Pour un Québec qui sent le renfermé

source: www.metaluniverse.net

Voilà le titre qu’auraient dû mettre les signataires d’une lettre affligeante envoyée à la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, pour dénoncer la programmation du Festival d’été de Québec et remettre en question les subventions « aux spectacles anglophones ».

Quelques artistes ont signé : Raoul Duguay, Yann Perreau, Monique Miville-Deschênes, Edgar Bori. Je note que Yan Perreau fait partie de la programmation de l’édition 2010 du Festival d’été de Québec qu’il dénonce. La vingtaine d’autres signataires, des ex de tous acabits, des intellos, des séparatistes notoires, des montréalos-montréalais qui s’en prennent au FEQ parce que ce dernier fait de la place à la musique dans la langue de la perfide Albion.

« Toutefois, c’est une tout autre chose que de financer ces initiatives et de les commanditer avec des fonds publics qui doivent normalement être dédiés au soutien et à la promotion de la culture d’ici. Pour le festival d’été 2010, le gouvernement du Québec est plus qu’un “partenaire majeur”. Avec les nombreuses commandites du secteur public (Hydro-Québec, Loto-Québec, SAQ, Caisse de dépôt et placement, Musée national des beaux-arts, CLD), le soutien gouvernemental est essentiel à la tenue de ce festival. » (source)

Wow les moteurs!

À ce que je sache, le Festival d’été de Québec ce n’est pas les Francofolies, sa programmation n’a pas à ressembler aux Cahiers de la bonne chanson! Que le FEQ fasse évoluer le mandat qu’il se donne lui-même coïncide avec un manque à gagner qui mettait en péril l’événement. De plus, il y a une volonté évidente de rajeunir la clientèle, seule façon de faire pour assurer la pérennité de l’événement.

Si l’on devait l’empêcher de produire des groupes anglophones, il faudrait aussi imposer les mêmes restrictions au Festival de Jazz de Montréal, au Festival Osheaga, ce qui, à coup sûr, appauvrirait leur programmation au risque de les faire disparaitre.

Nationaliser la culture?

Que veulent les signataires quand ils demandent que Québec revoie sa politique de subvention au FEQ? Souhaitent-ils que l’on nationalise la culture, les grands événements culturels tels que le FEQ? Pire, souhaitent-ils que nos grands événements culturels ressemblent inlassablement à la Superfrancofête?

Comme ce fut le cas pour le passage grandiose de Sir Paul McCartney sur les Plaines d’Abraham, le réflexe des chiqueux de ceinture fléchée est de vouloir isoler le Québec de toutes influences extérieures surtout si ça parle anglais. Au diable que cette position passéiste donne l’image d’un petit peuple renfrogné qui vit dans une province où ça sent bon le renfermé, la cause avant tout!

Je note au passage que le soutien gouvernemental est essentiel à la tenue de tous les événements culturels ou presque. Mieux, il n’y a pas une production télévisuelle, cinématographique, pas un cd ou un clip qui ne se fait sans subvention sauf de rares exceptions.

Ça n’a aucun lien, quoi que…

J’ouvre une parenthèse pour souligner qu’hier soir, TV5 diffusait un reportage portant sur la Corée du Nord : Le socialisme en chantant. On y apprend que le dictateur impose lui-même les choix musicaux que son peuple a le droit d’écouter, de jouer et de chanter. Le Conservatoire national n’enseigne que la musique et les chants autorisés par Kim Jung-il. Lorsque l’on impose une culture par la force ou par le chantage aux subventions, on l’appauvrit inexorablement. C’est vrai en Corée du Nord, c’est vrai aussi au Québec. Je ferme la parenthèse.

Tuer dans l’œuf cette fausse controverse

Heureusement, à l’initiative du député indépendant Éric Caire qui représente une circonscription de la capitale nationale, l’Assemblée nationale a tué dans l’œuf cette fausse controverse en adoptant à l’unanimité la motion qu’il a présentée jeudi matin :

« Que l’Assemblée nationale félicite Daniel Gélinas, Dominique Goulet, directrice de la programmation, le Festival d’été de Québec, ainsi que leurs partenaires pour l’organisation de l’édition 2010 et qu’elle se joigne aux plus de 60 000 personnes qui, à ce jour, en ont approuvé la programmation. »

Voilà la réponse que n’attendaient pas les signataires!

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Ce texte a été publié sur ÉCRAN RADAR, le 7 mai 2010

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