vie pour rencontrer de nouveaux amis, avoir de nouvelles activités et solidifier un réseau d’entraide autour de moi. Quand un joueur arrête de jouer, il doit changer ses activités et en trouver d’autres. C’est une belle occasion pour le couple et la famille de se retrouver. À Gam-anon, il y a des meetings, un congrès, mais aussi des soupers, du bowling, des cabanes à sucre…

Un nouveau mode de vie, ça déteint sur toute la famille. Ma fille m’a accompagnée dans certains meetings. Elle aide ses amis à l’école. Si les parents ont des problèmes de jeux, d’alcool ou de drogue, il existe des ressources pour aider les jeunes. Il ne faut pas rester seul, demande de l’aide.

Avec les meetings, face à ma souffrance, je trouve toujours un mot, une parole, un geste pour me toucher et comprendre que je ne suis pas seule. Parfois un seul regard est suffisant.

Le congrès est une belle occasion pour voir comment ça marche. Il y a des ateliers et des formations sur différents sujets qui nous touchent. Des gens de partout viennent partager leur vécu. Si tu doutes que quelqu’un dans ton entourage a des problèmes de jeux, tu n’es pas obligé d’attendre que le joueur arrête de jouer pour venir nous rencontrer. Fais-le pour toi, viens trouver l’aide et le soutien pour passer à travers cette épreuve.

Textes sur le Gambling et jeu compulsif:

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Comment fidéliser un gambler?

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