Magazine Emarketing

Mon interview sur l'E-learning pour un blog professionnel

Publié le 06 mai 2010 par Sophie Richard-Lanneyrie

Vous travaillez depuis plus de 15 ans dans l'enseignement, et vous vous êtes spécialisée dans l'e-marketing. Pourriez-nous nous donner votre perception de l'enjeu des formations en E-learning pour l'enseignement supérieur en France et à l'étranger ? Avez-vous connaissances d'études réalisées sur ce sujet ?

Les technologies de l’information et de la communication ont induit de nombreux changements au cours de la dernière décennie, que ce soit sur les plans organisationnel, pédagogique et technologique. Les technologies sont un vecteur de transformation des usages et de la pédagogie universitaires.

E-learning, blended learning et tutorat sont des outils de formation en plein essor dans le domaine de la formation.

Dans l'enseignement supérieur, le e-learning s'impose comme un complément à l'enseignement traditionnel. L'enjeu se situe, à la fois, au niveau de l'enseignement et au niveau des conditions de travail de l'enseignant et de l'apprenant. L'idée étant d'améliorer les conditions de travail en offrant des possiblités plus ouvertes d'éducation.

Le e-learning apporte des possiblités accrues au niveau des ressources pédagogiques, une souplesse dans les méthodes éducatives et une plus grande « collaboration » entre matières avec la possiblité de créer des « passerelles » entre les formations ce qui octroie un potentiel plus grand d'apprentissage et surtout diminue le « clivage » des inégalités des apprenants au niveau de la formation.

Avec le e-leanring, les étudiants sont plus impliqués et capables d’acquérir les compétences nécessaires au XXIe siècle. Une étude Harris aux USA montre l’effet positif du e-learning sur les résultats des élèves. Plus de 80 % des enseignants interrogés déclarent que les élèves étaient plus impliqués et plus proactifs dans leurs apprentissages. Les travaux rendus étaient de meilleure qualité. Les résultats de la moyenne des élèves utilisant la technologie seraient supérieurs de 16 % à la moyenne de ceux qui ne l’utilisent pas. Les enfants défavorisés ont maîtrisé les mêmes compétences que ceux issus de milieux favorisés. Dans les études sur les élèves handicapés, les chercheurs ont observé que les élèves avaient une meilleure estime de soi et pouvaient travailler de façon plus indépendante. Ils ont également noté de meilleurs résultats scolaires, comme, par exemple, une amélioration de l’écriture, aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif.

De plus, les enseignants adoptent une attitude plus positive dans leur travail et peuvent personnaliser leur formation. L’Etat du Maine (EU), par exemple, a mis en place un programme d’e-learning sur tout le territoire. Les enseignants ayant un ordinateur individuel ont déclaré que la technologie les a aidés à localiser et à développer de meilleurs outils pédagogiques et à mener des recherches liées à leurs missions. Les enseignants les plus disposés à utiliser la technologie pour améliorer leur enseignement sont ceux qui ont suivi une formation professionnelle, qui exercent dans un établissement favorable aux technologies et qui disposent de cette technologie dans leur classe plutôt que dans un laboratoire séparé.

Ajoutons, qu'avec le e-learning, les échanges au sein de la famille et l’implication des parents sont accrus. Les différentes communautés gagnent à combler la fracture numérique. Les étudiants défavorisés et les enfants handicapés en profitent tout particulièrement.

Enfin, des exemples récents, montrent que la mise en place de programmes d’e-learning peut favoriser le développement économique de deux façons : directement, en créant des emplois (liés à la mise à disposition par les gouvernements d’ordinateurs individuels, de réseaux, de logiciels et de services pour le déploiement de l’e-learning), et indirectement, en développant une main-d’oeuvre formée et compétente.

Rappelons que, 500 ans avant notre ère, selon la légende, Pythagore se dissimulait derrière un rideau pour enseigner : il souhaitait ainsi que ses disciples-apprenants se concentrent plus sur ses démonstrations logiques que sur son expression corporelle. En privilégiant un seul canal de communication, il mettait déjà en pratique certaines modalités de la formation à distance !


Les grandes écoles, universités sont-elles prêtes à s'engager dans cette voie ? Disposent-elles des compétences humaines, techniques et des budgets pour ce faire ? En France et à l'étranger?

Il existe déja des formations en e-learning au niveau de l'enseignement supérieur. De nombreuses universités se sont équipées de plate-forme e-learning.

Au niveau des grandes écoles ou des écoles d'enseignement supérieur cela représente « un plus » au niveau de l'offre d'enseignement.

Certaines écoles créént leur plate-forme personnel, d'autres ont recours à celles existentes.

Les maisons d'édition se lancent aussi dans l'aventure en proposant une offre de contenu à intégrer dans leur plate-forme e-learning. C'est le cas du Génie des Glaciers par exemple.


Existe-t-il des secteurs de formation particulièrement adaptés à l'e-learning ?

Le blended learning permet des formations plus efficaces, une organisation personnelle plus souple pour l’apprenant, et pour l’entreprise une réduction des coûts de formation. Son utilisation privilégie les formations métiers, les langues, le management, le leadership et le commercial car elles sont souvent adossées à des modules sur mesure. Les formations hybrides sont de plus en plus nombreuses dans le domaine des langues mais ne sont, une fois créées, pas toujours stables dans le temps.


