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J'AI TOUT PLAQUÉ POUR LE JOB DE MES RÊVES, Marie Claire, VI-10

Publié le 06 mai 2010 par Caroline Rochet
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  J'ai tout plaqué pour le job de mes rêves

Juin 2010


Elles vivaient de leur boulot et avaient une passion. Un jour, elles ont lâché  le premier pour vivre de la seconde, en montant leur entreprise au passage. Trop beau pour être vrai ? Rencontre galvanisante avec des wonderwomen comme vous et moi.

Par Caroline Rochet


 

Chloé, 28 ans, du graphisme à la pâtisserie pin-up

Sa première vie

Après mes études à  Penninghen (École supérieure d'arts graphiques), je suis devenue graphiste et photographe free lance. Affiches, pubs, pochettes de disques, j'ai cartonné et croulé sous le boulot sans problème pendant un temps. Puis il y a eu la crise ...

Le déclic

Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvée sans boulot pendant trois mois. Un cauchemar pour une hyperactive comme moi, sans compter que je n'avais pas mis grand chose de côté et ne savais plus comment payer mon loyer. Quelques mois plus tôt, j'avais voyagé aux Etats Unis, où le cupcake cartonnait. J'avais flashé sur ce gâteau graphique, aux possibilités de décoration infinies : une idée en or !

Ce qu'elle a osé

Je travaillais souvent sur mon ordi à l'Hôtel Amour. Un jour, je suis allée voir l'équipe avec quelques tentatives de cupcakes, pour les leur faire goûter. Bingo ! Ils m'en ont commandé pour leur brunch, et très vite, d'autres restos du quartier ont suivi. Mon blog a fait le reste. Aujourd'hui, j'ouvre ma boutique, je donne des cours, je prépare un livre et une émission de cuisine, et j'ai l'impression de vivre l'american dream !

D'où  ça vient

Chez moi, on a toujours adoré cuisiner, c’est dans les gènes. Ave  ma mère et ma soeur, on est spécialistes des fêtes avec buffets géants ... Ce qui est drôle, c'est que je suis diabétique : du coup, je crée des recettes sans sucre aussi, pour les gens comme moi, mais j'adore régaler les autres avec des douceurs qui me sont interdites. Aussi, je n'ai jamais pu avoir de patron : déjà, dans le graphisme, j'étais freelance. Et je me doutais qu'un jour, je serai entrepreneuse.

Pourquoi ça a marché

En France, la mode du macaron commençait à s'essouffler, et le cupcake était une bonne idée de petit gâteau "bon et joli à la fois". La tendance pin-ups était en train de cartonner, et mon style de cuisine vintage, avec look assorti, est arrivé au bon moment. Je cuisine à base d'ingrédients naturels et bios, sans conservateurs ni colorants, ce qui est aussi dans l'air du temps. Une psychanalyse qui m'avait mis la tête à l'endroit, des amis avocats ou photographes qui ont donné de leur temps, d’autres qui ont commandé mes premiers cupcakes ... Tous ces ingrédients ont permis le succès, assaisonnés d'une sacrée dose de chance.

La trouille ?

Je crois que ma première panique, c'était, paradoxalement, d'aller vers ce qui me convenait vraiment ... Sinon, en tant que free lance, je n'avais pas peur de monter quelque chose toute seule, bien au contraire.

Son conseil

En France, il existe désormais le statut d'auto-entrepreneur*, hyper pratique pour se lancer sans trop risquer sa peau. Je pense qu'il faut oser, mais savoir attendre la bonne opportunité. On n'a pas toujours de la chance, et il vaut mieux y aller blindée, solide, avec une bonne dose de créativité pour rebondir.

*Rens. sur www.auto-entrepreneur.fr

Sa boutique-salon de thé : Chloé S., 40 rue Jean-Baptiste Pigalle, à Paris.

Son site : www.cakechloes.com

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Emilie, 35 ans, de l'automobile au homewear de luxe

Sa première vie

Après des études de droit et Sciences Po, que j'ai fait "parce que ça mène à  tout", j'ai bossé en marketing et relation client. J'y ai connu la folie des start-ups, puis le ronron rassurant d'une grosse boîte française comme Peugeot. Non seulement je bossais comme une folle, mais en plus, sur la fin, je m'ennuyais franchement.

Le déclic

Un jour, ma chef m'a dit : "Dans 15 ans, vous serez à ma place". Ca m'a rendue dingue ! Je n'étais pas du tout en adéquation avec mon environnement, tout y était poussif, j'étouffais. J'ai quitté mon boulot et préparé un MBA pour travailler à l'étranger. Je me suis retrouvée directrice des achats d'un gros réseau à Dubaï, d'où je me suis fait virer en 5 mn après un an et demi de vie luxueuse. De retour en France, seule et au chômage, j'ai compris que c'était le moment ou jamais de prendre un vrai tournant.

Ce qu'elle a osé

Passionnée de lingerie depuis toujours, je collectionnais les ensembles (récents ou vintage) par dizaines, et adorais les chemises de nuit de ma grand-mère. Au Moyen Orient, j'avais compris qu'il manquait des produits haut de gamme adaptés aux coutumes locales : j'ai eu l'idée de créer une ligne de vêtements d'intérieurs de luxe. Je suis partie en Inde rencontrer des fournisseurs. Avec mon mini budget et mes dessins d'amateur, j'avais peur qu'ils me rient au nez ! Mais ils ont marché, et tout s'est enchaîné. Formation accélérée chez Esmod, montage d'un business plan, production de ma première collection ... et présentation au Salon de la Lingerie en janvier dernier !

D'où  ça vient

Ma grand-mère avait fondé sa propre maison de couture en 1960, une marque de prêt-à-porter haut de gamme que j'adorais. Elle m'a transmis cette passion là, et je suis heureuse d'avoir repris sa marque pour la faire vivre à mon tour. Je crois aussi que je n'ai jamais aimé avoir de patron : je veux pouvoir gérer mes horaires et mon boulot toute seule !

Pourquoi ça a marché

Tous mes jobs précédents m'ont appris quelque chose qui m’est utile aujourd’hui. Je pense aussi que le succès vient d'une bonne idée, puisque j'ai trouvé une niche encore  inoccupée. Et puis, j'ai eu la chance d'être aidée : par ma famille, mes copains avocats ou D.A, le réseau ...

La trouille ?

Ca n'a pas toujours été simple, j'ai risqué tout ce que j'avais dans cette histoire folle, et j'avais peur de ne pas avoir assez d'argent pour bien démarrer l'affaire. Mais bizarrement, pour ma vie perso, ce n'est pas une épreuve. Même si je compte mes sous au supermarché et que je squatte encore d'un appartement à l'autre, je me sens beaucoup plus sereine que quand je conduisais ma Porsche pour acheter des sacs à 5000 € à Dubaï ... Je suis tellement remplie à l'intérieur, que pour le reste, je n'ai besoin que de l'essentiel. Aujourd'hui, ma vraie peur, ce serait plutôt de redevenir salariée.

Son conseil

Je m'étais toujours dit : "Je monterai ma boîte quand je serai mariée", parce que j'imaginais qu'ainsi j'aurais la sécurité nécessaire pour pouvoir me lancer. C'était une mauvaise excuse. Non seulement je peux me débrouiller toute seule, mais en plus, je n'aurais jamais pu rencontrer le bon mec pour moi tant que je ne m'étais pas trouvée, moi.

Cynthia Paris, lingerie française extraordinaire,  sur www.oneworldlingerie.com

 
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Julie, 33 ans, de la mode à la charcuterie

Sa première vie

Après un faux départ en fac de Langues Etrangères, j’ai fait une école de commerce – je voulais un métier « concret » qui corresponde à mon énergie. Apprentissage dans une usine de pulls, puis Galeries Lafayettes de Lorient : je me suis très vite dirigée vers la fringue, mais j’avais, déjà, envie de gérer ma propre affaire. Mon chéri aussi. Grâce à un apport financier inattendu, on a pu monter un magasin de vêtements. Puis deux, puis trois … Ca a marché pendant 6 ans.

Le déclic

Un jour, on a eu l’opportunité de vendre notre affaire : ça tombait bien, j’avais envie de me poser un peu, prendre le temps de faire un deuxième enfant. Mon homme a fait un peu d’immobilier, et je l’aidais pour la gestion. Mais ce métier ne nous épanouissait pas, on savait bien que ce n’était qu’une étape. Quand la crise est arrivée, on a compris qu’il était temps de se poser les bonnes questions. Et surtout, de retrouver l’excitation d’un nouveau défi, qui nous corresponde vraiment.

Ce qu'elle a osé

Après de longs mois de recherches, notre pécule commençait à fondre, et le moral aussi. La crise n’arrangeait rien. Un jour, on est enfin tombés sur la perle rare : une charcuterie artisanale bretonne, avec des produits d’excellente qualité, tout à fait dans l’air du temps et l’esprit qui nous convenait. Entre la fringue et les cochons, il y avait un sacré monde … On a plongé quand même !

