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N’oublions pas Anne Lorraine - Funérailles d’Anne-Lorraine Schmitt

Publié le 03 décembre 2007 par Willy

N’oublions pas Anne Lorraine

  Par Blaise (son site)

Une semaine a passé depuis le décès de la jeune Anne Lorraine, dans le RER D, une semaine d’un silence relatif des grands médias, tout préoccupés à relater les émeutes du Val-d’Oise. Que dire face à ce crime abject? Je comptais me rendre avec un ami à son enterrement, puis les circonstances en ont décidé autrement à mon grand regret. Ce n’est pas que je connaissais cette jeune femme, jamais je n’avais entendu parler d’elle avant ce triste événement, mais j’avais été ému, comme d’autres, et admiratif de son courage, qui a conduit à l’arrestation de son meurtrier. Au cours de la semaine, j’avais tenté d’écrire à son sujet, mais sans succès, partagé entre le respect pour la douleur de la famille, et la pudeur devant la mort de cette jeune femme si courageuse.

Le hasard a voulu qu’Anne Lorraine, jeune femme de 23 ans, tombe sur un violeur récidiviste dans le train qui l’amenait chez ses parents, qui l’attendaient pour se rendre à la messe, le même jour que l’accident de deux jeunes gens à Villiers-le-Bel, dont on sait les événements qui ont suivis. Anne Lorraine a eu beaucoup de courage, elle a réagi, elle ne s’est pas laissée faire. Il aura fallu trente coups de couteaux à son agresseur pour en venir à bout, avant de la laisser agonir dans le wagon du train. L’agresseur, qui avait visionné un film pornographique avant d’embarquer, avait commis des faits similaires sur la même ligne, sa première victime, qui ne s’était pas autant débattue, avait eu la vie sauve. Ces trente coups de couteaux auront raison d’une vie sans faute, un parcours exemplaire, "limpide" dira Le Figaro magazine, dans un brillant hommage . "Je la connaissais. Elle avait 23 ans, avait une foi profonde et lumineuse, était joyeuse, pleine d’enthousiasme, avec un fichu caractère", explique un commentaire sur le forum catholique, l’un des premiers d’une longue séries de commentaires dans les journaux, dans lesquels se mêlent de l’indignation, des prières, et des messages de soutien à la famille, émanant particulièrement du monde catholique, ému du meurtre de cette aînée d’une famille pieuse de cinq enfants, cheftaine au sein des Guides et Scouts d’Europe, qui avait participé à des pèlerinages et aussi au JMJ de Colognes.

De son parcours universitaire, Gérard Gachet, ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles écrira qu’elle "faisait partie de ces enfants qui semblent n’être nés que pour combler leurs parents de joie et de fierté (...) elle avait effectué une année de classe préparatoire à la Maison de la Légion d’Honneur de Saint-Denis avant d’être reçue à l’Institut d’études politiques de Lille, puis d’intégrer à l’automne 2006 le Celsa, l’excellente école des sciences de l’information et de la communication dépendant de la Sorbonne. (...) Durant son stage, elle avait frappé toute la rédaction par sa culture générale, sa maturité, son exigence vis-à-vis d’elle-même". Elle avait marqué les rédactions dans lesquelles elle avait effectué des stages de journalisme, auquel elle se destinait, et aussi bien à Valeurs actuelles qu’à Radio Notre-Dame, les témoignages sont éloquents, elle avait d’ailleurs une place réservée dans ces rédactions qui lui reconnaissaient un véritable talent et une excellente culture générale en plus "(d’) un vrai tempérament, (et d’) une vraie personnalité".

   

La comparaison s’imposait d’elle-même, cette jeune femme en montant dans le train n’avait pas commis de faute, tandis que les deux adolescents de Villiers-le-Bel n’ont pas respecté le Code de la route, et roulaient sans casque, sur une mini-moto non homologuée, ce qui les a amenés à périr dans un accident malheureux. Pourtant c’est bien l’accident de Villiers-le-Bel qui allait prendre toute la place dans les journaux, avec des émeutes considérables. Les politiciens vont s’empresser de rencontrer les parents de Moushin et Larami, et les témoignages de soutien pour la famille d’Anne Lorraine seront quasiment inexistants jusqu’au retour de Nicolas Sarkozy qui daignera après avoir lui aussi rencontré les familles des deux adolescents, recevoir celle d’Anne Lorraine, avant de se rendre au lycée dans lequel elle était surveillante. Ici pas de manifestations, pas d’émeutes, pas de voitures qui brûlent. Juste de la pudeur et du recueillement chez les pensionnaires. Il est vrai que ce n’est guère vendeur.

Pourtant le décès de la jeune femme suscite de nombreuses questions : son meurtrier était récidiviste, et avait commis un autre crime, au même endroit. Il avait écopé de 5 ans de prison, dont deux fermes en 1996. Avait-il purgé sa peine jusqu’au bout ? Comment se fait-il que cet homme ait pu recommencer dans les mêmes circonstances le même méfait ? Il aurait pu commettre d’autres crimes, et la police semble enquêter dans cette direction. L’on n’ose qu’à peine évoquer le personnage après avoir effleuré le portrait de la jeune Anne Lorraine, sans frémir...