Quelles sont selon vous les clés du succès (techniques, déploiement, usages, community management) d'une plateforme collaborative d'e-learning ?

Plus la technologie est intégrée au processus pédagogique et les élèves et les enseignants sont connectés tout au long de la journée, plus les bénéfices de l’e-learning semblent augmenter. Une étude montre que les élèves/étudiants qui suivent - partiellement ou entièrement - un enseignement en ligne réussissent mieux, en moyenne, que ceux qui suivent le même cours en présentiel. Et les résultats sont encore meilleurs avec un enseignement mixte (blended learning) associant apprentissage en ligne et présentiel.

Pour être efficace, l'e-learning a besoin d'une présence humaine. Le Blended learning (en anglais) - mode d'apprentissage mixte désigne l'utilisation conjointe du eLearning et du mode classique d'apprentissage appelé souvent "présentiel" - est celui le plus plébiscité. En général, l'apprenant va ainsi alterner entre des sessions à distance en ligne et des sessions en face-à-face avec le ou les formateurs. Un modèle souvent utilisé est ainsi d'effectuer une première introduction au sujet avec une ressource à distance, puis une période en face à face avec un enseignant suivra. Une session de débriefing est souvent aussi ajoutée en fin de formation, quelque temps après celle suivie en face-à-face.

Le blended learning, mixe ainsi les séances en présentiel avec un formateur, et temps de formation distancielle asynchrone durant lesquels l'apprenant s'autoforme via des outils technologiques. A cela s'ajoute éventuellement des classes virtuelles : en temps réel, plusieurs individus sont connectés à un enseignant. Cette combinaison permet d'optimiser l'apprentissage, en utilisant à la fois les bénéfices de la technologie et de l'aide humaine.

Quels sont selon vous les freins, les obstacles, les résistances à sa bonne mise en oeuvre ?

Le cout financier de la mise en place d'un tel programme d'enseignement est un frein. La méfiance des certains encore au niveau de ce type de formation jugée trop statique pour avoir une réelle efficacité représente un autre frein.

Pour les entreprises les principales difficultés du blended learning portent sur la création de bons parcours pédagogiques. C'est la raison pour laquelle il faut que le e-learning soit pratiqué par des personnes comptétentes et expérimentés tant au niveau de l'ingéniering pédagogique qu'à celui des enseignants rédacteurs de contenu.

Une étude réalisée par Demos pécise que 54% des entreprises utilisent le tutorat depuis plus de 4 ans, notamment pour accompagner le e-learning. Elle indique que les deux besoins les plus importants couverts par le tutorat correspondent aux deux missions fondamentales attribuées au tuteur. D'une part : guider, conseiller et assurer le suivi au niveau de la méthode pédagogique ; d'autre part : apporter des compléments de formation. Il est aussi vu comme un moyen de motivation permettant de réduire l’absence de relation humaine induite par les modules e-learning.
Quelques freins persistent : le manque d’accompagnement des tuteurs, faute de pédagogie. Le tutorat devient une des composantes clé du fonctionnement des dispositifs de blended learning.

Ajoutons la nécessité de nouvelles compétences sont à développer de la part de tous les acteurs de la formation dans le contexte de l’utilisation des technologies d’apprentissage. Le manque de formation consitue encore un frein au niveau du besoin en enseignants expérimentés.


Les internautes sont-ils prêts à devenir des "e-learneurs" ? Quelles difficultés peuvent-ils rencontrer ? Quelle peut être pour eux, la valeur ajoutée d'une formation en e-learning ?

Il existe une liste de compétences dont les élèves du XXIème siècle ont besoin pour travailler et vivre qui incluent la capacité de mener des recherches indépendantes, la faculté à faire preuve d’esprit critique et à résoudre des problèmes, à utiliser les technologies pour communiquer et collaborer, et la capacité d’appréhender les questions sociétales concernant la citoyenneté numérique
Les technologies doivent répondre d’abord à des besoins particuliers de communication.
Avec l’apparition de nouvelles technologies telles que la messagerie mobile et le développement de nouvelles fonctionnalités d’interactions en audio et en vidéoconférence, la tentation est grande de les adopter d’emblée pour la dispensation de cours, quitte à adapter les objectifs d’apprentissage en conséquence. Toutefois, les technologies doivent répondre d’abord à des besoins particuliers de communication, eux-mêmes découlant d’objectifs d’apprentissage spécifiques (savoirs, savoirs être, savoirs faire).

Cela dit, la valeur ajouté certaines d'une formation en e-learning est liée au potentiel décuplé que ce type de formation permet aux étudiants. A un travail à la carte et au rythme d'apprentissage adapté à l'apprenant et à la possiblité de se former « tout au long de la vie ».

Le e-learning doit être considéré comme un « plus » qui apporte une réelle valeur ajoutée à l'enseignement dispensé.

Propos recueillis par Hélène Perroud, consultante junior en communication, créatrice d'un blog professionnel.

Le Groupe ENACO, dirigé par Madame Hélène LEJEUNE, est spécialisé en formations e-learning.  

Contactez le Groupe ENACO  :  http://learningenierie.fr/


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sophie Richard-Lanneyrie 95 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines