(dépêches)
Il y a bien eu croisement entre Néantertaliens et Homo sapiens selon les dernières analyses ADN
http://m.letemps.ch/Page/Uuid/fa570634-594d-11df-9452-34b1487217fa/Quelque_chose_en_nous_de_Neandertal
Paléoanthropologie vendredi7 mai 2010
Quelque chose en nous de Neandertal
Une équipe internationale de scientifiques est parvenue à reconstituer le code génétique de l’homme de Neandertal, aussi long que celui d’«Homo sapiens»! Cela simplement à l’aide de fragments
d’ossements retrouvé dans une grotte de Croatie, et datant de 38 000 ans. Surprise: Neandertal aurait bien eu des relations avec «Homo sapiens», si bien que 1 à 4% de l’ADN de l’homme moderne
serait le sien
Olivier Dessibourg
Front fuyant, bourrelets osseux sur les orbites oculaires, gros nez, absence de menton, corpulence trapue, poil éventuellement roux: telle est l’image que se font les paléoanthropologues de
l’homme de Neandertal
. L’un ou l’autre de ces traits vous rappelle quelqu’un? Peut-être pas si étonnant que cela: une équipe internationale vient de reconstruire le code génétique de cet hominidé! Et, surprise: entre
1 et 4% de son ADN pourrait avoir été transmis jusqu’aux hommes modernes! Ces travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Science.
Depuis sa découverte en 1856 dans la vallée de Neander, près de Düsseldorf,
Homo neanderthalensis
s’est bien dévoilé. Outre son aspect, les spécialistes s’accordent à dire qu’il était loin d’être idiot (il fabriquait des couteaux en pierre, utilisait le feu, chassait). De plus, il enterrait
ses morts et «réalisait» des objets non utilitaires. «Ces comportements attestent qu’il avait une pensée symbolique», analyse
Marylène Patou-Mathis, archéozoologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris
.
Néanmoins, le mystère n’est pas entièrement levé sur notre cousin (Homo neanderthalensis et Homo sapiens, donc l’homme moderne, auraient eu un ancêtre commun il y a environ 600 000 ans). A quoi
est due sa disparition, il y 25 000 ans? A une épidémie ou à un abrupt changement (climatique?) dans son environnement? Ou à une lutte à mort avec H. sapiens? De plus, les deux espèces se
sont-elles interfécondées? Les bribes de squelettes trouvées sur environ 80 sites fournissent des éléments de réponse. Mais les anthropologues se tournent vers une autre source d’informations: le
patrimoine génétique légué par ces hominidés à travers les âges.
Au
Max Planck Institut de Leipzig,
le généticien Svante Pääbo est un pionnier dans l’analyse d’ADN ancien. Il s’est penché sur trois pièces de squelettes retrouvés en Croatie, où l’hominidé a vécu il y 38 000 ans. Puis en a
extrait 500 milligrammes d’os contenant des fragments d’ADN lovés dans le noyau des cellules osseuses. Grâce à deux techniques pointues, l’équipe a séquencé, bribe par bribe, 60% du génome d’H.
neanderthalensis, formé de 3,2 milliards de «lettres biologiques» (ou bases, de quatre types: A, C, T et G).
L’affaire ne fut pas simple: «Quelque 97% de l’ADN des échantillons provenait des bactéries et micro-organismes qui ont colonisé le cadavre de l’hominidé après sa mort», dit Svante Pääbo. Qui
plus est, en manipulant ses ossements, les scientifiques ont pu y déposer leur propre ADN. Mais là aussi, ils ont mis au point des méthodes permettant d’exclure toute contamination. Ne «restait»
plus qu’à comparer, à l’aide d’outils informatiques, ce génome avec celui de cinq humains actuels provenant du sud et de l’ouest de l’Afrique, de Papouasie, de Chine et de France. «Tous ces
travaux, menés scrupuleusement, sont fiables, commente Christoph Zollikofer, anthropologue à l’Université de Zurich. Car il est possible, en traquant des marqueurs biochimiques, de bien repérer
un ADN ancien. C’est comme de distinguer un écrit du XVIIe siècle d’un texte contemporain…»
Les scientifiques ont donc découvert que, contrairement à l’hypothèse souvent admise, H. sapiens et néandertaliens avaient bel et bien eu des rapports sexuels, puisque «ceux d’entre nous qui
vivent hors d’Afrique portent en eux un peu d’ADN néandertalien», résume Svante Pääbo. Pourquoi cette précision géographique? Il apparaît en effet que les trois humains modernes ne provenant pas
d’Afrique sont, très légèrement, les plus proches génétiquement de Neandertal. Svante Pääbo a une explication: «Les néandertaliens se sont probablement métissés avec des ancêtres de l’homme
moderne juste avant que ceux-ci ne se scindent en différents groupes pour essaimer en Europe et Asie.» Un épisode qui pourrait avoir eu lieu au Moyen-Orient, il y a 80 000 à 60 000 ans.
«Cette preuve du métissage est fascinante», s’enthousiasme Christoph Zollikofer. André Langaney, généticien à l’Université de Genève, y souscrit, mais ajoute un bémol, lié aux statistiques:
«Avant de faire la distinction entre Africains et non-Africains dans leurs relations avec Neandertal, il s’agirait d’augmenter le nombre d’humains analysés.» «Et y inclure des représentants de
l’Afrique de l’Est», berceau de l’humanité, reprend au vol Laurent Excoffier. Le généticien de l’évolution de l’Université de Berne relève que cette légère discrépance observée entre Africains et
non-Africains peut être issue de la conservation, dans ces groupes, de gènes encore bien plus ancestraux, et non du métissage avec Neandertal. «L’équipe de Pääbo n’exclut d’ailleurs pas cette
autre possibilité dans son article», dit-il.
L’autre intérêt de ces travaux est de «pouvoir identifier dans le génome de Neandertal des variations qui lui sont propres, et ne se retrouvent pas dans celui d’H. sapiens», et l’inverse,
poursuit Ed Green, professeur d’ingénierie biomoléculaire à l’Université de Californie à Santa Cruz, et premier auteur de l’étude. Autrement dit, l’idée est de cibler les infimes détails
génétiques qui permettent de définir ce qui nous rend, humains de 2010, si uniques.
Chez les cinq personnes analysées, les chercheurs ont trouvé 212 régions du génome qui n’apparaissent pas chez Neandertal. Des gènes qui affectent le développement cognitif, le métabolisme
énergétique ou le développement du squelette. «La possibilité de chercher des traces d’une sélection positive [de l’homme d’aujourd’hui] est probablement l’aspect le plus fascinant du projet»,
juge Svante Pääbo.
A ce sujet, les experts sont circonspects. «Les interprétations des scientifiques liées à la présence ou à l’absence de certains gènes sont très spéculatives, voire parfois erronées, regrette
Christoph Zollikofer. Cela peut s’expliquer par le fait que ces chercheurs sont avant tout des généticiens, pas des anthropologues. Cela dit, il y a des chances qu’on en apprenne plus dans la
décennie à venir.» André Langaney va même plus loin: «Je ne crois pas à une sélection positive qui aurait fait se différencier Neandertal et sapiens, car les deux avaient jadis probablement le
même potentiel évolutif. Je penche plutôt pour un événement historique (épidémie? glaciation?), qui a causé la fin des néandertaliens. Il ne faut pas oublier qu’ils étaient très peu nombreux,
quelques milliers sur le continent.»
La reconstitution du génome de Neandertal ouvre enfin une porte fantasmagorique: celle de pouvoir cloner cet hominidé, en insérant son ADN reconstruit dans un ovule fécondé d’aujourd’hui. Pour
l’heure, l’idée reste une utopie: on ne dispose pas encore d’une séquence complète dudit génome en bon état. «Et même: il faudrait insérer et rendre fonctionnel cet ADN refabriqué dans une
cellule vivante. On tente maintenant de le faire avec une bactérie. Mais c’est extrêmement plus simple qu’avec une cellule humaine…» conclut André Langaney
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/05/ladn-de-n%C3%A9andertal-r%C3%A9v%C3%A8le-ses-liens-avec-sapiens.html
divers
L'ADN de Néandertal révèle ses liens avec Sapiens
7 mai
2010
Madame Sapiens a fait crac-crac avec monsieur Néandertal. Ou l’inverse. Et avec succès reproductif. Mais pas en Europe, lors de l’arrivée de Cro-Magnon, il y a 37 000 ans. C’est une
vieille histoire (d’adultère ?) survenue au Proche Orient, il y a environ 80 000 ans. Elle n’a manifestement pas été très fréquente. Et depuis, nib de coucheries entre cousins.
Cette affaire des relations de parenté et de la possible rencontre des deux humanités les plus proches - Homo sapiens, l’homme moderne apparu il y a un peu plus de cent mille ans en Afrique, et
Néandertal - est révélée ce matin dans la revue Science . Par un article exceptionnellement long, traduisant un labeur minutieux et de haute précision. Il constitue un véritable «tournant dans
l’exploration des origines de l’humanité par les moyens de la génétique moléculaire», salue Pierre Darlu, un généticien qui a participé en 2006 à une étude de l’ADN des mitochondries, donc
uniquement maternel, de néandertaliens.
Qui sont les conteurs de cette histoire, auteurs de ce «travail énorme» insiste Pierre Darlu ? Une équipe internationale de haute volée, dirigée par Svante Pääbo, un biologiste suédois.
Svante Pääbo, multidiplômé en lettres, égyptologie, histoire et biologie fut l’un des pionniers de l’exploration de l’ADN ancien. Dès 1985, il s’intéressait aux gènes des momies égyptiennes. En
1991, il titrait «le rêve devient-il réalité ?» à propos d’ADN de 16 millions d’années. Il dirige, depuis l’Institut Max Planck de Leipzig, une équipe de près de 60 chercheurs de nombreux pays
(Allemagne, Etats-Unis, Espagne, Croatie, Irlande, Royaume-Uni, Russie), lancée à l’assaut du génome de Néandertal. Elle a séquencé l’ADN issu d’os fossiles de néandertaliens découverts
dans la grotte de Vindjia, en Croatie. Et réussi à réunir 60% du total de leurs génomes. Le voile est désormais levé sur l’identité génétique de Néandertal, et du coup sur ce qui nous différencie
de lui et constitue notre propre identité génétique.
C’est un véritable exploit technique que l’équipe réunie par Svante Pääbo a réalisé. Leur matériel ? De minuscules particules d’os, détachées à la roulette de dentiste sur trois os (photo à
droite) sélectionnés parmi 21 candidats. L’un daté de 38 000 ans et découvert en 1980. Un second plus vieux mais non daté et un troisième plus ancien daté de 44 000 ans. Des os peu contaminés par
l’ADN des hommes actuels. Comme les trois néandertaliens étaient… des dames, l’astuce à consisté à mesurer leur contamination en ADN masculin, du chromosome Y : pas plus de 1,5%.
Comparer des génomes extrêmement proches l’un de l’autre exigeait de faire appel à des techniques et des tests statistiques très sophistiqués. Outre le séquençage des os fossiles de la grotte de
Vindjia, l’équipe s’est donc appuyée sur quelques coups de sondes génétiques sur d’autres fossiles de néandertaliens, recueillis dans trois sites : El Sidron (Espagne, -49 000 ans), la
vallée de Neander (Allemagne, -40 000 ans) et Mezmaiskaya (Caucase, Russie, -60 000 à -70 000 ans). Sur le séquençage de cinq êtres humains actuels réalisé pour l’occasion. Et sur celui du
célèbre Craig Venter, un généticien américain.
Les généticiens ont obtenu un résultat surprenant, qui éclaire d’un nouveau jour nos relations de parenté avec ce cousin disparu. Ils contredisent les études antérieures, menées sur l’ADN
mitochondrial exclusivement maternel, qui n’avait trouvé aucune contribution néandertalienne à notre génome, menée tant par Catherine Hänni (Ecole Normale Supérieure de Lyon) en 2006 que par
Pääbo. Semblant donner ainsi raison à ceux des préhistoriens convaincus qu’homo sapiens, après sa sortie d’Afrique par le Proche Orient, n’avait jamais fricoté avec les néandertaliens qui
occupaient alors une large part de l’ancien monde, de l’Espagne à la Sibérie.
Une conviction fondée sur les différences anatomiques claires entre les deux humanités. Le squelette de sapiens, long, élancé, avec un front haut et lisse se distingue nettement d’un
Néandertal trapu, aux attaches musculaires fortes et surtout à son crâne bas, allongé, abritant d’ailleurs un cerveau de grande taille, et aux arcades sourcillières spectaculaires. De rares
indices anatomiques de métissage avaient été avancés, comme par l’Américain Erik Trinkaus, à propos de fossiles de Mladec (République Tchèque ou de Lagar Velho au Portugal). Mais ils n’avaient
pas emporté la conviction de la majeure partie des spécialistes.
Or, selon l’équipe de Svante Pääbo, il y a bien eu métissage. Il se lit encore dans le génome des humains actuels dès lors que l’on peut le comparer à celui de néandertal. Il est délicat à mettre
en évidence, puisque la contribution néandertalienne à notre génome est très discrète, mais néanmoins incontestable.
Cela suppose un flux génétique entre les deux populations après la divergence néandertalienne de notre ancêtre commun - erectus - survenue il y a environ 400 000 ans. Et avant la disparition de
Néandertal, dont les derniers représentants vivent en Europe de l’Ouest, il y a 30 000 ans. Où et quand ce flux génique faible mais indéniable - nos deux espèces n’étaient donc pas complètement
séparées au plan reproductif, ce qui est pourtant la définition du mot espèce - s’est-il produit ?
La réponse provient des cinq hommes actuels, choisis à dessein pour la comparaison. Un Français de type européen, un Chinois d’ethnie Han, un Papou de Nouvelle Guinée, un Yoruba (Afrique de
l’Ouest) et un San (Afrique du sud). Or, au petit jeu des similitudes, ce sont les eurasiatiques - Français, Chinois et Papou - qui emportent la palme de la proximité avec Néandertal,
pratiquement à égalité entre eux.
Comment expliquer ce fait ? Une seule solution, d’ailleurs suggérée par l’archéologie : les deux espèces cousines se sont «connues» au sens biblique… au Proche Orient, il y a environ 80 000. Et
non après, par exemple en Europe il y a 35000 ans, ce qui se serait traduit par une part néandertalienne plus forte chez l’Européen que chez le Papou, puisque Sapiens est arrivé en Asie de l’est
il y a 60 000 ans.
Ce serait donc lors de sa sortie d’Afrique, qu’Homo sapiens aurait rencontré sur sa route des populations néandertaliennes, avant de se répandre dans tout l’ancien monde. «C’est finalement la
région où les traces de cohabitation sont les plus claires», estime Pascal Depaepe (2), archéologue spécialiste de Néandertal, directeur scientifique de l’Institut national de recherches
archéologiques préventive. Les sites archéologiques du Proche-Orient montrent que les deux espèces ont partagé cet espace durant plus de 30 000 ans. A l’époque, d’ailleurs, «ils avaient la même
technologie lithique, le moustérien, et rien ne permettait de le distinguer d’un point de vue culturel alors que leurs différences anatomiques sont évidentes», souligne Depaepe.
Que la proximité génétique entre un Européen et un Papou avec un Néandertalien soit la même implique qu’il n’y ait pas eu d’échanges de gènes lors de l’arrivée de Cro-Magnon en Europe, où
il a cohabité avec Néandertal durant près de 10 000 ans. Une surprise ? «Après tout, on n’a jamais vu de signe probant de métissage anatomique sur les fossiles trouvés en Europe», affirme
Depaepe. Exit donc, les spéculations romanesques sur les viols de Cromagnones par des Néandertaliens.
Prudents, les généticiens évoquent une piste alternative. Un éventuel flux génique, faible, entre Cro-Magnons d’Europe et Néandertaliens pourrait être masqué par le flux de paysans du néolithique
qui a submergé les populations locales en Europe de l’ouest dans sa progression depuis l’Asie mineure, il y a entre 7 000 et 4 000 ans.
Cette étude montre également que l’essentiel des différences génétiques entre les humains actuels et Néandertal se situent dans des gènes relatifs aux capacités cognitives, au métabolisme
énergétique et à la morphologie du crâne. Les distinctions entre ces deux humanités semblent donc bien se situer de manière privilégiée au niveau… du mental. Il y a là de quoi alimenter la
réflexion des anthropologues et préhistoriens sur Néandertal, sa culture, le mystère de sa disparition et les relations qu’il a pu avoir avec Cro-Magnon… comme sur les mécanismes d’évolution
culturelle de ce dernier.
Cette étude, estime le préhistorien, va permettre de «dépasser les deux visions extrémistes de Néandertal qui se sont succédées. Néandertal a été vu comme un être bestial, simiesque, en
raison des reconstructions erronées de Marcelin Boule. Puis, ces dernières années, il a été réhabilité au point d’en faire un autre homme. Différent, certes, mais pas inférieur». Il fut
d’ailleurs un grand chasseur de gros mammifères - rennes, rhinocéros, mammouths - ce qui suppose habileté, anticipation et organisation collective (3).
Mais d’autres signes plaident en sa défaveur. Son caractère presque exclusivement carnivore, l’absence totale de technologie à base d’os - alors que Cro-Magnon en fait grand usage sous forme de
sagaies et de harpons inconnus des néandertaliens - semble indiquer des capacités cognitives différentes. Inférieures ? Pascal Depaepe reste prudent, et souligne les contradictions de la plupart
des hypothèses avancées pour expliquer sa disparition. Le climat ? Certes, cette époque est «troublée», mais Néandertal a vu pire. La concurrence avec Cro Magnon ? Il y voit une piste plus
intéressante. Certes, les populations sont très petites, le gibier abondant, mais «un chasseur a besoin de grands espaces».
Cette concurrence ne s’est manifestement pas jouée à armes égales. Le châtelperronien, nom de l’artisanat de la pierre en Europe qui surgit juste avant la disparition de Néandertal, a été
interprété comme le signe d’une influence culturelle de Cro Magnon sur Néandertal, comme les quelques productions artistiques, dents ou coquillages percées de ce dernier. Mais, affirme Depaepe,
la preuve que cette industrie soit le fait de Néandertal «reste ténue», puisqu’elle ne repose que sur un seul indice, à Saint Césaire (Charente maritime).
Surtout, Sapiens joue en division supérieure, côté cérébral et social. A partir d’il y a 40 000 ans, l’évolution des technologies lithiques accélère, l’expression artistique explose (photo :la
grotte Chauvet), signe indubitable de «liens sociaux plus complexes», insiste Depaepe. Cela débouchera sur les révolutions néolithiques au Proche-Orient, en Asie, en Afrique et en Amérique. Les
généticiens ont-il mis le doigt sur ce qui aurait empêché Néandertal de participer à l’aventure ? C’est bien possible.
(1) Green et al, Science du 7 mai 2010.
(2) Pascal Depaepe, La France du Paléolithique, La Découverte/Inrap, 2009.
(3) Néandertal, une autre humanité de Marylène Patou Mathis (Perrin), Quant d’autres hommes peuplaient la Terre de Jean-Jacques Hublin (Flammarion), Un néandertalien dans le métro de Claudine
Cohen (Seuil).
L'article scientifique est là.
Ici une note sur le scan du crâne de Cro-Magnon.
ici une note sur la découverte d'un site d'Homo erectus dans l'Hérault daté d'il y a 1,5 million d'années.
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/03/le-cerveau-de-cro-magnon-en-3-d.html#tp
divers
Le cerveau de Cro Magnon en 3D
11 mar
2010
Les paléoanthropologues disposent maintenant d'un modèle en trois dimensions du cerveau de Cro-Magnon. Pas d'un Cro-Magnon, mais du Cro-Magnon, le crâne découvert en 1868 dans l'abri du même nom,
aux Eyzies de Tayzac (Dordogne).
Ce modèle est en dur, plus exactement en plastique. Fabriqué par laser à partir d'un modèle numérique en 3D du cerveau, lui même issu d'un scanner du crâne, conservé par le Musée de l'Homme.
C'est Antoine Balzeau (Museum national d'histoire naturelle) et Dominique Grimaud-Hervé (MNHN) au sein d'un laboratoire commun avec le Cnrs) qui ont conduit ce travail. Antoine Balzeau, joint au
téléphone, en souligne l'intérêt. «Nous avons très peu d'endocrânes d'hommes de Cro-Magnon, c'est à dire les homo sapiens fossiles vivant il y a environ 30 000 ans et, paradoxalement, celui de
Cro-magnon est l'un des mieux préservés. Nous avons donc pu retrouver de manière précise l'empreinte que le cerveau a laissé sur la boite cranienne. On distingue bien sa surface, les veines, les
lobes, les zones cérébrales, l'organisation générale.»
On dit souvent que nous sommes des Cro-Magnons. C'est vrai au sens où la similarité morphologique indique clairement que nous sommes une seule et même espèce. Une espèce apparue il y a 200
000 ans en Afrique, avec les premiers sapiens archaïques. Mais, entre Cro-Magnon et nous, il y a quelques petites différences. Son crâne est ainsi plus robuste, moins rond et avec des stutures
osseuses plus marquées que celui des hommes actuels, «voire des Romains de l'antiquité», précise Balzeau. Il est aussi plus volumineux, puisque en moyenne les Cro-Magnon présentent un volume de
15% de plus que nous, et même 20% de plus pour Cro-Magnon qui était donc un bel et grand homme à grosse tête et gros cerveau.
C'est la première fois que l'on numérise ainsi le cerveau, du moins son empreinte sur le crâne, d'un Cro-Magnon, alors que cela a déjà été fait pour d'autres hommes fossiles plus anciens.
Le scan a été réalisé à l'hopital des quinze-vingt, il y a quatre ans, en très haute résolution. Mais pour guider la fabrication du modèle en plastique, il fallait fournir un guide numérique au
laser. Ce dernier polymérise une poudre de plastique déposé dans une cuve, pour former l'objet. Une technologie baptisée prototypage, mise en oeuvre par la société Initial. C'est Antoine Balzeau
qui a reconstruit virtuellement le cerveau en 3D à partir des données du scanner.
A première vue, le cerveau est similaire au notre, et il sera difficile d'en tirer quelque chose sur les capacités intellectuelles de Cro-Magnon. Mais les traces qu'il nous a laissé - habitat,
outils, armes, grottes ornées, art - montrent que ses capacité intellectuelles étaient probablement aussi sophistiquées que les notres.
Cro-Magnon était un homme, assez âgé au point d'avoir été surnommé le «vieillard». Son crâne est presque complet. Une datation récente des parures en coquillages perforés qui accompagnaient les
restes humains (il y avait aussi deux autres hommes, une femme et un enfant) montre qu'ils auraient environ 28 000 ans. Ils et font donc partie des plus anciens individus attribués à notre
espèce, Homo sapiens, découverts sur le continent européen.
http://www.lexpress.fr/actualites/2/une-etude-genetique-revele-des-croisements-neandertal-humain_890481.html
Une étude génétique révèle des croisements Néandertal-humain
Par Reuters, publié le 07/05/2010 à 07:48
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Une étude génétique révèle des croisements entre l'homme de Néandertal et l'humain moderne, probablement au moment où les premiers homo-sapiens ont commencé à migrer hors d'Afrique.
Musée du Néandertal à Kaprina, en Croatie. Une étude génétique révèle des croisements entre l'homme de Néandertal et l'humain moderne, probablement au moment où les premiers homo-sapiens ont
commencé à migrer hors d'Afrique. (Reuters/Nikola Solic)
Les peuples d'origine européenne, asiatique et australasienne ont tous des traces d'ADN de Néandertal, mais pas les Africains, expliquent les chercheurs dans un article paru dans l'édition de
vendredi du journal Science.
L'étude pourrait aider à résoudre un vieux débat sur le fait de savoir si l'homme de Néandertal et l'humain moderne ont fait plus que simplement cohabiter en Europe et au Proche-Orient.
"Ceux d'entre nous qui vivent hors d'Afrique portent un peu d'ADN de Néandertal en eux", résume Svante Paabo, de l'institut Max Planck à Munich, qui a dirigé cette recherche.
"La proportion de matériel génétique hérité de Néandertal est d'environ 1 à 4%. C'est peu mais c'est une proportion bien réelle d'ascendance chez les non-Africains aujourd'hui", ajoute le Dr
David Reich, de la Harvard Medical School de Boston, qui a participé à cette étude.
Rien ne permet d'identifier quels "traits" peuvent avoir été hérités de Néandertal. "Tout ce qu'on peut dire, c'est que ce ne sont que des parcelles aléatoires d'ADN", dit Svante Paabo.
Les chercheurs s'appuient sur le séquençage du génome d'os de Néandertal découverts en Croatie, en Russie, en Allemagne et en Espagne. Ils ont développé de nouvelles méthodes pour rassembler,
séparer et séquencer l'ADN.
"Dans ces ossements vieux de 30.000 ou 40.000 ans, très peu d'ADN a été préservé", souligne Svante Paabo, qui précise que 97% voire plus de l'ADN extrait de ces ossements provenait de bactéries
ou de moisissures.
Ils ont comparé ce séquençage à celui de cinq personnes originaires d'Europe, d'Asie, de Papouasie-Nouvelle Guinée et d'Afrique.
ESPÈCES DISTINCTES?
Le résultat dessine le portrait d'homo-sapiens vivant aux côtés d'hommes de Néandertal, éteints il y a quelque 30.000 ans, avec des relations parfois très intimes. "Il y a eu des métissages à un
petit niveau. Je préfère laisser à d'autres le soin de se quereller pour savoir si l'on peut nous qualifier d'espèces distinctes ou non", poursuit Paabo. "D'un point de vue génétique, ils
n'étaient pas très différents de nous."
Les croisements génétiques pourraient remonter à il y a environ 80.000 ans, quand les hommes modernes venant d'Afrique ont rencontré les populations de Néandertal établies les plus au sud, au
Proche-Orient.
Les chercheurs ont identifié cinq gènes propres aux Néandertaliens, dont trois gènes liés à la peau. "Cela suggère que quelque chose dans la physiologie ou la morphologie de la peau a changé chez
les humains", explique Svante Paabo.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
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http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100506.FAP0761/nous-avons-tous-un-peu-d-homme-de-neandertal-en-nous-selon-une-nouvelle-etude.html
06/05/10 22:42 Réagir Nous avons tous un peu d'homme de Néandertal en nous, selon une nouvelle étude
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WASHINGTON (AP) — Un examen détaillé du génome de l'homme de Néandertal révèle qu'il y a un peu de lui en chacun de nous: de 1 à 4% des gênes des peuples d'Europe et d'Asie proviennent des
Néandertaliens, selon une nouvelle étude.
"Ils continuent à vivre, un petit peu", a commenté Svante Paabo de l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne. L'équipe qu'il a dirigée avec Richard Green de
l'université de Californie et David Reich de la Faculté de médecine de Harvard a comparé le matériau génétique collecté sur les os de trois hommes de Néandertal avec celui de cinq hommes
d'aujourd'hui.
Leurs conclusions, publiées vendredi dans la revue "Science", établissent une relation entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes vivant hors d'Afrique, a précisé M. Paabo.
Elle suggère en effet que des croisements ont eu lieu au Moyen-Orient, où les hommes de Néandertal et les Homo Sapiens ont vécu de façon concomitante il y a des milliers d'années, a-t-il
ajouté.
"Les gens s'intéressent à la question: 'par quelle route suis-je arrivé ici?' Et l'idée qu'il y a un vague écho du Néandertal" est intéressante, a estimé Richard Potts, directeur du Programme sur
les origines de l'homme à l'Institut Smithsonien du musée national d'histoire naturelle.
"Je suis vraiment impressionné par la nuance qu'ils ont réussi à saisir", a déclaré Richard Potts, un des membres de l'équipe de chercheurs. "Les articles sont vraiment un bon antidote au tout ou
rien que présentaient les conclusions d'études précédentes".
Les Homo Sapiens sont originaires du Moyen-Orient et se sont ensuite dispersés dans d'autres régions du monde. Une relation génétique avec l'homme de Néandertal a été établie pour les populations
d'Europe, de Chine et de Papouasie-Nouvelle Guinée, mais pas pour les populations d'Afrique.
Todd Disotell, un anthropologue de l'université de New York a suggéré que des tests soient faits sur davantage d'Africains.
"Mon hypothèse est que, si nous faisons des tests sur davantage d'Africains, nous trouverons certaines de ces anciennes origines en Afrique", a estimé M. Disotell, précisant que l'équipe de
recherche n'avait pas effectué de tests sur des Nord-Africains, alors qu'elle l'avait fait sur les populations de l'ouest et du sud de l'Afrique.
M. Paabo a reconnu que les conclusions de l'étude ne permettaient pas de dire que seules les populations habitant en dehors de l'Afrique avaient des gènes communs à l'homme de Néandertal. Il a
ajouté qu'en faisant d'autres études des relations seraient peut-être établies avec certains Africains.
Cette étude pourrait nourrir les débats entre anthropologues et généticiens pendant des années, a estimé Laura Zahn, rédactrice en chef associée de la revue "Science".
L'homme de Néandertal, aujourd'hui disparu, est le parent le plus proche de l'homme actuel qui a vécu il y a plus de 30.000 à 400.000 ans. Il a coexisté avec l'homme actuel il y a 30.000 à 50.000
ans, en Europe et en Asie de l'Ouest.
L'homme de Néandertal disposait d'une riche culture matérielle qui lui permettait de chasser, de coudre et de maîtriser le feu. Il vivait dans des abris et enterrait ses morts. AP
___
Sur le Net:
La revue "Science": http://www.sciencemag.org
hs/v0667
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gmcdcAfNWgAVodWiiUpRywQkmYSw
Le séquençage du génome néandertalien révèle des croisements avec l'homme
De Jean-Louis SANTINI (AFP) – Il y a 17 heures
WASHINGTON — Le séquençage du génome du Néandertalien, annoncé jeudi par une équipe internationale de recherche, révèle des croisements avec l'humain moderne et lève le voile sur des traits
génétiques uniques à l'homme dans l'évolution.
De un à quatre pour cent du génome de l'homme --2% de ses gènes-- proviennent des Néandertaliens, nos plus proches cousins, dont l'apparition remonte à environ 400.000 ans et qui se sont éteints
il y a 30.000 ans, précisent ces chercheurs dont l'étude paraît dans la revue américaine Science du 7 mai.
"Nous pouvons désormais dire que selon toute vraisemblance il s'est produit un transfert de gènes entre les Néandertaliens et les humains", souligne Richard Green, professeur d'ingénierie
bio-moléculaire à l'Université de Californie à Santa Cruz, principal auteur de ces travaux entamés quatre ans auparavant et dont une ébauche avait été rendue publique en 2008.
Selon ces chercheurs, ce transfert génétique a dû se produire il y a entre 50.000 et 80.000, probablement quand les premiers homo-sapiens ont quitté l'Afrique --berceau de l'humanité-- et
rencontré les hommes de Néandertal au Proche-Orient, avant de se dispercer en Eurasie.
Le fait que les gènes néandertaliens apparaissent dans le génome d'individus d'origine européenne et asiatique mais pas chez les Africains conforte cette hypothèse.
En outre, aucun gène d'homo-sapiens n'a été trouvé dans le génome du Néandertalien séquencé à partir d'ADN extrait de trois ossements fossilisés provenant de la caverne de Vindiglia en Croatie,
qui datent de 38.000 et 44.000 ans. Ces os appartenaient à trois femelles.
