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Peu de moyens mais plein d’envies. Vous êtes tou(te)s...

Publié le 08 mai 2010 par Fabrice @poirpom
Peu de moyens mais plein d’envies.
Vous êtes tou(te)s...

Peu de moyens mais plein d’envies.

Vous êtes tou(te)s débordé(e)s, vos nuits sont folles, le tout Paris vous réclame… Soit. Commencez donc par venir boire le verre de l’amitié, le coup de jaja qui déboulonne la semaine, demain soir, à la maison.

Gat-A est sur Paname pour quelques jours. Elle compte dormir sur le clic-clac du salon. Dans sa mansuétude sans bornes, elle consent à le prêter pour la soirée, le temps d’un apéro. Avant de s’effondrer.

Participation de chacun attendue. En stock pour démarrer:

- une bouteille martini blanc entamée;

- une bouteille de Chardonnay et sa petite soeur qui pleurent pour un peu d’attention;

- 2/3 d’une bouteille de rhum (pas de citron vert - si quelqu’un veut bien se dévouer);

- une tarte aux poivrons préparée à l’arrache ce soir qui va s’impatienter dans la journée;

- des tomates cerise so cute

Une sorte de teaser à l’américaine. Bricolé jeudi soir, à deux heures du mat’, planqué sous la couette-cabane, le portable sur les genoux. Il s’agissait de chatouiller les papilles, faire frémir les hanches des donzelles, chair-de-pouliser le cuir des messieurs.

Fuite en trombe du boulot, le vendredi, en fin de journée. À partir de 7000 tours/minute, en seconde, les vieilles défaillent et les jeunes sautillent sur les trottoirs. Bricolage de dernière minute dans la cuisine. Vers 20h30, début du concerto pour sonnette.

É-meel déboule avec sa quiche sous le bras et Cité d’Or sur le dos. Cité d’Or est un petit être bizarre. Après datage au carbone 14, trois ans et demi au compteur. Jovial, l’animal. Mange du papier sulfurisé brûlé en attendant de pouvoir déchirer la quiche de man-man; fan de Zorro et du sergent Garcia. Version télé, en noir et blanc. Puriste, le gamin.

Gat-A a fait une mixture maison à l’ail des Ours. Dans un petit pot en verre, grand comme un dé à coudre.

L’ail des Ours, il y en a deux semaines dans l’année, au fin fond de la Lozère. J’crèche là-bas ces temps-ci.

Mateo jongle avec sa tortilla et virevolte jusqu’au salon. Jull présente fièrement son morbier qui pue des pieds et son saucisson poivré qui pique les yeux. K-Pu a un mur dans les bras devant la porte.

C’est pas un mur, c’est un paravent. Ma coloc en a besoin pour un stand sur une expo.

Dans un sac en plastique accroché au mur qu’elle porte, des boissons colorées.

Abstinence alcoolique de deux semaines. Genre cure de jouvence. Me cherchez pas. Goyave et Cocktail Tropicana pour moi.

Char-Lo toque à la porte. Dans une main, une laitue aussi élégante que Régine, la Reine de la Nuit. Dans l’autre, des navets. Détour par la cuisine. Crus, coupés en dés, salés poivrés. Et le navet devient choupette. 

Gat-A déballe le pain et le fromage cévenol, produit artisanalement par sa coloc de Lozère.

On s’est cassé le cul trois plombes pour récupérer un pôv’ billet de train à Gare de l’Est. J’ai soif. On arrive.

Leen-C râle au téléphone mais déboule avec K-Ro quelques minutes plus tard. Charcuterie planquée dans la besace.

En moins de deux heures, la table est une foire. Le salon, une arène de gladiateurs bouffeurs de lion. La tortilla se fait dézinguer, la quiche dépouiller. La meute attaque le dé à coudre d’Ail des Ours à la louche. La tarte aux poivrons arrive trop tard mais se fait démonter quand même.

Et quelqu’un augmente le volume sonore de la musique d’ambiance. Qui prend donc plus de place. Et la chambre qui jouxte le salon devient une piste de danse de Province. Et le voisin en vis-à-vis se trémousse à sa fenêtre, nu comme un ver, sous l’effet de nos ondes fruitées.

Jou déboule avec de la goyave aussi, un peu plus tard, après un dîner de famille.

Vieille cartouche de Polaroid, deux clichés en stock. Reste de la virée en bécane. En 60 secondes, clichés flashés. É-meel et Cité d’Or qui déconnent sur le dancefloor. K-Pu qui grimace dans le salon.

Char-Lo a soif et veut du fort. Mais pas un seul citron vert. Mais un magnum de Goyave. Rapide détour par la cuisine pour récupérer les munitions. Rhum-Goyave-Tropicana.

Avec la goyave, la populace se trémousse activement, entre éclats de rire, yaourt oral et bouches en cul de poule. 

Avec la goyave, danses endiablées, confessions-canapé, contre-soirée cuisine. 

Avec la goyave, une écharde dans le pied de K-Pu mobilise 6 adultes, 1 enfant, 2 pinces à épiler et 1 couteau Leatherman pendant 20 minutes dans 1 salle de bain. Équation insolvable.

Avec la goyave, l’âge mental de Mateo retombe méchamment en école primaire. Dans la chambre-dancefloor, toute personne entre lui et le matelas se voit projetée brutalement sur ledit matelas. Encore. Et encore. Et encore. Tout le monde y a droit. Encore. Et encore. Et encore.

L’âge ingrat.

Et le voisin du dessous sonne à la porte. Sonne à la porte. Sonne, sonne, sonne. Sonne, sonne, sonne.

Je suis père de famille. Choix audacieux dans le contexte géopolitique actuel, tache noble dans cette société de débauche, chaque jour plus instable. J’interviens donc…

Ok, on baisse. 

Ro débarque et s’installe pour essorer la petite soeur du Chardonnay, restée planquée dans un coin du frigo.

Les verres se vident, les conversations s’essoufflent, les bâillements apparaissent. Retour de manivelle de la semaine écoulée.

La foule s’éclipse. K-Pu reprend son mur.

J’espère que ça passe dans un tourniquet de métro.

Avec Gat-A et Ro, nettoyage éclair du champ de bataille. Ro s’éclipse, Gat-A se roule en boule sur le clic-clac déplié, destructeur de lombaires.

J’écoute, hein, mais je dors.

Et elle s’effondre.


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