Les journalistes sont impayables.
Alors que la Grèce est violemment secouée par des manifestations visant à empêcher l'adoption du plan d'austérité gouvernemental, voilà ce que Le Monde trouve de mieux comme titre : « En Grèce, la colère et la révolte face au dur apprentissage de l'austérité »…
Car il va s'en dire que cette “austérité” est un élément purement extérieur et contingent, non pas l'inévitable correction des dérives de toute une société… Ce dont les Grecs font le dur apprentissage, ce n'est pas de l'austérité, mais du retour à la réalité. On peut comprendre leur frustration et leur inquiétude pour l'avenir, mais, malheureusement, il n'y a pas trente-six mille solutions pour leur pays.
Remarquez, on comprend aussi nos journalistes : il ne faudrait pas laisser penser que la France puisse, à son tour, connaître le même genre d'affres. Alors ce n'est pas la réalité économique qui se rappelle impérieusement aux Grecs, mais simplement un plan d'austérité dont on pourra à loisir faire porter la responsabilité aux marchés, aux banques, aux agences de notations, à qui l'on voudra.
Pourtant, on commence à se tortiller au gouvernement. Certes, c'est pignouf : il n'y a rien de bien neuf par rapport aux habituelles promesses, comme ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux (mais la fonction publique territoriale explose !) et, bien sûr le must, jurer les grands dieux de réduire le déficit à moins de 3% du PIB dans plusieurs années (ici 2013). Et c'est cette vieille soupe que le gouvernement appelle pompeusement « gel des dépenses publiques »…
On peut craindre que, dans le contexte actuel, tout cela ne soit pas suffisant, même si le pire n'est pas certain. On peut lire aussi une probable volonté de communiquer de la confiance aux marchés…
Article repris avec l'aimable autorisation de l'auteur. Image : manifestations d'extrême gauche contre l'austérité en Grèce. Auteur : Joanna, licence CC.