Ces chercheurs ont comparé le génome néandertalien avec celui de cinq humains modernes venant d'Afrique australe et occidentale ainsi que de France, de Chine et de Papouasie Nouvelle-Guinée.
Ils ont aussi fait la comparaison avec le génome du chimpanzé dont 98,8% des gènes sont identiques à ceux de l'homme. En comparaison, le Néandertalien était à 99,7% identique génétiquement à
l'humain moderne et, lui aussi, à 98,8% au chimpanzé. L'ancêtre commun entre l'homme, le Néandertalien et le chimpanzé remonte à cinq ou six millions d'années.
L'homme de Néandertal et l'humain ont divergé dans l'arbre de l'évolution à une période remontant entre 270.000 et 440.000 ans, concluent ces chercheurs, soulignant que les deux espèces étaient
très semblables.
Mais ce sont surtout les différences qui sont intéressantes.
"Le séquençage du génome du Néandertalien nous permet de commencer à définir tous ces traits dans le génome humain qui diffèrent des autres organismes vivants, y compris de celui du plus proche
parent de l'homme dans l'évolution", observe Svante Pääbo, directeur du département de génétique de l'Institut Max Planck en Allemagne, qui dirige ce projet de séquençage.
Pour Richard Green, "le décodage du génome de l'homme de Néandertal est une mine d'informations sur l'évolution humaine récente et sera exploitée durant les années à venir".
Parmi les vingt endroits du génome de l'homme montrant les plus fortes indications de sélection positive dans l'évolution, ces chercheurs ont isolé trois gènes dont les mutations affectent le
développement mental et cognitif. Ces mêmes gènes, lorsqu'ils présentent des mutations, sont aussi impliqués dans la schizophrénie, l'autisme et la trisomie 21.
D'autres de ces vingt régions du génome humain qui diffèrent de celui du Néandertalien contiennent un gène jouant un rôle dans le métabolisme énergétique et un autre affecte le développement de
la boîte cranienne, de la clavicule et de la cage thoracique.
Ces chercheurs ont enfin établi la première édition d'un catalogue de traits génétiques propres à tous les humains mais pas au Néandertalien ni au singe.
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-neandertal-est-en-nous-25165.php
07/05/2010 >> Voir toutes les actualités
Actualité
Paléontologie humaine
Néandertal est en nous
On croyait avoir éliminé la possibilité d'un croisement de l'homme moderne avec son proche parent, l'homme de Néandertal. Et si l'on s'était trompé ?
Jean-Jacques Perrier
D'après les premières analyses de son génome, l'homme de Néandertal (Homo neanderthalensis) n'a pas contribué au patrimoine génétique de l'homme moderne (Homo sapiens). Il semble que cette
conclusion doive être révisée, et c'est un peu une révolution dans le monde de la paléontologie humaine, bien que cela conforte d'anciennes hypothèses. Une équipe internationale coordonnée par
Svante Pääbo, de l'Institut Max Planck de Leipzig, et Richard Green, de l'Université de Californie à Santa Cruz, suggère en effet que les premiers hommes modernes se sont croisés avec des
Néandertaliens au Moyen-Orient, lors de leur migration depuis l'Afrique.
S. Pääbo et ses collègues ont comparé des séquences représentant 60 pour cent du génome de trois Néandertaliens (4 milliards de paires de bases), le génome du chimpanzé, et les génomes d'hommes
européens, de Papouasie-Nouvelle Guinée, de Chine, du Japon, du Sud de l'Afrique et d'Afrique de l'Ouest.
Deux types de résultats de cette comparaison plaident en faveur d'un croisement entre des Néandertaliens et certains de nos ancêtres. Tout d'abord, si l'on considère de courtes portions d'un
chromosome de différents individus, un Chinois et un Africain par exemple, un test statistique permet de déterminer si le même chromosome d'un Néandertalien ressemble plus à l'un ou à l'autre. Si
les Néandertaliens sont restés un groupe indépendant, on ne devrait pas trouver plus de ressemblances entre leurs séquences et celles du génome d'un Chinois qu'entre leurs séquences et celles du
génome d'un Africain. Or les sites chromosomiques étudiés correspondent plus fréquemment à ceux des Européens et des Asiatiques, et moins souvent à ceux des Africains. La différence de
correspondance entre des portions du génome néandertalien et celles du génome chinois, d'une part, et entre le génome néandertalien et le génome d'Afrique de l'Ouest, d'autre part, est par
exemple d'environ six pour cent.
Deuxième argument : en comparant des portions chromosomiques entre Africains et non-Africains, les chercheurs ont repéré que certaines de ces régions étaient plus variables chez les
non-Africains. Ils suggèrent l'existence d'un flux génique entre Néandertaliens et non-Africains qui aurait augmenté la variabilité. Leur hypothèse est confirmée par le fait que, sur 12 régions
du génome plus variables chez les non-Africains, 10 sont présentes dans le génome néandertalien.
Pour les chercheurs, l'explication la plus évidente de ces résultats est qu'une partie du génome néandertalien a été transmise au génome d'Homo sapiens hors d'Afrique, donc après que l'homme
moderne est sorti du continent. En moyenne, moins de quatre pour cent du génome des Européens et Asiatiques actuels proviendraient de Néandertaliens, ce qui suggère que les croisements ont été
limités. Par ailleurs, comme la ressemblance avec le génome néandertalien se retrouve pour des hommes eurasiatiques, l'hybridation des génomes a dû se produire avant que l'homme moderne se
disperse en Europe et en Asie, donc probablement au Moyen-Orient.
« Cela n'est finalement pas très surprenant, remarque Silvana Condemi, paléoanthopologue à l'Université de la Méditerranée, à Marseille, car lorsqu'a eu lieu l'expansion des Néandertaliens vers
le Moyen-Orient à partir d'Europe, leur berceau, ceux-ci ont rencontré des groupes d'Homo sapiens qui vivaient dans cette région, dont les plus connus sont les fossiles de Qafzeh et Skhul, en
Israël. » Pourquoi n'est-ce pas plutot H. sapiens sortant d'Afrique qui a rencontré Néandertal établi au Moyen-Orient ? Parce que, d'après les fossiles, les Néandertaliens étaient préalablement
établis en Europe et sont arrivés après l'homme moderne au Moyen-Orient.
