Les 750 000 voyageurs qui fréquentent quotidiennement la gare RER de Châtelet-Les Halles à Paris ont sous les yeux en ce moment l'affiche-vedette de la nouvelle campagne Puma. Faisant partie de ces 750 000 voyageurs (je passe là deux fois par jour, en transit entre la ligne B origine Gare du Nord, et la ligne A direction La Défense), je compte aussi parmi les très rares franciliens sous-terriens capables de reconnaître le grand bonhomme qui étale son généreux embonpoint sur les murs : c'est Ngando Picket.
C'est JPEK qui a attiré mon attention sur ces affiches, mais je les aurais vues, de toute façon. On a pu dire que Ngando Picket atteignait enfin un niveau de célébrité digne des sacrifices qu'il consent depuis des années (voir encore sur Okabol.com). Il s'agit pourtant d'une célébrité toute relative : son nom ne figure pas sur les affiches. C'est nous qui savons qu'il s'agit de Ngando Picket, et qui est Ngando Picket.
Désolé pour la piètre qualité de l'image, mais mon train arrivait.
Le passant lambda ne voit qu'un supporter africain qui a décidé de faire don de son corps pour la cause nationale. Il se dit que si l'amour du drapeau se mesurait au nombre de mètres carrés couverts de peinture, alors cet homme est le plus grand patriote sous le soleil des Tropiques. Et je sens une pointe de jalousie chez le passant lambda. S'il est fan des Bleus, il aimerait bien nous échanger notre sacré Ngando avec cette satanée Zahia qui donne aussi de son corps, mais d'une autre façon.
Bon, un peu de sérieux : l'objectif de la campagne Puma est apparemment de mettre l'accent sur l'Afrique festive, après avoir exploité le filon de l'Afrique féline avec Samuel Eto'o. Après avoir montré le savoir-faire des joueurs, on affiche l'engagement des supporters, dont Ngando Picket est censé être la métonymie. Et chacun est ainsi interpellé : "How deep is yours ?" Entendez, jusqu'à quelle profondeur s'enracine l'amour du football dans ton âme, ô toi le passant encore à moitié endormi qui cours vers ton labeur quotidien ?
La pub par l'image étant basée sur le stéréotype, il fallait trouver une icône, et ce fut Ngando Picket.
Sachons donc que, pour les communicants de chez Puma, et désormais pour l'usager lambda qui fréquente les gares RER de l'Île-de-France, Ngando Picket, c'est LE supporter africain, qui a l'amour du maillot tellement chevillé au corps qu'il n'hésite pas à se le tartiner sur chaque centimètre de sa peau. Voilà qui je suis, voilà qui vous êtes.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, ça me va. Je suis néanmoins mauvais juge : j'adore Ngando Picket.