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La culture de l’éphémère

Publié le 08 mai 2010 par Ruminances

Posté par clarky le 8 mai 2010

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En France, on n'a pas de pétrole mais paraîtrait qu'on ait des idées. C'est donc bayou net au fusil que Borloo, tel un  franc tireur mais néanmoins partisan, s'acharne à nous convaincre que son grenelle 2 est une avancée incontestable en matière de mieux vivre. Tel un bonimenteur, il tente de vendre sa camelote sur les marchés financiers qui carburent à l'hydro. Le bougre semble pourtant loin d'apprécier le fait de mettre de l'eau dans son vain exposé. Les approximations étant des hypothèses non encore vérifiées, il annonce, avec le brio qu'on lui connaît, le remarquable bilan de son grenelle premier du nom, une sorte de contrat mutualiste façon NAIF avant de nous plonger dans le grand sommeil écologique. C'est pas encore la Chandler mais on se crêpe déjà le chignon en haut lieu, surtout quand notre prodigieux roi soleil, vert de rage, prétend qu'il n'entend plus (mais n'a-t-il jamais entendu ??!!??) se soucier de la mise au vert de ses concitoyens.

Deux pois chiches, deux unités de mesure. La pyramide des sages devenue celle de la prédation, alors on reprend illico la marche en avant d'un conservatisme phagocytant la moindre avancée du côté d'un autre chez soi et tant pis pour les jeunes filles en fleur.

Moins on en dit mieux on colporte. Pendant que l'avocat du diable fait le malin face caméra, l'hémicycle nord fait dans la farce tranquille. Homicide involontaire au programme vendu à la tonne. Un rapport ça se pratique à deux, là ils étaient une dizaine les gros pervers à se démener en catimini pour statuer. L'histoire mérite bien un verre avec inceste de citron, ce doit être ça l'ivresse des grands fions. Ce fameux rapport d”amoureux de la nature donc, porte sur pesticides et santé. On présente cette fleur du mal le jour même de son vote aux parlementaires qui n'ont pas , a priori, eu le temps de s'enivrer de plaisir en y mettant les mains. Bref, on saute fissa sur les préliminaires et on se complaît dans un va-et-vient frénétique accompagné d'un oui massif et franc, on n'en doutait pas de la part de parlementaires sévèrement burnés !

Sauf que ce compte érotique d'une nuit d'athées révèle des charmes insoupçonnés. Aux grands maux la patrie reconnaissante, ici les pesticides sont les rois du pétrole. A en croire le rapport, qui est consultable au format pdf, on se fout globalement de l'avis des scientifiques qui mettent en garde face au retour tonitruant de ces fluides dont la mécanique est un bain d'huiles non essentiel à la vie. Sur la page abandonnée, on peut lire que les consommateurs attendent de l'agriculture qu'elle leur propose des produits de qualité et dont l'aspect soit irréprochable, induisant de facto, que seul le phytopharmaceutique permet de répondre à ces exigences commerciales. Ainsi soit-il, amène ! Encore plus interloquant, on peut découvrir, au détour d'un bruissement de souris, qu'en France les statistiques ne permettraient pas de chiffrer la surmortalité touchant les ruchers tout en occultant assez habilement de souligner les avertissements des apiculteurs quant à l'hécatombe touchant leurs ruches, bref, au pays des aveugles, le borgne est plus que jamais roi.

Je ne sais pas si le vert est dans la pomme mais il semble bien que l'on nous prenne pour des poires. Nul besoin d'avoir inventé l'eau chaude pour savoir qui se cache derrière ces affirmations dénuées de conclusion viable. Les grands groupes pharmaceutiques et chimiques mènent la danse, d'un pas en avant on en revient à trois en arrière. Allègre ment, mais ça on le savait, on ose même prétendre que les OGM sont une alternative, mais on oublie surtout de dire au passage que pour certaines de ces cultures OGM, l'association (qui a dit de malfaiteurs ??!!??) de pesticides est fortement recommandée, quitte à se flinguer autant se tirer deux balles dans la tronche.

En tentant de ménager les chèvres parlementaires, on nous prend bien le chou tant la lecture donne le mal d'esthète. L'art du chantage monte dans les octaves puisqu'on apprend que l'engagement du grenelle 1 de réduire de 50 % l'usage de pesticides générerait des catastrophes naturelles déterminantes pour la survie de la planète, je vous fais grâce de l'énumération de ces 10 plaies d'Egypte parce que je n'ai encore jamais vu personne marcher sur l'eau et dans la moise on l'est déjà !

Prévoyants et fortement convaincus, les petits rapporteurs insistent lourdement sur les conséquences déplorables qu'aurait une baisse significative des pesticides en France, faut surtout s'entendre sur ladite baisse significative des revenus et profits faits sur le dos et la santé des autres. Ces mêmes rapporteurs continuent sur “les bénéfices de l'usage des pesticides…”, effectivement c'est cela-même, mais qui leur rappelle, à ces joyeux fêtards, l'usage des bénéfices financiers dégagés au profit d'actionnaires qui ne pensent qu'à faire prospérer leur propre jardin, celui où ne pousse que le billet vert naturellement !

On en oublierait presque l'impact des pesticides sur la santé, le risque cancérigène que peut engendrer la manipulation , l'inhalation et donc l'emploi, loin d'être fictif, de ces poisons en vente libre. Et ce rapport, toujours plein d'entrain, de conclure que si la maladie est avérée, elle peut être causée également par d'autres sources ( la dangerosité, ainsi pointée, servirait à minimiser celle des pesticides, rapporteur ump, pro pesticides c'est tout un métier !), le soleil par exemple et ses UV, le fuel et ses vapeurs, les poussières naturelles, les engrais , et si en plus tu fumes là c'est le pompon, autant se jeter direct sur du benzène pour éviter les prises de bec.

Bientôt, même pousser mémé dans les orties sera un délit  puisque pour mettre sur le marché des produits à base d'orties, fougères, consoude il faut avoir les reins solides et faire face au lobby des grands groupes industriels qui veulent contrôler le marché agricole en empêchant que la concurrence dite bio ne vienne leur bouffer la laine sur le dos. Quant aux moutons, les quelques 60 millions recensés tantôt, paraîtrait qu'ils sont déjà bien au bord de la falaise et, depuis que le Panurge national a averti que l'écologie ne l'amusait plus, on risquait fort de faire le grand saut, mais ne cherchez pas l'élastique, y'en a point !


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