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Que signifie préparer la révolution ?

Publié le 06 mai 2010 par Jplegrand

Hypothèses pour le rassemblement révolutionnaire

Les partis de gauche en France sont pour la plupart englués dans le système politique imposé par les forces du capital. Le vote des députés socialistes en faveur du plan pour la Grèce démontre qu'ils n'ont pas d' alternative à proposer au capitalisme, qu'ils ont fait de ce système le leur et par conséquent que tous leurs discours sur le changement n'est qu'une farce qui doit être traitée comme telle par les travailleurs.

Les dernières années ont montré combien le parti socialiste non seulement  s'accomodait du capitalisme dans son essence mais qu'il luttait pour convaincre les travailleurs qu'il ne peut y avoir d'autre système que le capitalisme. Il a joué son rôle en quelque sorte naturel de tenter de contenir voire d'empêcher toute tentative révolutionnaire. L'intention de François Mitterrand de réduire l'influence du PCF  s'est traduite dans les faits à la faveur du développement de la crise capitaliste qui a destructuré les organisations communistes dans les entreprises mais aussi à la faveur d'un PCF qui lui-même a de plus en plus épousé les thèses réformistes dans une conception de l'union politique qui a évacué dans les faits et progressivement la réalité de la lutte des classes au profit d'une lutte pour l'influence en terme électoral. Cette attitude du PCF a progressivement écarté ses organisations de la nécessaire rélexion et critique théorique de sa propre pratique et de l'analyse du mouvement de la société, ce comportement a conduit aussi au départ de nombreux militants de l'organisation et  à la disparition progressive des cellules des quartiers populaires et d'entreprises, qui étaient les véritables poumons de l'organisation, au profit d'un électoralisme visant à sauver les postes de quelques élus ou cadres du parti.

Pour autant peut on en conclure que les idées révolutionnaires aient disparu et qu'il n'y aurait plus de perspectives pour elles dans notre pays ?

Les idées révolutionnaires ne sont pas seulement le fruit des organisations, voir d'un parti communiste. Elles naissent du mouvement de la société qui en son sein à travers ses contradictions et en particulier dans ses crises va faire émerger chez les individus en fonction de leur situation de classe des recherches de solutions qui tiennent à la fois compte du passé mais aussi des possibles, des occasions, des circonstances. 

Nous sommes dans une période où la crise du capitalisme va nécessairement pousser les individus vers la recherche de solutions. Dans les Etats les plus avancés   en terme économique, dans les entreprises mutinationales mais aussi dans les autres, dans les métropoles de forte concentration démographique, les hommes vivent des rapports sociaux à la fois

 massifiés (concentration des lieux de vie) et parcellisés (division du travail), et ce sont certainement en terme à la fois d'actions de petits groupes sociaux  mais aussi d'immenses masses  de travailleurs qui vont représenter la convergence de l'ensemble des révoltes anti-capitalistes que vont s'opérer les prochains bouleversements politiques .

Cependant les révoltes  même massives ne suffiront pas. Elles ont besoin d'un contenu de classe, besoin de déterminer qui est l'adversaire réel c'est à dire d'identifier et de neutraliser les membres de la classe responsable des désordres qui empêchent la société de se développer dans le sens imprimé par l'évolution des forces productives c'est à dire dans le sens de la coopération entre les hommes et non plus de leur concurrence imposée par le capital. Les acteurs de ces  révoltes ont besoin impérativement donc de prendre conscience de l'adversaire de classe et donc nécessairement de qui est susceptible de constituer la classe révolutionnaire,  d'expérimenter dans leurs luttes qui, quels individus, quels groupes, quelles organisations  sont effectivement  utiles à leur combat.

En effet pour que les idées révolutionnaires deviennent des forces matérielles de transformation, il est nécessaire que les circonstances offrent des possibilités à la classe révolutionnaire d'agir politiquement. Or il apparait de plus en plus évident que ceux qui sont supposés constituer cette classe sont de plus en plus étrangers aux partis politiques traditionnels parce qu'ils font l'expérience pratique depuis plusieurs décennies de leur inefficacité voire de leur trahison. Cependant il n'est pas exclu que des membres de ces partis rejoignent le combat révolutionnaire mais ils devront faire face inéluctablement à la réaction des dirigeants des appareils qui taxeront d'aventurisme tous ceux qui tenteront de donner un débouché politique révolutionnaire aux révoltes populaires. Cela s'explique par le simple fait que ces dirigeants de la bureaucratie syndicale et politique vivent de compromis avec le système et que dans une situation révolutionnaire le compromis avec l'adversaire de classe s'amenuise singulièrement. Autrement dit ce sont les circonstances de la crise qui vont faire tomber les masques : les gens  pourront alors vérifier et décider eux-mêmes qui dans la crise sont les plus aptes à contribuer aux solutions qu'ils exigeront, et se convaincre que si même ils désignent des leaders,  ce sont  toujours eux et eux-mêmes d'abord qui sont les maîtres du mouvement. D'où l'importance de la révocabilité des élus dans les luttes.  

Mais les idées de transformation s'élaborent dans l'action pour l'essentiel car elles ne seront effectives que si elles deviennent la propriété de citoyens agissant, participant aux luttes, débattant à la fois du détail de mesures à prendre mais inséparablement de l'orientation que la société doit prendre. On est loin du schéma classique d'une démocratie formelle où les gens sont convoqués aux urnes, puis après les résultats, attendent un autre scrutin pour exister dans la vie politique. Les circonstances révolutionnaires au contraire créent des conditions favorables à l'intervention de masses immenses de personnes qui prennent conscience de leurs forces par leur pratique nouvelle où elles font l'expérience que leurs idées deviennent, par le nombre de gens qui luttent en leur faveur, des facteurs de transformation réelle en modifiant des rapports de force qui hier semblaient impossibles à modifier.

C'est donc à cela que doivent s'attendre le révolutionnaires anti-capitalistes : aider le mouvement social et politique à éviter tous les pièges préparés  par le grand capital et ses commis politiques, contribuer à ce que le mouvement se forge une conscience stratégique en sachant trouver les alliances tactiques pour parvenir à son but : se débarrasser de la domination capitaliste en construisant de nouveaux rapports sociaux et des pouvoirs populaires dans toute la société de la commune au sommet de l'Etat, comme dans les grandes entreprises privées et tous les services publics.

Le 6 mai 2010

Jean-Paul LEGRAND


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