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J'ai travaillé dans un hôpital normal du pays cette semaine. Normal veut dire à peu près pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de matériel pour les interventions, pas plus de médicaments. Un hôpital de près de 100 employés qui doit théoriquement s'occuper de la maladie de 350 000 personnes (pour s'occuper de la santé, on ne va pas à l'hôpital). Quant au nombre de médecins, vous aurez assez des doigts d'une seule main pour les compter. On trouvait dans la pharmacie de l'hôpital plusieurs boîtes de Tylenol, du Nyquil, du Pepto-Bismol pi c'est à peu près tout. Comme dans la majorité des hôpitaux du pays, des organisations internationale sont présentes. On trouve donc une petite section de l'hôpital électrifiée et climatisée toute la journée, avec un personnel qui gagne trois fois plus que leurs collègues de l'autre côté du corridor. C'est le genre de programme financé par un pays 'ami d'Haïti' ou une ONG et qui vise une problématique sanitaire spécifique (paludisme, SIDA, …). L'infirmière de la salle d'accouchement se plaint de ses collègues trois fois plus riches : elles ne veulent pas lui passer une ampoule électrique afin que les bébés ne soient pas forcés de faire leur premier cris dans l'obscurité. L'hôpital n'a pas les moyens d'acheter des ampoules électriques, même pour sa salle d'accouchement. L'infirmière travaille donc au son et au touché ! Sa collègue 'payée-par-bailleur' lui répond qu'elle n'a pas le droit de lui prêter de la lumière, le bailleur fournit des ampoules pour sa partie du corridors, pas pour tout l'hôpital. Bien évidement, la salle réservée à la pharmacie de ce programme est remplie de pilules, de produits pharmaceutiques, de matériel servant aux interventions et ... d'ampoules électriques. Y'a des coups-de-pied-au-cul qui se perdent ! En fait, c'est la différence entre aider un pays, et travailler au renforcement de ses capacités.