Que le lecteur-utilisateur d’IPhone se rassure, il lui reste un peu de temps. Néanmoins, nous allons le voir, ce téléphone révolutionnaire va, bientôt, traverser de sérieuses turbulences.
Limites esthétiques aussi. L’IPhone actuel est beau, racé, élégant comme l’était Raï sur un terrain de football. En un mot, il a la classe. Mais il l’est quelque part trop et son successeur va lui ressembler, ce que semble d’ailleurs confirmer le fait divers du prototype de la future version oublié dans un café… Le risque est grand d’être déçu, surtout que la bête coûte cher !
Mais ce qui menace véritablement le plus l’IPhone c’est paradoxalement son succès. A l’origine produit d’élite, il s’est en quelques mois tellement banalisé qu’il est devenu… bah oui banal lui aussi et ça, c’est pas bon pour Apple. Autant d’autres poids lourd du milieu (Nokia, Sony…) vivent tout à fait bien avec cette popularisation, autant Apple a un positionnement commercial beaucoup plus complexe, plutôt élitiste, et qui profite de son image en informatique de trublion contre Microsoft, pour donner l’impression d’une communauté « différente »…
Oui, la stratégie d’Apple repose sur quelques fondamentaux qui ont fait son succès. Première règle : être techniquement irréprochable et performant pour éviter tout contre-référence. Globalement, à l’exception de quelques écrans fissurés ici ou là, c’est le cas, en téléphonie ou en informatique d’ailleurs.
Deuxième règle : encore et toujours innover. Apple se fout du comment il va produire, car ce n’est plus là que se fait la marge ; la richesse elle est à 90% dans l’inventivité. D’où des produits avec des « applications » novatrices mais aussi un design caractéristique, qui tient lui aussi de l’innovation et qui est lui aussi à forte valeur ajoutée.
A ces deux fondamentaux, il faut ajouter la communication et le marketing. Les grandes messes de Steve Jobs seul sur scène, pull noir, fond sombre et épuré, ont fait le tour du monde.
Ce modèle économique est clairement celui du futur. Mais il contient en lui-même le germe de sa perte car il se condamne à la fuite en avant perpétuelle, suicidaire et technologiquement impossible à tenir. L’IPhone est le parfait exemple de ce paradoxe. Succès planétaire, banalisé, il va rapidement être intégralement décortiqué et copié pour être concurrencé vigoureusement, à coup de sous-traitance sauvage dans les pays asiatiques et de gadgets attrape-gogo.
Or l’innovation est un chose qui ne se maîtrise pas, qui ne se décrète pas; elle ne peut aps être annuelle, elle n’est pas intégrable dans un business plan car elle est liée à l’aléa de l’intelligence humaine et de la recherche. On le voit dès à présent, l’IPhone 4 ou l’IPad ne sont que de pâles améliorations de l’IPhone.
Un bon indicateur en France des tendances du marché, le meilleur, est le bobo parisien. Toujours soucieux, pour les biens technologiques qu’il possède, d’une performance technique associée à une sensible différenciation esthétique, il va bientôt abandonner l’IPhone, qui ne lui ressemble plus. Quel intérêt d’avoir le même téléphone mobile – objet à forte affirmation sociologique ! – que celui du premier lycéen de 16 ans du coin ?
Vers quel produit, vers quelle marque va-t-il orienter son choix, rien n’est encore joué. 2010-2011-2012 vont être, à cet égard, des années intéressantes. Votre aimable rédacteur pense que les cinq prochaines années ne feront pas l’objet de véritable saut technologique et que, nous vivrons une période de guerre acharnée entre les téléphones tactiles, propice aux baisses de prix pour le client. Ce sera une période où la partie se gagnera sur des détails (convergence de technologies, packaging, design…). Un pronostic ? Le Taïwanais HTC…
François