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Les fondamentaux d’une pédagogie de la réussite

Publié le 07 avril 2010 par Sampieru
De retour d'une formation de formateurs, j'ai médité dans le tgv aux réajustements que j'ai du y faire. Notamment, plusieurs remarques du groupe m'ont amené à rappeler combien, dans la formation pour adultes, il appartient au formateur de se mettre à l'écoute et au service des apprenants. C'est pourtant si simple dans le milieu que je fréquente...
Ainsi, il y a dans le projet des fondateurs de l’organisme dont j’assure la responsabilité pédagogique quelques intuitions qui, lors de sa rédaction en 1984, ont pu passer plus ou moins inaperçues. Dans un texte qui, à contre temps, faisait d’abord l’éloge de l’autorité dans l’éducation, puis marquait son attention envers la famille, premier lieu d’éducation des enfants, la mention d’une pratique pédagogique dénommée ‘accompagnement’ pouvait être oubliée. Et pourtant … La vraie réussite de cette association tient dans la prise de conscience par ses acteurs, avant beaucoup d’autres, de l’importance pour se construire d’une pédagogie exigeante favorisant la tentative plutôt que de la seule exigence du résultat.
Depuis, la technique et le vocabulaire modernes de la formation se sont réappropriés les intuitions des rédacteurs de ce texte. Entre différenciation et coaching, nombreux sont les exemples de pratiques éducatives fondées sur le propre cheminement de la personne. Mais l’attention portée aux personnes n’est pas suffisante. En effet, l’accompagnement est une pédagogie qui mêle une grande exigence dans le travail, et la bienveillance envers les personnes. C’est un fait. Mais on peut broyer des personnes avec beaucoup de bienveillance si les exigences sont infondées. C’est pour cela que l’accompagnement est aussi une pédagogie de la réussite. Et c’est cela qui en fait un formidable moteur de progression et une véritable démarche éducative.
C’est bien évidemment avant tout la gestion de l’échec dans les apprentissages qui détermine l’usage d’une pédagogie de la réussite. On la définit ainsi le plus souvent par l’absurde, en la distinguant de sa cousine, pédagogie de l’échec : il faut que l’apprenant se trompe pour progresser dirait cette dernière. Je pense en réalité qu’il n’existe pas de pédagogie de l’échec. Il existe plutôt deux manières de gérer l’échec en pédagogie. Ainsi, si un apprenant ne parvient pas à réaliser sa consigne, le formateur est face à un choix stratégique : il explique ce qui n’est pas compris pour obtenir une prise de conscience des erreurs réalisées ; il propose une autre tâche, à peine plus facile, mais choisie de manière à ce que la personne puisse la réussir, et ainsi aborder à nouveau celle qu’il vient d’échouer pour la réaliser. Mettre en œuvre une pédagogie de la réussite c’est, pour le formateur, évidemment le second cas : proposer des actions aux stagiaires qu’ils peuvent réussir.
C’est encore une affaire de point de vue qui va départager les pratiques et caractériser une pédagogie de la réussite. Face à une tâche réalisée ou tentée, le formateur va privilégier la formulation des réussites sur les dysfonctionnements. Ce choix est d’abord valorisant, et renforçant l’estime de soi de l’apprenant il favorise les apprentissages futurs. Mais ce choix est surtout consolidant, car il permet au stagiaire de disposer d’appuis pour sa progression qu’il a lui-même construits. Ainsi, une pédagogie de la réussite est forte de la conviction que si l’erreur est humaine, qu’elle peut être constructive (la correction participe à l’apprentissage) on peut aussi l’éviter. Le but de tout apprentissage devient de forger en chacun le sentiment de compétence. C’est une grande responsabilité.

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