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Lucien Maupard – chapitre deux

Publié le 10 mai 2010 par Masterpitch

Lucien Maupard – chapitre deuxLe métro ne changeait pas. C’était le seul mérite que lui trouvait Lucien. Tout ce qui changeait autour, en revanche, avait le don d’irriter cet homme d’un mètre quatre vingt, qui allait sur ses vingt huit ans, qui aimait les épinards, le chèvre chaud, et les mariages heureux.
Par exemple, les gens changeaient : maintenant les vieux messieurs comme Michael Douglas enfilaient les blousons de cuir de jeunes, et les jeunes allaient dans les friperies s’habiller comme des clodos. Ça ne posait aucun problème à notre héros. Le souci c’est que demain ça changerait encore.
Les affiches aussi changeaient. Ce jour là la mode était aux joueurs de football. Les joueurs de foot n’évoquaient dans l’esprit de cet intellectuel manqué qu’un vague souvenir de cour de récréation teinté du parfum de l’humiliation. En voyant l’affiche d’un obscur brésilien en polo ce matin là il pense à une après-midi du mois de septembre pendant laquelle on se dispute pour avoir Raoul, le meilleur joueur du collège, dans son équipe. Il se souvient qu’on ne se bat pas pour l’avoir. Il se souvient qu’en éducation physique il est pour tous ses camarades synonyme d’échec et de mauvaise note. Il se voit en gardien de but inutile, il entend le professeur lui raconter des conneries sur l’importance de participer. Et puis les années passent et Raoul devient gros et chômeur, et Lucien non, Lucien peut se marrer quelques années durant. Et puis les tapeurs de baballes gagnent une foutue coupe du monde il y a quelques années, et tous les gens sensés qui s’en foutaient encore comme de l’an quarante commencent à prendre leur pied avec le sport. Et on ressort à Lucien les conneries sur le fair-play et l’augmentation du degré d’amour entre les peuples provoquée par une sphère en cuir et des crétins. Lucien avale la pilule, mais il sent que les choses comme toujours vont changer, c’est à dire qu’elles vont empirer.
Et les choses empirèrent.

Et un clip de branquignoles, et un chapitre à ajouter à une saga palpitante il faut bien le dire.


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