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Bandes reprisées

Publié le 08 mai 2010 par Manueldecastro
Bandes reprisées

Le folkeux solitaire, le DJ bidouilleur ou le télé-crocheté à barette n'y sont pas étrangers : la reprise paraît souvent comme un art solitaire. Le postulat vaudrait s'il n'existait des combos plus collectifs qu'intimistes, soucieux de rendre hommage aux ainés, sur bande et en bande. Des fanfares de cuivres aux sections de cordes, exemples de brassages d'influences.

El Michels Affair : L'esprit du Clan

C'est une sorte de retour à l'envoyeur. En bons trentenaires qu'ils sont, on imagine aisément les membres du collectif de Brooklyn influencés par le travail de leur voisin RZA et guidés par son amour pour le funk. C'est alors tout sauf une surprise de voir le combo apparaître sur scène aux côtés des membres du Wu-Tang, puis de lui rendre hommage le temps d'un album.

Sur " Enter the 37th Chamber " (en hommage aux 36 chambres du mythique premier essai du clan), les neufs gaillards d' El Michels Affair font sonner les productions du crew de Staten Island comme les disques qui les ont enfantées. Le résultat, bluffant au possible, met à jour une filiation essentielle, et rappelle, si besoin, que les enfants de RZA sont aussi ceux de JB.

The Apples : Covering in the name of...

Si le lien funk-hiphop est donc évident, on ne lie que rarement les adeptes de la caisse claire à ceux de la gratte électrique. Ce serait oublier que nombre des accrocs aux assauts funky ont eû au biberon leur dose régulière de métal. Le meilleur exemple en la matière demeure Rage Against The Machine, premier groupe à fusionner sans complexes rythmes et genres. Cette énergie tirée du choc entre binaire et breakbeat se voit résumée le temps d'une géniale reprise des Israélien de The Apples.

Tout est là : la " rage " des métalleux de L.A., les rythmiques survoltées affectionnées par les breakers, les cuivres graves chers aux danseurs de boogaloo... Ainsi, bon nombre de passionés aux nostalgies différentes se trouvent rassemblés par la force d'une bande. Il est d'ailleurs fort à parier que Zack de La Rocha lui-même validerait l'initiative, en bon melting-pot sur pattes qu'il est.

J.Dilla : Mémoire collective

On le vérifiera surement dans les mois à venir pour " feu " Guru : les hommages à une gloire du rap disparue se résument le plus souvent à des mix rétrospectifs et autres fonds de tiroirs apposés en tête de gondole. Ce fut le cas pour J. Dilla, producteur emblématique d'un hiphop teinté d'influences soul, disparu fin 2006, et sujet d'innombrables commémorations sur piste à la qualité variable et aux intentions discutables.

Première aiguille lumineuse au milieu de cette botte posthume : Suite For Ma Dukes (du nom de la mère du producteur), projet initié en 2007 par Carlos Niño et Miguel Atwood Ferguson, adeptes de la première heure de Jay Dee. Ici, on ne parle plus de bande mais d'ensemble : les deux musiciens ont en effet rassemblé un orchestre de 40 musiciens classiques pour rejouer les productions du défunt génie de la MPC. Le résultat, destiné à pouvoir être joué en parrallèle à l'original, met en lumière le talent de musicien de celui qui était avant tout un amoureux de son et un batteur hors-pair.

Autre hommage notable à Dilla, celui que lui ont rendu ceux dont il avait su mettre les influences en valeur : les Musiciens brésiliens. Reprenant le génial sample original du " Runnin' " des Pharcyde, DJs et Batteurs ont fait revivre la musique du natif de Détroit dans ce qu'elle avait d'universel. Ici encore, le nombre fait la force, et de la force naît l'émotion. Obrigado messieurs.


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