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France en Afrique Francophone : Nouvelle posture pour une nouvelle jeunesse

Publié le 15 février 2010 par Infoguerre

Conférence sur la France-Afrique à l’école Militaire par MonsieurAndré JANIER Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République de Côte d’Ivoire jusqu’à l’été 2009.

L’objet de cette conférence est de donner un éclairage sur la capacité de la France à défendre ses intérêts en Afrique francophone.

…. Monsieur l’Ambassadeur JANIER insista sur le rôle des ambassadeurs dans un contexte de guerre économique. Après un regard sans nostalgie sur le passé post colonial développé dans notre 1° article et le sentiment du devoir accompli (EFR) en quittant la Côte d’Ivoire fin 2009, il nous projeta versun avenir commun différent où la vie de coopérant n’a plus de consistance. Comme en Géopolitique et en Géostratégie l’ambassadeur est avant tout une arme pacifique de négociation des conflits d’intérêts, par opposition à l’emploi de la force. La guerre économique est pour lui différent du combat qui vise à éliminer les adversaires. Elle devrait avoir pour objet de contourner la confrontation et d’amener les parties en présence à se placer sur des terrains de compromis ou de cheminements possibles. Ainsi en parlant aux nouveaux entrepreneurs Français, conquérants sur les marchés mondiaux, il leur répète qu’il faut reconstruire leur notoriété sur des bases de qualité et de développement durable. Sur ces champs les Chinois ne sont pas crédibles au delà des effets de vitrine comme les derniers jeux olympiques, ou en jouant les milliardaires en distribuant monnaies et palais….

L'intérêt de la France en Afrique passe par la jeunesse qui est pressée d'arriver aux affaires pour prendre le relais des dirigeants actuelles. Ils ont le sentiment d’avoir été manipulés en présentant la France comme un bouc émissaire. Ce changement engagé par la nouvelle génération est difficile à saisir. Il faut profiter de cette situation pour rebondir avant que le fossé ne se creuse. Il faut aider cette jeunesse en l’intégrant dans les chantiers, en assurant leur formation au sein de nos entreprises privées, et ainsi faire la différence avec nos concurrents si on veut conserver nos avantages.

On évoque le risque d'une invasion Chinoise ou Indienne (Minerais et Agro) en Afrique. Ceux ci le font en appliquant des moyens commerciaux agressifs. Ils gagnent du terrain sur les marchés existants et se place en leader sur des marchés émergeants avec d’autres méthodes que celle de bon père de famille. Les chantiers réalisés sont de piètre qualité. Nous pouvons contrer cette nouvelle donne avec nos propres armes, affronter la compétitivité sans état d’âme avec de l’imagination, adapter les tarifs et sélectionner nos marchés, agir plus vite, faire participer les nationaux aux projets, apporter plus de qualité et de sécurité, moins viser la quantité ou le monopole, éviter la concurrence franco-française, favoriser les rapprochements avec les européens, rompre avec les habitudes de coopérants, être plus solidaire ne pas hésiter à s'associer à des étrangers amis, bien intégrer les nouvelles règles de passation des marchés…

Il faut faire l'effort de rompre avec un passé révolu. L'Europe parle de l'Afrique comme d'un partenariat. Les Européens sont en Afrique plus souvent adversaires que collaborateurs, et c'est dommage. On juge la concurrence déloyale, mais les administrations locales sont disposées à appuyer les efforts de nos entreprises en Afrique. Les ambassadeurs organisent des réunions de concertation, le rôle des CCFI est différent des autres CCI-EU, elles assurent le relais de l’appui du gouvernement français aux entreprises françaises avec les missions économiques du réseau Ubifrance. Elles soutiennentles hommes d'affaire dans toutes leurs démarches, mais l'Etat françaisne pourra jamais se substituer à eux pour gagner des contrats. Les Ambassadeurs n’en n’ont pas la possibilité, encore moins celle de les imposer. Par contre ils peuvent mieux les préparer, mieux les orienter, les conseiller et les accompagner dans les démarches d’accès et de bonnes pratiques. L'idéal est de bien coordonner les actions de chacun en cherchant la complémentarité.