Les chercheurs ont également trouvé la trace de variations, chez l'homme moderne comparé à l'homme de Néandertal, de la composition en acides aminés de 83 protéines — ce qui peut influer sur leur
fonction — et d'une « sélection positive » de gènes, c'est-à-dire de leur fixation dans la lignée moderne. Ces gènes se sont différenciés chez l'homme moderne depuis sa divergence avec l'homme de
Néandertal, entre 435 000 ans et 272 000 ans. Plusieurs gènes sont connus pour être associés au développement cognitif, au métabolisme énergétique, à la structure du crâne et de la cage
thoracique, à l'apparence de la peau et à la cicatrisation. Ils existent chez les Néandertaliens mais sous une forme différente, ce qui pourrait (peut être) expliquer les différences
morphologiques entre ces deux populations. La version complète du génome néandertalien devrait fournir un catalogue exhaustif de nos différences et éclairera peut-être ce qui a contribué à
l'expansion de l'homme moderne et à la disparition concomitante de l'homme de Néandertal il y a 30 000 ans.
im MacKenzie/UC Santa Cruz
De l'ADN néandertalien a été retrouvé dans le génome d'hommes modernes européens et asiatiques.
à voir aussi
Johannes Krause MPI-EVA
L'intérieur de la grotte de Vindija, en Croatie, où ont été trouvés en 1999 les trois squelettes utilisés pour séquencer le génome néandertalien.
Max-Planck-Institute EVA
Ces trois os (Vi33.16, Vi33.25, Vi33.26) de la grotte de Vindija ont fourni l'essentiel des séquences du génome néandertalien.
Pour en savoir plus
R.E. Green et al., A draft sequence of the Neandertal genome, Science, vol. 328, pp. 710-722, 2010.
A. Degioanni, V. Fabre et S. Condemi, Les messages cachés dans les gènes de Neandertal, Pour la Science n°386, décembre 2009.
L'auteur
Jean-Jacques Perrier est journaliste à Pour la Science.
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-messages-caches-dans-les-genes-de-neandertal-23799.php
Pour la Science N°386 - decembre 2009>> Voir le sommaire de ce numéro
synthese
Paléontologie humaine
Les messages cachés dans les gènes de Neandertal
L'étude des gènes des Néandertaliens a livré quatre informations : l'homme de Neandertal était distant génétiquement de nos ancêtres ; sa lignée est ancienne ; il n'a pas contribué à notre
patrimoine génétique ; peu nombreux, ils ont occupé un vaste territoire.
Anna Degioanni, Virginie Fabre et Silvana Condemi
Le séquençage du génome de l'homme de Neandertal progresse. Son adn mitochondrial a déjà été entièrement séquencé (cet adn est contenu dans les mitochondries, des organites cellulaires produisant
l'« énergie » des cellules et transmis par les femmes). Svante Pääbo et son équipe de l'Institut Max Planck de Leipzig espèrent terminer dans les mois qui viennent une première ébauche de
séquençage complet de son adn nucléaire. Ces études génétiques ne vont pas tout révéler sur l'homme de Neandertal, mais elles ont déjà livré quatre informations importantes, que nous allons
examiner.
La première de ces informations est l'importance de la distance génétique entre nous et l'homme de Neandertal. Les mitochondries contiennent un ruban d'adn comportant presque 16 000 bases. Le
séquençage de ce ruban fut lent tant le matériel génétique néandertalien bien conservé est rare. Il a commencé en 1997 par 379 bases extraites du premier fossile néandertalien jamais découvert :
Feldhofer 1. Puis une quinzaine de fragments d'adn mitochondrial ont été séquencés. Ce travail difficile a bénéficié de grands progrès méthodologiques. Avant le séquençage, il est nécessaire
d'effectuer des amplifications ciblées de l'adn, par des pcr (la réplication des séquences géniques par réaction enzymatique). En 2004, David Serre, alors à l'Institut Max Planck de Leipzig, et
ses collègues ont mis au point une procédure qui amplifie spécifiquement l'adn...
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L'auteur
Anna Degioanni, Virginie Fabre, généticiennes des populations et Silvana Condemi, paléoanthropologue, sont membres de l'unité d'Anthropologie bioculturelle du cnrs, de l'efs et de l'Université de
la Méditerranée à Marseille.
Pour en savoir plus
V. Fabre, S. Condemi et A. Degioanni, Genetic evidence of geographical groups among Neanderthals, Plos One 4(4): e5151, 2009.
C. Lalueza-Fox et al., A melanocortin 1 receptor allele suggests varying pigmentation among Neanderthals, Science, vol. 318, pp. 1453-1455, 2007.
J. Krause et al., The Derived foxp2 Variant of modern humans was shared with Neandertals, Current Biology, vol. 17, pp. 1908-1912, 2007.
R. E. Green et al., Analysis of one million base pairs of Neanderthal DNA, Nature, vol. 444, pp. 330-336, 2006.
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http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/archeo-paleo/20100506.OBS3562/il-y-a-un-peu-de-neandertal-en-nous.html
07/05/10 09:42 1 réaction Il y a un peu de Neandertal en nous
1 à 4% du génome des hommes actuels proviendrait des néandertaliens, analysent les chercheurs qui ont séquencé l’ADN de cet ancien cousin disparu il y a 30.000 ans.
Reconstitution du buste de Pierrette, jeune néandertalienne retrouvé sur le site de Saint-Césaire , en Charente Maritime. (SIPA/Jean-Michel Nossant)
Défendue par certains anthropologues, l’idée que la rencontre entre Cro-Magnon et Neandertal ait été féconde n’avait jusqu’à présent pas trouvé de confirmation dans les études de paléo-génétique.
La revue Science publie cette semaine un rebondissement de taille: le croisement aurait bien eu lieu, même s’il demeure marginal, selon l’équipe de Svante Pääbo, de l’Institut Max Planck de
Leipzig. Nous aurions donc quelques gènes néandertaliens : 1 à 4% de l’ensemble de notre génome.
Sur le même sujet
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L'homme moderne, meilleur ennemi de Neandertal?
Des coquillages symboliques chez les Néandertaliens
Cette même équipe avait d’abord écarté l’hypothèse. La comparaison de l’ADN mitochondrial (contenu par les mitochondries dans la cellule) de Neandertal et d’Homo sapiens ne montrait aucune
parenté. Après le premier décodage de l’ADN nucléaire (du noyau de la cellule) de Neandertal, les chercheurs n’avaient pas non plus repéré de similitude avec l’ADN de Sapiens.
