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Comment reconnaitre un PDG malhonnête ?

Publié le 09 mai 2010 par Gigi75
Ayant reçu une bonne formation dans une école prestigieuse, monsieur Malhonnête vient d’être élu président d’une entreprise en bourse. Elu -ou nommé- le plus souvent par ses pairs qui ont fait la même école que lui.
Alors forcément, entrre collègues d'un même établissement, on se comprend !

L’objectif de monsieur Malhonnête est de s’enrichir le plus rapidement possible.

Il est conscient que la durée de vie d’un président d’une entreprise dépend de ses agissement, mais préfère en profiter au plus vite, on ne sait jamais ce que réserve l'avenir. Il commence par se faire embaucher à un salaire respectable. Pour simplifier, disons 100 fois celui d'un Ingénieur... histoire de satisfaire sa vanité. Il sait pourtant que son futur travail ne justifie en rien un tel avantage exorbitant ! Heureusement que ses subordonnés n'ont pas leur mot à dire sur sa nomination, lui qui ne connait rien au domaine d'activité de l'entreprise ! Il s'offre aussi un "golden welcome", un parachute dorée à l'entrée. Rassurez-vous, les actionnaires n'en soront rien, puisque c'est le conseil d'administration qui lui offre tout ça. Ces copains, ou futurs copains, qui vont attendre de lui le retour d'ascenseur bien sûr.

Détenant un grand nombre de stock-options de l’entreprise, il veut voir l’action monter en bourse le plus rapidement possible avant que ses options ne tombent à échéance. En général, 4 ou 5 ans. C'est bien assez de temps puor faire mousser, et pas trop pour qu'on s'aperçoive des désastres qu'il va commettre.

Acte I : Modifications comptables.

Il change les politiques comptables, afin de rendre les rentrées d'argent visibles plus proches, et les sorties d'argent plus lointaines:
  • les ventes de l’entreprise sont comptabilisées plus rapidement par la modification des principes de reconnaissances des bénéfices
  • les dépenses sont capitalisées au maximum pour augmenter les marges de profit à court terme
  • la durée de vie des immobilisations ainsi que leurs valeurs résiduelles sont augmentées afin de diminuer les charges d’amortissements
  • les techniques d’amortissements sont également modifiées afin de favoriser l’entreprise à court terme
  • la provision pour créance douteuse est diminuée afin de réduire les dépenses de dépréciations


Ces changements comptables font augmenter positivement les bénéfices de l’entreprise et donneront l’impression aux investisseurs qu’il y a eu une véritable croissance.

Acte II: Optimisation financière

Connaissant la théorie moderne de portefeuille et sachant que les investisseurs calculeront sans aucun doute le cout du capital pour évaluer son action, il augmente au maximum le poids de la dette grâce à des emprunts bancaires. Les taux d’intérêts étant actuellement inférieurs au coût du capital, les investisseurs diminueront également le rendement exigé.

L’argent emprunté sert à des différents projets long terme afin de pouvoir capitaliser les intérêts. Il ne se soucie pas de savoir si ces projets seront rentables ou pas. Avec l’argent restant, il verse des dividendes et rachète les actions de l’entreprise afin d’augmenter le bénéfice par action.

Il va aussi délocaliser dans des pays à bas coût. Pourquoi payer un ingénieur 100 en Occident, alors que d'après les tableaux qu'on lui montre tous les jours, un Roumain coûte 30, un Chinois coûte 10, un Indien 7, et dans certains pays qu'il souhaite tenir secrêt, un employé docile lui coûte 4 ? (bon d'accord, les routes sont pas toujours pratiquable, les communications aléatoires, mais c'est pas pour passer des vacances non plus !!).

Acte III: Communication financière

Les deux premiers actes ne serviraient à rien si personne ne s'en rendait compte ! Il faut alors faire savoir que l'entreprise qu'il gère est une mine d'Or, et qu'elle vaut surement beaucoup plus cher que sa cottation actuelle. Pour cela il va:

  • Acheter des action de la société. Les publications obligatoire des transactions des dirigeants étant publiques, nul doute que certains gros poissons vont voir la transaction, et acheter eux aussi des actions par mimétisme.
  • Rencontrer les investisseurs aux 4 coins du pays. Il ne ménagera pas sa peine en participant à de nombreux salons, ou pour rendre moins visible l'opération, .faire participer sa société, pour que les investisseurs particuliers "voient" enfin la société.
  • Convoquer les médias, qui devront se charger de diffuser la bonne nouvelle. Bizarrement, l'information apparaitra en même temps dans tous les journaux. Et tous bien sûr ventront la société. Comment faire autrement quand on vient de se faire payer un voyage dans une Ile paradisiaque ? De toutes façons, les confrères sont à la même enseigne, et personne ne se ventera de peur de tuer la poule aux oeufs d'Or !

Acte IV: La chute

Au bout de quelques années, après avoir empoché de grasses plus-values de ses stock-options (c'était le but de notre homme, ne l'oublions pas !), les investisseurs se posent des question sur une croissance toujours annoncée mais systématiquement repousée. Sur des dividendes qui restent importants, mais sur des ventes de pans d'activités autrefois juteux. Que se passe-t-il donc ?

Alors, le président, fier de lui, avec son salaire qui est passé de 100 fois le salaire d'un cadre, à 200 fois (hé oui, il faut bien vivre...), avance sur la tribune et justifie ses piètres résultat par "la crise". Il n' que l'embarras du choix, avec des crises tous les 4 ans !! D'habord c'était la faute à la bulle Internet. Ensuite c'était la faute aux Subprimes. Vraiment, pas de bol ! << Mais rassurez vous cher investisseurs, dès que la crise sera passée, vous verrez que nous ferrons des bénéfices >>.

Ah oui, car j'ai oublié de vous dire: L'entreprise qui autrefois faisait un maigre 5% de bénéfice, perd maintenant des millions. Elle est obligée périodiquement de mendier des crédits à la banque. Alternativement, pendant les périodes de reprise boursière, Elle augmente son capital auprès des actionnaires qui se trouvent de plus en plus dilués.

A la fin, lorsqu’il n’aura plus d’excuses, qu'il n'arrivera plus à convaincre ses banquiers que l'entreprise est "solvable", qu'il n'arrivera plus à lever des captaux sur les marchés, il quittera son poste, ou sera "débarqué". Mais rassurez vous: il touchera quand même le jackpot avec son parapluie doré... Une sublime retraite l'attend.

L'entreprise dans tout ça ? Il s'en fiche. Sans morale, il aura pillé l'entreprise en se servant un gros salaire, en lui faisant payer des intérêt de plus en plus importants aux banques qui lui ont prété.

Il aura ruiné l'entreprise par ses agissements financiers, ses actionnaires par ses dilutions d'intérêt, mis au chômage de grandes quantité d'ingénieurs par ses délocalisations sauvages.

Et si Mr. Malhonnête dirigait l'entreprise dans laquelle vous travaillez, sauriez-vous le détecter?



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