Cet exposé peut paraître délibérément confiant dans un contexte où le péril jaune obsessionnel, fortement relayé par la presse, pourrait être interprété comme de la désinformation. L'horizon de nos intérêts économiques reste dégagé à condition d'affronter les nuages menaçants de façon solidaire. Évitons d'attendre sans réagir des jours meilleurs. Monsieur l’Ambassadeur termine son discours sur ces notes optimistes et presque guerrières! La meilleure défense étant l'attaque, trêve de pessimisme et haut les cœurs que les meilleures gagnent.

Quelques questions et réponses qui en disent long sur le chemin de la nouvelle voie…

Question:

Comment mieux utiliser les binationaux ?

Réponses:

la bonne question est de se demander comment ces binationaux sont considérés? Car leur nationalité française pose un problème de légitimité une fois en Afrique. Pour les assistants techniques, ce serait une solution intelligente mais c'est la question de la coopération française qui pose problème. Cette coopération est à revoir, la posture de coopérant ne devrait pas être un métier. Ce sujet est à travailler pour offrir de nouveau statut légitimé des deux côtes.

Question:

Quel pourrait être l'effetde l'intrusion du terrorisme au Sahel sur l'économie et les intérêts nationaux ?

Réponses:

Les africains sont conscients du problème et craignent moins d'être envahis que de voir ces territoires utilisés comme base arrière par les terroristes.

Question

: Craignent-ils une intervention militaire étrangère chez eux?

Réponses:

Oui, la coopération militaire doit s'établir à ce niveau.\

Question

: Vous avez souhaité aborder avec sérénité nos intérêts et c'est une bonne chose mais ne pensez vous pas que la pensée politique n'est pas au point aujourd'hui lorsqu'on observe les Chinois ou les Américains.

Réponses

: Les sujets politiques sont trop délicats pour être abordés ce soir. Pour les Matières 1er, c'est le principal enjeu. Les Chinois s'intéressent à l'Afrique pour ses ressources et son poids Géostratégique. Les chinois achètent tout, les déchets aussi.

Sur

la question chinoise: il faut distinguer la position des gouvernants et celle de la population. Les gouvernants profitant des cadeaux sont contents. La population trouve la qualité des cadeaux très discutable et n’apprécie guère que les expatriés ne se mélangent pas du tout. La coopération est particulière et pas forcement appréciée même si le changement d'interlocuteur est plutôt positif. Globalement les africains restent néanmoins plutôt critiques.

Question

: Parfois les chinois savent s'intégrer. Ils pratiquent avec force la non ingérence. Leur production n'est pas de qualité, ils ne pratiquent pas non plus le transfert de technologique, c'est sur ces deux éléments le transfert et la qualité que la France peut être compétitif?

Réponse:

Oui, vous abondez dans mon sens, mais l'intégration est malgré tout principalement marginale.

Sur le deuxième point, il est important de faire participer les locaux, pour exemple ce que fait la société Bouygues.

Témoignage du président de la compagnie fruitière.

Nos n'avons pas d'inquiétude sur le fait d'être en Afrique. Nos propres employés sont venus à notre aide. Si on se conduit bien et que nous allons au delà de nos obligations nous sommes très appréciés, donc les Chinois ne nous inquiètent pas. En revanche ils utilisent des techniques que nous réprouvons et ceci est certes ennuyeux mais pas inquiétant. Le système des bourses est aberrant. Il y a beaucoup plus d'étudiants qui pourraient venir faire des études brillantes en France. Quelque soit son niveau quelqu'un formé en France devient dé facto un amis de la France. Il faut revenir dans les pays dont nous avons été écartés.

Présentation de l’ambassadeurAmbassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République de Côte d’Ivoire de 2005 à 2009.

- Officier de l’ordre national du mérite et Officier de la Légion d’honneur, titulaire d’un Diplôme de l’Ecole Supérieure de journalisme de Lille et d’un Certificat de l’Institut d’études islamiques (arabe dialectal, arabe littéral). En poste successivement àAbou Dhabi, Djeddah, Beyrouth, Tunis puis de 1987-1989 Conseiller diplomatique auprès du Délégué aux relations internationales de la Délégation Générale à l’armement.

- Une carrière de Diplomate:

1.   1989-1991 deuxième Conseiller à Bagdad.

2.   1991-1994 ambassadeur à Doha.

3.   1994-1997 ambassadeur à Ndjamena

4.   1997-1999 ambassadeur à Sanaa.

5.   1999-2003 premier Conseiller, chef de la section des intérêts français à Bagdad.

6.   2003-2005 Ambassadeur chargé du processus euro-méditerranéen initié à Barcelone.


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