Les Africains moins proches de Neandertal
Après quatre ans de travail, Svante Pääbo et ses collègues disposent désormais d’environ 60% de la séquence génétique d’Homo neandertalensis, soit plus de 4 milliards de nucléotides obtenus à
partir de trois fragments d’os de trois Néandertaliens. Grâce à des techniques nouvelles mises au point pour récupérer, trier et analyser ce matériel, les chercheurs publient une première carte
du génome néandertalien.
Pour la comparer, Pääbo et ses collègues ont aussi séquencé l’ADN de cinq humains actuels originaires d’Afrique, d’Afrique de l’ouest, de France, de Chine et de Papouasie Nouvelle-Guinée.
Le génome de Neandertal a plus de similitudes avec les hommes actuels vivants hors d’Afrique, constatent les chercheurs. Ils suggèrent donc que les croisements entre les premiers hommes modernes
et les néandertaliens ont eu lieu il y a longtemps, après avoir quitté l’Afrique mais avant de se disperser en Europe et en Asie. C’est au Moyen-Orient, il y a 50.000 à 100.000 ans, que les deux
branches humaines se seraient mélangées, avancent les chercheurs. Et non pas plus récemment en Europe, il y a environ 30.000 à 40.000 ans, comme le suggère l'anthropologue américain Erik
Trinkaus.
Avantage évolutif
Au-delà de ces mystérieuses rencontres, ce qui intéresse Pääbo et ses collègues c’est l’identification des gènes qui ont permis à l’homme moderne de prospérer, tandis que Neandertal s’est éteint.
Pour cela ils cherchent des régions du génome qui ont rapidement évolué chez l’homme moderne mais pas chez Neandertal. Ils en ont isolé 212, dont 20 qui ont subi une sélection très forte. Parmi
ces gènes qui auraient conféré un avantage à l’homme moderne au cours de l’évolution, plusieurs concernent la cognition (apprentissage, relations aux autres…) et le métabolisme.
Pour en savoir plus sur le travail mené par l’équipe de Pääbo, lire Les experts font parler les fossiles et Le génome de l’homme de Vindija livre ses secrets (Sciences et Avenir, mars 2009).
Cécile Dumas
Sciencesetavenir.fr
06/05/10
http://www.lefigaro.fr/sciences-technologies/2010/05/06/01030-20100506ARTFIG00791-l-homme-de-neanderthal-devoile-son-genome.php
L'homme de Neandertal dévoile son génome
Mots clés : Neanderthal
Par Jean-Luc Nothias
07/05/2010 | Mise à jour : 08:25 Réagir
1 à 4 % du génome de l'homme moderne pourraient provenir des néanderthaliens. Crédits photo : AFP
L'humanité actuelle recèle quelques gènes de son cousin disparu.
Il est maintenant prouvé que nous avons en nous, les hommes dits modernes, quelque chose de l'homme de Neandertal. Une équipe internationale (56 personnes) a réussi à décrypter près de 60% du
génome de ce «cousin» à partir de prélèvements d'os datant de quelque 40 000 ans trouvés, il y a une vingtaine d'années, dans une grotte de Croatie. Et il apparaît que de 1 à 4% de notre propre
génome pourrait provenir des néandertaliens.
Neandertal est notre plus proche parent du point de vue évolutif. Apparu il y a 450 000 ans, il a peuplé l'Eurasie (Europe et ouest de l'Asie). Puis il a disparu, il y a 25 000 à 30 000 ans au
moment où l'homme moderne, celui que l'on appellera Cro-Magnon, commençait son expansion à partir de l'Afrique. Quelques analyses d'un ADN dit mitochondrial avaient déjà été réalisées. Mais
aujourd'hui, c'est sur de l'ADN dit nucléaire, issu du noyau des cellules, que les analyses ont été conduites. Comme pour l'établissement d'une empreinte génétique.
L'équipe dirigée par Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne) a donc montré que Homo neanderthalensis et Homo sapiens se sont croisés et côtoyés au Moyen-Orient avant que le
plus ancien ne disparaisse.
Est-ce important? «Mais enfin bien sûr, s'enthousiasme Évelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle dans un laboratoire associé au CNRS. Il s'agit
de savoir d'où nous venons, qui nous sommes vraiment!»
Les travaux, publiés aujourd'hui dans la revue américaine Science, montrent tout d'abord, pour la première fois, qu'il est possible d'analyser au moins en partie de l'ADN de noyau cellulaire,
vieux de plusieurs dizaines de milliers d'années, avec d'infinies précautions et une technologie hors norme. «Si quelqu'un avait prétendu il y a dix ans pouvoir le faire, personne ne l'aurait
cru, continue Évelyne Heyer. C'est un travail génial, magique, qu'ont réalisé Svante et son équipe. »
Ils ont ensuite pu comparer les séquences d'ADN néandertaliennes à celles de cinq humains actuels: un Africain du Sud, un Africain de l'Ouest, un Papou, un Chinois et… un Français. Les
comparaisons montrent que le génome néandertalien est plus proche de celui des non-africains modernes.
Ils ont aussi exploré les possibilités pour remonter à l'ancêtre commun des deux lignées d'hominidés et confectionné un catalogue des caractéristiques génétiques présentes chez l'homme moderne,
mais pas chez ceux de Neandertal ou chez les grands singes.
Ils ont également tenté de voir ce qui dans ces différents génomes pouvait expliquer la naissance d'Homo sapiens. Et ils ont trouvé que les régions de l'ADN qui présentaient le plus de
variations, c'est-à-dire celles qui avaient permis la «meilleure» évolution, concernaient des gènes du développement cognitif et mental, du crâne ou de la cage thoracique.
Prudence
«Même si cette première est formidable, tempère Évelyne Heyer, il faut prendre les hypothèses émises par ces chercheurs avec prudence. Certains aspects techniques, comme la longueur des fragments
d'ADN analysés, sont à mon avis un peu “légers”. Donc, toutes les conclusions sur les différences ou ressemblance entre Neandertal et l'homme moderne n'ont pas toutes la même valeur . Il faudra
que d'autres analyses du même type soient faites, peut-être par d'autres approches, pour vraiment y voir clair.»
Sera-t-il possible un jour de réaliser de telles analyses sur des hominidés encore plus anciens comme les australopithèques? « Sans doute pas, regrette Évelyne Heyer. Car à partir du moment où
toutes les parties organiques sont fossilisées, l'analyse devient impossible.» Mais ces analyses génétiques de Neandertal devraient permettre de mieux le connaître, le décrire et le faire
«parler».
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