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Les mathématiques pythonniennes m'ont démasqué.

Publié le 06 mai 2010 par Francisbf

Certains le savent déjà parmi vous, je suis actuellement en train de mener ce qu'on pourrait appeler communément « une vie de jean-foutre ».


Plus précisément, je bosse avec des chercheurs, dans un pays infesté de pélicans et de baobabs. Encore plus précisément, je bosse avec des chercheurs qui s'intéressent aux poissons (oui, alors qu'il y a autour plein de pélicans et de baobabs). Il faut de tout pour faire un monde. Plus précisément encore, là, on est sur les poissons des estuaires. Des estuaires d'Afrique de l'Ouest.
Ça nous fait bien une demi-douzaine d'estuaires, tous infestés de poissons plus ou moins goûtus (généralement moins, mais la carpe rouge et le barracuda valent le coup).
Mais là n'est pas la question. Je bosse avec des chercheurs, donc je fais ce qu'ils me demandent de faire, avec entrain, riant à la face des difficultés qui se soulèvent devant moi comme [ha non, quand même, on va pas faire de jeu de mots pourri avec une érection, c'est sale]. Plus précisément, en ce moment, je suis en train de faire de la sous-traitance pour aider un stagiaire. Si. Moi qui ai fait de longues années d'études, qui régente l'accès à la culture de milliards de personnes sur un site privé, je bosse pour un stagiaire. De ma propre école. La honte. Bon, je suis mieux payé que lui, toujours. On se raccroche à ce qu'on a. (et puis je me suis bien moqué de lui quand il s'est fait avoir comme un vrai toubab en allant au marché, ça compense aussi.)
Et donc, cinq jours sur sept, je fais des trucs. Je bosse sur un programme qui devrait servir à dire « hahaha mais non, tu vas quand même pas croire que Pseudotolithus brachygnathus peut bouffer de l'Ephippion guttifer » à un programme qui dit que « allez, on va pas se faire chier, Pseudotolithus brachygnathus bouffe de tout, même de l'Ephippion guttifer, et tant pis pour la rigueur scientifique », lequel programme, ayant été conçu par un type qui est à la pêche ce que Bali-Balo est au du patrimoine paillard français, n'est pas considéré comme du pipi de chat. Ou de poisson-chat, pour rester dans le thème. Arius latiscutatus, A. parkii ou A. heudelotii, je vous laisse choisir votre préféré, ils ont tous un goût de vieille vase molle.
J'œuvre donc sur un programme. Un programme un peu mal fichu, mais je vais pas dire du mal des gens qui l'ont fait, puisqu'ils ont eu leur diplôme (plôme) grâce à ça, même si ce que sortait le programme n'avait aucune signification exploitable et qu'on aurait pu faire un script du genre note_prey=random(), ça aurait économisé quelques centaines de lignes de code et ç'aurait été tout aussi utile. Mais bon, au moins, il tournait, ce programme, me direz-vous. Je suis d'accord, c'est déjà très bien.
Puis il m'a permis de travailler, aussi.
Mais l'ai-je vraiment fait ? Je ne sais plus. Je suis déboussolé, je perds mes repères, je ne sais plus quoi faire, et j'erre dans mon repaire tel un hère plein de misère.
Car voilà. J'ai dû, pour tenter d'améliorer ce programme mal ficelé, me lancer dans l'apprentissage du python (ainsi nommé, ai-je appris, en l'honneur d'une troupe d'anglais majoritairement prénommés Terry), lequel python est un langage de programmation pas trop compliqué.
Mais voilà. Me lançant dans la correction frénétique de bouts de code, je tapais :


>>>a=5/7
>>>print a

Et le résultat que je reçus dans ma face fut sans appel :
>>>0
5/7 = 0. Vous rendez-vous compte des implications ? J'ai eu un moment de doute. Je me suis dit que peut-être que 5 était égal à 0, dans ce cas. Après vérification, il s'est avéré que non, 5=5, sans doute possible.
La face des mathématiques en est changée. Hélas, n'étant qu'un misérable ingénieur, je n'ai aucune connaissance en mathématiques. Je me contente d'appliquer les mathématiques au monde réel.
Et là, que dois-je déduire du fait que 5/7 = 0 ?
Hein ? Moi qui travaille cinq jours sur sept sur python ?
Ça y est ? Vous voyez ?
Je dois me rendre à l'évidence. Je bosse cinq jours sur sept, ce qui correspond exactement à zéro jour. Et je suis payé (grassement) pour ça.
Les mathématiques m'ont démasqué. Je ne peux plus fuir la réalité en me cachant derrière des faux-semblants, on ne peut pas se cacher des mathématiques.
Je m'en vais démissionner. C'est la seule voie possible pour conserver un peu d'estime de moi.
A bientôt.

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