Pourquoi ça a marché

J’ai toujours eu la capacité de « sentir » les choses, anticiper, suivre mon instinct. Et toujours adoré le métier d’entrepreneur. Que ce soit des pulls ou du pâté, au fond, peu importe : on se lance dans un secteur, on apprend, on rame, on se perfectionne … Si la rigueur et l’envie sont là, et qu’on tient droit sur ses pattes, on avance.

La trouille ?

Je sais que c’est étrange, mais non, jamais … Même quand on n’avait pas un sou, même avec les enfants, j’évitais de me poser trop de questions. Le truc qui sauve, c’est de ne jamais regarder derrière soi, ni trop loin devant. En y allant étape par étape, gérer une chose à la fois permet de ne pas paniquer, sans se laisser bouffer par le doute. Et puis, on était deux, c’est une force.

Son conseil

Le plus important pour réussir un changement de cap et monter son affaire, c’est la capacité d’adaptation. Il faut accepter de se remettre en question et apprendre très vite. Je crois aussi qu’une bonne dose d’optimisme et d’énergie sont utiles … Après, il n’y a plus qu’à écouter son instinct !

Sa charcuterie artisanale : www.lelavandier.fr

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Aline, 50 ans, du mannequinat au foyer pour handicapés ... en passant par l'hélico

Sa première vie

Entre 17 et 25 ans, parallèlement à des études de droit, j'ai été mannequin pour des pubs, et j'ai eu des petits rôles dans quelques films. J'ai aussi posé pour les romans photos de Nous Deux ! Ce métier me plaisait, même si je savais bien qu'il serait de courte durée.

Le déclic

Il y en a eu deux, puisque j'ai eu trois "vies". Le premier, c'est quand mon mari (de l’époque) m'a demandé d'arrêter de travailler. Je m'ennuyais à mourir à la maison, et voyais passer les hélicos de l'aéroport de Marseille, tout proche. J'ai voulu prendre des cours de pilotage, et j'ai tellement aimé ça que j'ai fini par devenir pilote professionnel, et monter ma société d'écoles de pilotage à travers le monde ! Le deuxième déclic, des années plus tard, a eu lieu quand j'ai cherché un foyer pour handicapés mentaux pour mon frère : il n'en existait aucun dans la région, et de nombreuses personnes en avaient besoin. J'ai décidé d'en créer un.

Ce qu'elle a osé

Quand je me suis pointée aux cours de pilotage avec mon look Bardot, bien sûr, les gars de l'armée ne m'ont pas prise au sérieux ! Mais ma détermination les a bluffés. Pour le foyer, ça a été une autre paire de manches, mais le même accueil : au Conseil Général de la région, ils ne pensaient pas que mon projet était sérieux. Mais j’ai tenu bon. Après des années d’enquête et de galère, mon foyer a enfin fini par voir le jour.

D'où  ça vient

Pour l'hélico, ça n'a pas vraiment été une surprise : je n'avais jamais volé, mais j'étais déjà passionnée par les machines. Je faisais beaucoup de moto, conduisais des voitures de sport, me défoulais sur des parcours aux 24h du Mans ... Pour le foyer, c’est venu du besoin de voir mon frère vivre dans une structure adaptée, tout simplement.

Pourquoi ça a marché

Dans le cas du foyer, ça a marché parce qu'il manquait effectivement un foyer pour adultes handicapés mentaux dans la zone où je vivais, et qu'il y avait quelque chose à faire, des gens motivés, un réel besoin. L'hélico, c'est plus une question de passion : j'étais tellement accro et déterminée que je ne pouvais qu'y arriver. Bien sûr, j'avais alors la chance d'avoir les moyens pour le faire.

La trouille ?

Pas vraiment. Quand on est passionnée, on a toujours des ailes. Et d'une manière générale, ce sont les circonstances de la vie qui ont mis ces changements de cap sur mon chemin. J'avais juste à les attraper.

Son conseil

La vie est une succession de découvertes, de circonstances et de rencontres. Si l'on est attentif à ce qui se passe autour de nous, on peut saisir des inspirations et s'en nourrir. Je crois aussi au pouvoir de la détermination : quand on refuse de baisser les bras, qu'on s'accroche vraiment, ça finit forcément par mener quelque part.

www.alinepauchard.com


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