    L’article du Figaro magazine finit sur le témoignage très pudique du père de la jeune victime : « Je suis anéanti, sa famille est anéantie, explique le père de la jeune femme. Tout ce que je demande pour l’instant, c’est que l’on respecte notre deuil et notre souffrance. » Les obsèques ont eu lieu ce samedi, à la cathédrale de Senlis. Les messages de soutien à la famille peuvent être adressés sur l’adresse [email protected] .


Sur le site http://www.agoravox.fr/




Funérailles d’Anne-Lorraine Schmitt

  Par Thibault MORTIER

Il est extrêmement difficile de rendre compte de l’enterrement d’Anne-Lorraine Schmitt: on voudrait, parlant d’elle, être meilleur, être à la hauteur, et l’on est que soi-même.

La cathédrale de Senlis dresse ses flèches gothiques sur les vieilles maisons qui l’entourent, qui l’enserrent. Un millier de personnes sont sur le parvis, qui attendent, et demeureront debout pendant deux heures, dans un froid humide. Autant dans la cathédrale.

A l’intérieur, la foule récite la prière lancinante du chapelet, prière de pauvre qui n’a plus à offrir dans cette mélopée que la sécheresse de sa vie spirituelle.

Puis le silence. Un silence absolu dans cette cathédrale sonore, comble.

La croix, tout d’abord, s’avance, tenue par un enfant de chœur. Puis les thuriféraires, dont les encensoirs d’argent envoient vers le ciel des volutes de fumée, qui s’élèvent dans la lumière zébrée par les vitraux. Trente prêtres suivent. Puis Monseigneur James, Evêque du lieu.

Et de nouveau le silence.

Du fond de la cathédrale, un scandement précis, sur les dalles, s’amplifie. Six porteurs marchent au pas. L’un d’eux porte le grand uniforme de l’école de Saint-Cyr. Ils portent le cercueil d’Anne-Lorraine. Ils sont ses frères.

La foule, ici, est la vie d’Anne-Lorraine : les pensionnaires de la maison de la Légion d’Honneur, les scouts, mouvement dans lequel elle s’était engagée, ses camarades de promotion de l’IEP Lille et du CELSA, des amis journalistes, professions à laquelle elle se destinait De nombreux amis de sa famille, de nombreux membres de la communauté militaire - son père est le Colonel Schmitt, collaborateur du Général Dary, Gouverneur Militaire de Paris. Et de nombreux anonymes, venus à l’invitation de la famille, qui se sont sentis atteints au cœur d’eux-mêmes, et qui avaient voulu témoigner, par leur présence, de leur compassion, de leur soutien.

L’existence de cette jeune femme est marquée de grands traits lumineux : intelligence vive, humour caustique, joie de vivre, détermination, vie chrétienne profonde, engagements, notamment dans le scoutisme, amis de tous les bords. Avoir des convictions fortes, différentes, n’est pas antithétique de l’ouverture d’esprit.

Prenant la parole, ses sœurs pour dire combien elles étaient désemparées par une vie qui devrait se dérouler désormais sans elle, ses frères pour dire leur fierté et leur amour. Et le Colonel Schmitt, son père, relevant le courage de sa fille « Anne-Lorraine, tu as mis la barre très haut ». Dans la foule, un colosse pleure, silencieusement.

Deux heures marquées par une très grande dignité.

La France a perdu une de ses fines fleurs, dans l’éclat de sa jeunesse. Victime assassinée, massacrée par une bête fauve relâchée. Par qui ?

Une jeune femme qui est allé jusqu’au bout de sa vie, refusant la profanation de son corps. Une jeune femme qui s’est battue, seule, contre un homme au plein de sa force, et qui était venu armé. Cette femme parle à toutes les femmes qui, elles aussi, ont subi des outrages.

Une femme, brûlant d’un feu sacré, dont le testament est celui du courage. Qui enseigne que certaines valeurs sont si hautes, si précieuses, qu’elles peuvent quelquefois amener à poser sa vie en balance. Qui rejoint ainsi tous ceux qui sont morts pour avoir voulu défendre leur terre, leur liberté, leur honneur, ou leur foi.

Il est à craindre, toutefois, que notre époque ne soit plus capable de recevoir un message aussi pur : que signifie cette abstention gênée, dans la réaction gouvernementale ? Que signifie le silence écrasant qui a entouré ce crime révoltant ? Que cet exemple dérange ? Que nous ne savons plus admirer ? Que ceux qui sont vivants ne sont pas à la hauteur de ceux qui sont morts ?

Que le Ressuscité dans lequel vous aviez mis votre foi, Anne-Lorraine, vous accueille et vous garde. Pour nous, votre exemple demeure, et nous voudrions être des témoins d’un même courage.

Sur le site http://www.agoravox.fr/


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